Le Maroc réussit la passe de deux et renforce son positionnement dans l'industrie automobile. Le ministre de l'Industrie jubile : il pose, petit à petit, les bases qui feront du plan d'accélération industrielle une vraie réussite. L'implantation du Groupe PSA Peugeot-Citroën au Maroc aura fait l'actualité du week-end dernier. A travers cet investissement du groupe français, c'est un pas de plus qui est posé pour ériger une industrie automobile marocaine forte et compétitive. Mais s'il y a bien quelqu'un qui se réjouit (intérieurement) de l'arrivée de PSA dans le Royaume, c'est sûrement Moulay Hafid Elalamy. Le ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique a, à ce titre, réussi l'un de ses nombreux paris. Et c'était loin d'être gagné d'a vance. Car la concrétisation de ce genre d'investissement est l'aboutissement d'un long processus de négociations, à l'issue incertaine. «La diplomatie économique a joué à fond pour faire aboutir ce projet», précise une source proche du dossier qui reconnaît toutefois que «le Maroc a aujourd'hui plus d'arguments pour convaincre qu'il y a quelques années, lors de l'implantation de l'usine Renault Tanger». «Outre le coût de la main-d'oeuvre abordable et la proximité géographique, le package de production compétitif qu'offre actuellement le Royaume et l'expérience réussie de Renault Tanger sont des atouts qui peuvent faire la différence par rapport à certains pays concurrents. Par ailleurs, il faut reconnaître que le plan d'accélération industrielle a, dans sa conception, donné beaucoup plus de visibilité à l'industrie automobile et servi de catalyseur au développement de cette activité», souligne un observateur de la place. «Tous ces éléments ont sûrement été des facteurs déterminants dans cet investissement de PSA», note-t-il. Mais pas seulement. Car, reconnaît-on au sein du Groupe PSA, en face il y avait des interlocuteurs de qualité, notamment l'équipe du ministère de tutelle dont le travail a grandement facilité la concrétisation de ce projet. Pour qui connaît Moulay Hafid Elalamy, cela n'a rien d'étonnant. Il est certes ministre, mais davantage habité par la fibre des affaires que les velléités politiques. Et pour mener à bien ce dossier, sa qualité d'ancien patron des patrons et, surtout, son sens aigu du business qui lui a permis de bâtir un groupe panafricain de référence, lui ont certainement été d'un grand apport. Aujourd'hui d'ailleurs, d'aucuns avancent qu'il se comporte davantage en manager qu'en ministre, dupliquant avec efficacité son pragmatisme hérité du privé. En tout cas, même s'il est trop tôt pour dresser un bilan de son action au sein du MICIEN, il faut reconnaître que sous son magistère, ce ministère a pris des galons, portant avec fierté le fameux plan d'accélération industrielle. Un plan jugé très ambitieux à ses débuts, mais que tous les opérateurs et autres acteurs de la vie économique saluent actuellement. Ce n'est certes pas une révolution, mais une évolution majeure, tant dans sa conception que dans sa déclinaison. Si son mandat devait s'arrêter là, Elalamy n'aurait donc point à rougir : il peut s'enorgueillir d'avoir fait venir PSA au Maroc et d'avoir remis en selle le concept d'écosystème. Un terme très en vogue en ce moment. Comme le fut, un temps, celui de «champion national».