A l'horizon 2020, 15 villes nouvelles devraient être construites et opérationnelles. Tamesna et Tamansourt n'ont pas été d'un grand succès et le CDS veut éviter au contribuable d'en «payer les pots cassés». Le Maroc risque de voir surgir des banlieues et des ghettos s'il limite sa vision des «Villes Nouvelles» à des villes dortoir. “Villes nouvelles, vies nouvelles”, tel était le thème des rencontres du Conseil de développement et de la solidarité (CDS) qui vient apporter des idées et solutions pour ce qui est du développement des villes nouvelles au Maroc. Le gouvernement marocain s'est engagé depuis 2004 à construire 15 nouvelles villes à travers le pays, et ceci à l'horizon 2020. Ce programme dénommé tout naturellement «Villes Nouvelles», devrait être assorti d'un important effort pour renforcer le réseau routier avec un énorme budget. Pour le sociologue Chakib Guessous, «cette population était privée de tout et c'est grâce à ce projet qu'elle aura tout». A l'heure actuelle, deux prototypes sont opérationnels. «Tamansourt» et «Tamesna». Pour le Conseil de développement de la solidarité, le moment est venu de dresser le bilan et de tirer la leçon de ces deux expériences. Dans la région de Marrakech, le coup d'envoi des chantiers a été donné en 2004 pour la construction de Tamansourt. Une ville de 300.000 habitants sur 1.200 ha pour un investissement de 24,5 Mds de DH. Suivie par Tamesna près de Rabat qui, quant à elle, comprend 52.000 logements pour 250.000 habitants et absorbe un budget de 15 Mds de DH. Cependant, pour Mohcine Jazouli, PDG d'une boîte de consulting et membre du CDS, «Tamesna et Tamansourt ont eu leur part d'échec». Le CDS a mis l'accent sur les grandes ressources déployées dans ces villes nouvelles pour «un résultat médiocre». «Il nous reste 11 nouvelles villes à construire, ne reproduisons pas les erreurs du passé», déclare Mohamed Benamour, président du Conseil. Le CDS veut donner une vision à la ville nouvelle et en déduire une vocation et ceci ne peut se faire en l'absence d'une bonne gouvernance. Selon Benamour, «ce Conseil est là pour proposer un plan urbanistique bien pensé, inspiré des expériences européennes réussies. Ceci évitera au contribuable marocain de payer les pots cassés des projets qui sont souvent malencontreux». Le maillon fort du gouvernement À l'horizon 2020, près de 15 villes nouvelles seront construites afin de faire face aux besoins, notamment à Tanger, Nador ou encore Casablanca. Le choix des villes nouvelles est un maillon fort du programme gouvernemental en terme d'aménagement du territoire. En effet, les villes marocaines ont supporté un accroissement de population de plus de 15 millions d'habitants en cinquante ans, notamment en raison d'un exode rural massif. Tous les ans, la population urbaine progresse de 4 % en moyenne. Ce qui se traduit par l'afflux de centaines de milliers de nouveaux citadins chaque année. Prolifération de l'habitat insalubre, cherté des prix du foncier, déficit en infrastructures, les grands centres urbains étouffent littéralement. Les villes nouvelles au Maroc ont vu le jour dans le dessein de compenser le manque sévère de logements dans un Maroc qui compte 25 millions d'habitants urbains. Seulement, ces nouvelles villes sont mal conçues et ne permettent en aucun cas au citoyen de s'y épanouir. La ville n'est pas seulement un toit, «nous avons aujourd'hui des villes qui n'ont de ce nom que l'aspect, elles n'attirent en aucun cas les habitants», note Mostapha Mellouk, président de l'Association du Grand Casablanca. Au risque de voir s'ancrer davantage un «Maroc utile» et un autre «inutile», Mellouk tire la sonnette d'alarme concernant la limitation de la vocation de ces villes à des villes «dortoirs». Il lance à ce titre un appel aux différents acteurs pour les «alarmer de la naissance des villes ghettos et des banlieues à la parisienne». La bonne gouvernance de ces villes s'avère donc nécessaire afin d'offrir au citoyen l'ensemble des éléments dont il est censé disposer. En gros, il faut construire ces villes pour l'épanouissement de l'élément humain. I. Nigrou * CDS : Une sorte de think thank Le Conseil de Développement et de Solidarité est, selon son président, «une sorte de think tank, c'est un agitateur d'idées qui permettra au Maroc d'émettre des idées sur le secteur éco-social». Le CDS a vu le jour il y a 18 mois de cela, mais l'idée de la création d'un Conseil qui orientera l'Etat dans ses stratégies a été conçue bien avant. En 2004, le livre «Voie royale» est venu présenter une vision claire du tourisme de manière à marquer un passage de l'improvisation à l'élaboration de stratégies à long terme. Le «succès et la clarté de la démarche touristique» ont permis au CDS d'acquérir une certaine crédibilité auprès des décideurs. Dans le même dessein, ce Conseil ambitionne de faire avancer les réformes et accélérer le rythme de leur exécution. Pour Mostapha Mellouk, «ce qui a été fait pour le tourisme peut l'être pour les autres secteurs».