Le secteur du BTP génère 63.000 emplois. Le Maroc produit 90% des matériaux dont il a besoin dans la branche de la construction. Entrée en application d'une nouvelle réglementation thermique du bâtiment dans environ 2 ans. La concurrence étrangère est là ! Le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) représente l'une des forces motrices de l'économie du pays, avec une contribution de 6% au PIB national et à la moitié des emplois créés en 2010, soit 9% de la population active âgée de plus de 15 ans. Un pilier de la croissance qui a connu une évolution soutenue lors des 10 dernières années grâce aux différents chantiers lancés par le Royaume. Certes, le secteur a subi un fléchissement au cours des deux dernières années mais, d'après les professionnels, l'activité a repris grâce à la mise en œuvre des mesures d'appui aux logements sociaux. C'est donc un secteur en pleine mutation, dont le dynamisme est lié à la flambée de l'immobilier ainsi que la politique des grands projets d'infrastructures, à savoir les ports, les zones industrielles, les autoroutes, les barrages, les complexes touristiques et bien d'autres projets. Un autre axe qui a favorisé l'ascension du BTP pour l'année en cours est la reprise de la construction de logements sociaux et économiques. Une reprise due au coup de pouce de l'Etat aux promoteurs immobiliers dans le cadre de la Loi de Finances 2011. Pour rappel, en 2010, le nombre d'unités produites s'élève à 226.425, dont 98.823 logements sociaux. Les mises en chantier, quant à elles, ont atteint 375.254 unités, dont 211.500 logements sociaux et économiques. Dans le même sens, l'encours des prêts immobiliers a progressé de 10% durant la même période. Matériaux : ventes en hausse Un autre indicateur qui témoigne du dynamisme du secteur est l'évolution des ventes des matériaux de construction, notamment celle du ciment. En effet, la consommation du ciment a doublé sur la période 2000/2010, passant ainsi de 7,5 MT (millions de tonnes) à 14,5 MT. Pour rappel, le Maroc produit 90% des matériaux dont il a besoin dans le domaine de la construction. Cette capacité de construction a été régulièrement mise à jour par des investissements importants dans les différents secteurs. Aujourd'hui, le Maroc compte 12 cimenteries ayant une capacité de production qui s'élève à 20,1 MT. Cette production affiche une surcapacité de quelque 5,5 MT qui sera absorbée par la croissance du marché au cours des prochaines années grâce à la reprise du marché du BTP. D'un autre côté, le secteur a connu une concurrence rude entre les entreprises marocaines et les entreprises en provenance des quatre coins du monde, notamment les entreprises espagnoles. D'après les professionnels, les entreprises étrangères exercent du dumping qui menace sérieusement la structuration du tissu national du BTP. A cet effet, David Toledano, président de la Fédération des industriels des matériaux de construction (FMC), souligne que «les accords de libre-échange que le Maroc a signés ont obligé cette activité à se réadapter et à être constamment compétitive pour pouvoir faire face à des suppressions de droits de douane et à de grandes capacité de production et des économies d'échelle qui sont dans un environnement très proche du Maroc». Un secteur générateur d'emplois En matière d'emploi, le BTP est sans conteste l'une des branches qui participent le plus à l'insertion professionnelle. D'ailleurs, selon les dernières données du HCP, sur les 120.000 emplois créés par le Maroc, 63.000 sont dédiés au BTP, soit une part de 52,5%. A noter à ce sujet que le nombre d'emplois dépasse actuellement 966.000 postes. Pour autant, l'une des failles concernant le BTP est liée à la législation en matière de lois relatives à la construction. Certes, un code de la construction promis par le ministère de l'Habitat pour 2010 est toujours en gestation, mais ce texte prend encore du temps avant son entrée en vigueur. Une réglementation sur la labellisation des logements est aussi en cours de réalisation. Il faut avouer que le Maroc tarde encore à adopter une législation spécifique au BTP qui est l'un des secteurs les plus dynamiques de l'économie nationale. Autre point noir : le problème de la sécurité sur les chantiers. Il faut avouer que la poussée vertigineuse, ces dernières années, de l'activité de l'immobilier et de l'urbanisme, a créé au passage des accidents mortels. Il s'agit d'éviter les dérapages tant au niveau du chantier qu'à celui de l'exploitation de l'édifice après son achèvement. «Tous ces accidents doivent pousser les professionnels à répertorier les accidents et incidents rencontrés et mettre ainsi en place un plan de gestion de risque évitant tous les risques identifiés au Maroc», relève un professionnel. A cet effet, la FNPI (Fédération nationale des promoteurs immobiliers) suggère de catégoriser les risques liés à la conception et ceux liés à l'exécution. Pour mieux assurer la sécurité sur les chantiers, la Fédération propose le lancement de cours d'alphabétisation et de formation pour la main-d'œuvre, en général, et sur la sécurité en particulier. Dossier réalisé par L. Boumahrou et W.Mellouk