L'Accord de pêche est déjà expiré. Par conséquent, plus de 400 bateaux espagnols constituant le plus gros contingent de la flotte européenne ont amarré hier dans les ports andalous. Selon les autorités marocaines chargées du dossier, cet amarrage devrai Par ailleurs, les Espagnols considèrent cet amarrage comme étant le plus long, le temps de faire face aux prochaines négociations de pêche avec le Maroc, qui s'annoncent à la fois longues et difficiles. Même son de cloche pour les Portugais, pour qui les négociations avec le Maroc sur un éventuel renouvellement de l'accord de pêche avec l'Union Européenne seront « difficiles et longues », comme l'a affirmé le secrétaire d'Etat portugais aux pêches, M. José Apolinario. Lors d'une rencontre, samedi à Olhao, avec les armateurs d'Algarve (Sud du pays), le responsable portugais a indiqué qu'en cas « d'impasse » dans les négociations avec le Maroc d'ici trois ou quatre mois, le Portugal tentera de trouver des solutions alternatives avec l'Angola, le Cap Vert ou la Mauritanie, soulignant que de telles solutions passent nécessairement par la création de sociétés mixtes et par la reconversion de la flotte de pêche portugaise, de manière à rendre possible la congélation du poisson pour des périodes plus longues. M. José Apolinario a indiqué, d'autre part, que les difficultés actuelles pour la conclusion d'un nouvel accord de pêche avec le Maroc ne sont pas inhérentes à l'appartenance du Portugal à l'Union Européenne, mais « aux temps que nous vivons » et au fait qu'il s'agit naturellement des eaux nationales marocaines et que ce pays veut disposer de sa propre flotte de pêche. Les professionnels portugais du secteur ont exprimé, à cette occasion, leur « scepticisme » quant à l'obtention d'un « bon accord » de pêche avec le Maroc, soulignant que les exigences des autorités marocaines quant à l'utilisation de filets multi-filaments (au lieu des filets mono-filament) entravent la gestion de la flotte. A maintes reprises, Rabat a réitéré son souhait d'ouvrir une « nouvelle page » et sa disposition à examiner toute proposition espagnole ou communautaire pour un partenariat à terre excluant l'extraction. Une option qui a été réaffirmée récemment à Rabat, lors d'une réunion des commissions des Affaires étrangères à la Chambre des Conseillers et au Sénat espagnol au cours de laquelle on a appelé à la mise en place d'un partenariat dans le secteur des pêches maritimes qui garantirait les intérêts des deux pays, insistant sur le fait que Rabat et Madrid peuvent parvenir à des formules de partenariat bénéfiques aux deux pays. Pour l'instant, le Maroc reste officiellement dans l'expectative et attend les propositions communautaires sur la question. La visite au Maroc, le 20 décembre prochain, du nouveau Commissaire européen à la Pêche, M. Franz Fischer, entrerait dans ce cadre. Reste à signaler que le hasard faisant bien les choses, l'expiration de l'accord de pêche avec l'Union Européenne coïncide avec l'expiration d'un accord similaire avec la Russie. Et si on est plus ou moins fixé sur le départ après-demain de la flotte communautaire des eaux marocaines, on ignore tout du sort que les Ministères de tutelle réservent à la flotte russe. Idem pour les 27 bateaux opérant sous régime de licences d'affrètement octroyées pour quatre années et qui sont arrivées à expiration. Enfin, il y a aussi les thoniers japonais qui traquent le thon rouge dans les eaux marocaines, alors que les Marocains sont privés de cette pêcherie. Cependant, malgré tous les bienfaits que pourrait avoir la non reconduction de l'Accord de pêche sur les richesses halieutiques, les responsables marocains ne doivent pas nier ses répercussions négatives à la fois sur les recettes de l'Etat et sur l'avenir de nos relations commerciales avec l'Europe, et plus particulièrement avec la péninsule ibérique, notamment dans le secteur des agrumes. Actuellement, à l'instar de ce qui s'est passé en 1996, les pêcheurs espagnols ont déjà commencé à mettre les bâtons dans les roues pour les exportations marocaines à destination de l'Europe, et plus particulièrement les produits dont tout retard de distribution pourrait se refléter négativement sur leur qualité, notamment les tomates. Devant une telle situation, un choix stratégique s'impose pour le Maroc, celui de la nécessité de diversifier ses partenaires. C'est probablement dans cette optique que s'inscrit la récente visite de M. Habib El Malki en Russie, suite à laquelle plusieurs accords bilatéraux portant sur divers aspects agricoles ont été signés. Dans le cadre de la même visite, M. El Malki a rappelé à ses hôtes qu'il n'est pas question de renouveler l'Accord de pêche avec l'Union Européenne.