* Les milieux d'affaires s'intéressent beaucoup au profil des prochains ministres, faisant fi de leur étiquette politique. * Outre les dossiers laissés en suspens par l'équipe Jettou, la restructuration de la Justice et de l'Enseignement s'impose. Malgré un taux d'absentéisme élevé, les opérateurs économiques ont suivi avec beaucoup d'intérêt les résultats du scrutin du 7 septembre. C'est plus la composition du futur gouvernement et le profil du Premier ministre et de son équipe qui intéressent les opérateurs au détriment de leur étiquette politique. Selon tous les opérateurs interrogés, la compétence, l'expérience et le sens de l'écoute sont les qualités sollicitées pour le prochain gouvernement. Au Patronat, on estime que «le prochain exécutif, même s'il est politisé, doit être plus dynamique et avoir des objectifs bien définis, surtout l'amélioration du climat des affaires et un soutien considérable pour l'entreprise». Ahmed Ouayach, Président de la Confédération marocaine de l'agriculture au Maroc (COMADER), «trouve que le bilan de l'actuel gouvernement est satisfaisant et que Jettou et son équipe ont fait un bon travail, mais il a regretté toutefois que certains grands dossiers comme l'agriculture soient restés en suspens». «Le prochain gouvernement doit être composé d'un nombre de formations restreint pour permettre plus d'efficacité et d'homogénéité avec des profils jeunes et motivés». Concernant Jettou, Ouayach a souligné que «l'homme est exemplaire à plus d'un titre. C'est une valeur de taille qu'il faut consolider. C'est un haut commis de l'Etat dont l'expérience et la compétence peuvent servir la nation autrement que comme la présidence du futur Conseil économique et social ». Il est clair que la période 2007-2012 est très importante pour le Maroc. Le pays est appelé à relever plusieurs défis et les lacunes et les défaillances existent toujours à plusieurs niveaux. La Justice et l'Enseignement sont souvent cités comme des secteurs qui ont besoin d'une restructuration de grande envergure. SM Mohammed VI, dans son dernier discours du Trône, a jugé de la nécessité de les mettre à niveau pour les rendre en adéquation avec le développement voulu du pays. Pour Youssef Alaoui, vice-Président de la CGEM, «l'Enseignement et la Justice doivent être des priorités pour le prochain gouvernement. A cet égard, il est question de les doter des moyens nécessaires et d'établir une stratégie afin de les développer dans le sens de la modernisation et de la performance». Parmi les axes prioritaires qui ont été défendus durant la campagne électorale, figurent notamment les questions à caractère social comme l'emploi. Le point commun entre les programmes des partis de la coalition actuelle au gouvernement est qu'ils tablent sur un niveau de création d'emplois qui dépasse les 300.000 postes par an. Il est question d'arriver à un taux de chômage de 7%, soit plus de 1,4 million de postes additionnels sur cinq ans. Pour certains observateurs, ce chiffre n'est pas difficile à atteindre mais il reste subordonné à plusieurs conditions. «La création d'emplois est intimement liée à la croissance de l'économie nationale. Il faut, à cet égard, un taux moyen qui dépasse les 6% en vue d'atténuer les fluctuations liées aux aléas climatiques», explique Youssef Abouali, professeur universitaire, avant de préciser que «la politique de l'emploi du prochain gouvernement doit être à la fois à caractère global et sectoriel. Il faut donner un coup de pouce aux secteurs qui, pour des raisons conjoncturelles, n'arrivent pas à créer assez d'emplois comme le textile ou la pêche. En revanche, il faut tirer profit de la dynamique de certains secteurs qui affichent une santé hors pair et qui peuvent absorber une partie de la population en chômage comme le tourisme ou le BTP». Abouali a souligné que la question du chômage interpelle le gouvernement dans son ensemble et ne concerne pas uniquement un département au détriment d'un autre. L'équipe formée va chercher un compromis entre les différentes formations sur le programme à adopter. L'Istqlal, qui va diriger vraisemblablement le prochain gouvernement, a proposé dans son programme d'établir de nouveaux contrats- programmes : offshoring, logement, composantes automobiles et électroniques, consulting et ingénierie. Ces contrats devraient nécessiter une enveloppe de 5 MMDH. Le développement régional est aussi évoqué. Il s'agit de la réalisation d'infrastructures et d'initiatives sectorielles économiques propres à chaque région. Des mesures d'encouragement en faveur de l'entreprise sont également évoquées. Il s'agit d'offir aux sociétés des études de marché de très haut niveau avec chiffrage des opportunités et stratégie de conquête de clients. Le budget alloué est de 100 MDH par an. Les budgets des guichets techniques gratuits et d'assistance à la recherche du foncier seront renforcés.