La Galerie 38 expose une collection inédite d'un grand nom de la peinture marocaine. Une collection restée secrète pendant plus de 35 ans. La Galerie 38 abrite, du 10 février au 10 mars 2011, une exposition mirobolante de Radia Bent Lhoucine sous le thème «Faune brute et figures populaires». Plus de 400 à 450 personnes ont participé au vernissage. Une collection extraordinaire avec quarante œuvres magistrales inconnues du grand public jusqu'à aujourd'hui. C'est en effet le grand peintre Miloud Labied, fils de Rabia Bent Lhoucine, peintre marocaine des années 60 et 70, qui a jalousement gardé à l'abri des regards pendant plus de 35 ans ces œuvres d'art. A son décès, ses neveux ont hérité de toutes les œuvres de son atelier, les siennes et celles de sa mère. D'après Mohamed Chaoui El Faiz, le copropriétaire de la Galerie 38, «nous sommes fiers d'exposer une collection de l'une des plus grandes figures de la peinture marocaine. L'exposition comporte une partie d'œuvres appartenant à des collectionneurs privés et une autre partie que la Galerie 38 a récupérée». C'est l'histoire stupéfiante d'une femme, née en 1912 et qui a commencé à peindre par hasard, en 1961 à l'âge de cinquante ans. C'est en voyant son fils travailler qu'un besoin irrésistible s'est déclenché de prendre crayons et pinceaux. Une passion fortement encouragée par son fils à l'époque où rares étaient les femmes peintres au Maroc. Sa première exposition a eu lieu en 1962, dans l'atelier de Jacqueline Broskis à Rabat. En 1963, elle participe à l'exposition «Deux mille ans d'art au Maroc» à la Galerie Charpentier, à Paris où elle sera saluée par la critique et les amateurs d'art brut et d'art naïf. Trois ans après, elle expose à la Fondation Jean Dubuffet à Lausanne, puis à la Galerie Bab Rouah, à Rabat. L'histoire remonte à 1961 lorsque Jacqueline Brodskis découvre Radia Bent Lhoucine est qui en fera l'une des artistes de référence présentes dans les collections étrangères. Une femme à l'univers onirique qui unit art rupestre et conte populaire. Elle relate dans ses ouvres une poésie sauvage d'une nature à l'état brut, où personnages et animaux imaginaires évoluent en teintes ultracolorées. Les critiques d'art ainsi que les amateurs la restituent dans la mouvance populaire et spontanée de la peinture marocaine. Elle a ainsi ouvert la voie à d'autres femmes qui, elles aussi, ont transfiguré l'inconscient collectif marocain. Ce grand nom de la peinture marocaine a contribué poétiquement au patrimoine culturel du pays, quoique le grand public ne connaît pas l'œuvre de cette artiste, comme c'est la cas de Chaïbia ou de Fatema Hassan. Sachant que Radia Bent Lhoucine a exposé bien avant la défunte Chabïa. Pour le moment, la collection n'est pas destinée à la vente, comme nous l'a confirmé Mohamed Chaoui El Faiz.