Eqdom réfute les récentes rumeurs relatives aux dossiers fictifs. La société a été élue parmi les filiales du Groupe Société Générale dans le monde ayant le système de contrôle et de déclaration de fraude et de risque opérationnel le plus performant. En 2009, Eqdom avait constaté une hausse des impayés à cause de la migration vers le crédit classique. En 2010, la société de financement a lancé une nouvelle formule LOA plus attrayante. Le point avec Abderrahim Rhiati, Administrateur Directeur général d'Eqdom. - Finances News Hebdo : Nous avons appris récemment qu'Eqdom avait enregistré des cas de falsification de dossiers de crédits relatifs à l'achat de voitures neuves. Qu'en est-t-il exactement? - Abderrahim Rhiati : Eqdom entretient des relations de partenariat avec l'ensemble des grands importateurs, distributeurs et concessionnaires de véhicules au Maroc et je peux vous assurer que, jusqu'à présent, nous n'avons jamais enregistré de cas de fraude ou de falsification organisées dans ce créneau de financement des véhicules. L'entrée en relation avec ces partenaires obéit, chez nous, à une procédure stricte d'agrément qui se base sur une étude approfondie de la situation juridique et financière du partenaire et de la moralité de ses dirigeants. En revanche, les tentatives de fraude individuelles existent depuis toujours et concernent l'ensemble des domaines d'activité, avec la falsification de documents tels que les relevés bancaires, les justificatifs de revenus ou de résidence…. Ces tentatives restent limitées et sont souvent détectées lors de l'analyse des dossiers de crédit. A cet égard, Eqdom a mis en place tout un arsenal de procédures et de vérifications qui permet la détection de ces documents falsifiés et qui, jusqu'à présent, s'est révélé performant : une quarantaine de tentatives de falsification détectée en moyenne sur les 2 derniers exercices. Dans le domaine du risque opérationnel qui inclut le risque de fraude, sachez qu'Eqdom, en tant que filiale du Groupe Société Générale, dispose d'un dispositif de contrôle et de reporting des cas de fraude, avec une déclaration systématique à partir du 1er DH et le Groupe a lui-même, dans ce domaine, l'obligation de reporter aux instances réglementaires françaises. Ce dispositif est chapeauté par une direction dédiée au risque opérationnel et à la conformité. Sachez également qu'Eqdom vient de bénéficier, en 2010, du statut AMA (utilisation de la mesure avancée du risque opérationnel) au sein du Groupe SG. Il s'agit d'un statut octroyé par la Commission Bancaire Française, au vu du travail accompli, des procédures instaurées et des rapports transmis. Cette distinction ne concerne que quelques rares filiales du Groupe SG à travers le monde. - F. N. H. : Mais Eqdom a tout de même constaté une hausse des impayés en 2009. A votre avis, à quoi est-elle due ? - A. R. : Plusieurs facteurs intervenus en 2009 ont participé à l'augmentation du risque dans le créneau automobile et ont touché l'ensemble du secteur. Il y a le développement du crédit classique au détriment da la LOA. Comme vous le savez, la LOA a perdu de son attractivité depuis le changement de son régime fiscal ; de ce fait, le crédit classique est devenu plus attractif en terme de coût. Or, la LOA est moins risquée que le crédit classique puisque la facture et le véhicule sont au nom de la société de financement Il y a également la détérioration de l'environnement économique qui a engendré une dégradation de la qualité des dossiers de crédit et une augmentation du risque d'impayés, d'une manière générale, et du crédit auto en particulier. Enfin, la forte concurrence entre les operateurs dans un marché en baisse a quelque fois entraîné un assouplissement des conditions d'acceptation, avec le risque de prendre des dossiers moins bons. Pour vous donner une idée de l'évolution de nos impayés, le coût du risque est passé, en 2009, de 04% à 0,6%, ce qui demeure malgré tout un des niveaux les plus faibles du secteur. Pour ce qui est de 2010, nous avons entrepris de corriger fortement les insuffisances constatées en 2009, notamment en révisant nos conditions d'acceptation et en commercialisant une nouvelle formule LOA beaucoup plus attractive pour le client. - F. N. H. : Il y a un an que le crédit bureau a été mis en place et bien qu'il soit une obligation de la Banque centrale, on constate qu'il n'est pas consulté par l'ensemble des sociétés de financement. Pourquoi ? - A. R. : Le crédit bureau est un dispositif très lourd à mettre en place. Et de l'avis des experts et de BAM, le Maroc est l'un des pays où ce dispositif a été le plus rapidement appliqué grâce à l'adhésion de l'ensemble des opérateurs de la place. Une année est un délai relativement court pour que le CB soit opérationnel et utilisé à 100%, mais au Maroc, nous sommes déjà à un niveau très avancé dans la généralisation de son utilisation. Plusieurs raisons font que certains établissements de crédit ne consultent pas le CB : pour certains, il s'agit de problèmes techniques, pour d'autres de la fiabilisation des données, ou la lourdeur de la consultation manuelle, ou encore du coût de la consultation qui reste relativement élevé (environ 18 DH par consultation). - F. N. H. : Une question à l'ordre du jour : l'APSF a lancé une réflexion sur le crédit à la consommation spécialisé, à l'occasion du conseil tenu récemment en la présence du Wali de BAM, à cause de l'intérêt grandissant des banques pour le crédit à la consommation. Pourquoi lancer aujourd'hui une telle réflexion sachant que les banques ont toujours octroyé des crédits à la consommation ? En quoi les banques dérangent-elles aujourd'hui ? - A. R. : Effectivement, lors de ce conseil, nous avons évoqué l'évolution frappante du crédit à la consommation chez les banques, qui croît de manière plus importante que chez les sociétés de financement. Il y a quelques années, nous étions dans les proportions 1/3 chez les banques et 2/3 chez les sociétés de financement. Aujourd'hui, nous sommes à 50/50. L'intérêt pour les banques est évident parce que le client particulier commence à prendre de l'importance, la bancarisation se développant bien. Disons que les personnes se bancarisent davantage et qu'il est tout à fait normal que la banque essaie de leur vendre l'ensemble de ses produits. Aussi, la banque vend en moyenne le crédit à un prix moins élevé, parce qu'elle a la possibilité de facturer d'autres commissions : frais de tenue de compte, carte de paiement ou de crédit, diverses opérations sur le compte… Même si les banques sont facialement en concurrence avec les SF, il ne faut pas oublier que la majorité des SF, en tout cas les plus grandes, sont filiales de banques ou d'organismes financiers. La pratique qui est appelée à se développer de plus en plus est le transfert d'une partie des crédits à la consommation des banques vers leurs filiales, parce que ces dernières ont acquis une expertise dans la gestion de ce genre de crédits. Par ailleurs, les SF vont toujours garder la main sur le crédit affecté (financement de biens d'équipements domestiques et de voitures) qui est appelé à se développer davantage. Le corolaire du développement du crédit à la consommation est un TMIC plus élevé ; en France, il est de l'ordre de 20% contre 14,26% au Maroc, pour permettre aux SF de rémunérer la lourdeur de la gestion des dossiers de petits montants et de couvrir le risque inhérent. C'est avec ça que l'on peut toucher une large partie de la population sans exclure les couches qui n'intéressent pas les banques. - F. N. H. : Et par rapport à la loi sur la protection du consommateur qui risque d'impacter des pans du crédit, quels types d'adaptations allez-vous envisager pour contrecarrer les effets ? - A. R. : Cette loi risque d'impacter principalement les crédits affectés. Pourquoi ? Parce qu'il y a l'article 91 qui stipule qu'en cas de défaillance du bien, le juge a la possibilité de suspendre le remboursement du crédit. Il y a aussi le délai de rétractation. Cela existe bien entendu dans d'autres pays. Au Maroc, c'est quelque chose de nouveau, il faut accompagner cette reforme par une action de sensibilisation et de formation aussi bien du consommateur, du commerçant, que du banquier et du juge. Chacun des intervenants doit comprendre que ces mesures sont mises en place pour le protéger et qu'il ne faut pas qu'il en abuse. La profession n'est pas contre, mais elle a besoin de garde-fous pour éviter les abus. - F. N. H. : L'année 2010 tire à sa fin. Quel bilan pouvez-vous dresser aujourd'hui ? - A. R. : Globalement, on peut dire que c'est un bilan contrasté, puisque sur le plan commercial, on est pratiquement au même niveau que l'année dernière. Par contre, sur le plan financier, Eqdom a fait mieux parce qu'on a agi sur d'autres leviers : des économies sur les frais de gestion, sur les risques… Ce qui a permis de réaliser des chiffres intéressants. - F. N. H. : Sinon, pour les produits alternatifs, quelle évaluation pouvez-vous nous en faire ? - A. R. : Les produits alternatifs sont là. Mais on peut dire que pour le moment ils n'attirent pas beaucoup de clients. Ce qui intéresse le plus le client, c'est le coût et, du moment qu'ils ne présentent pas d'avantage compétitifs par rapport aux autres produits, ils restent un peu marginalisés. A noter également que les produits alternatifs ne s'appliquent qu'au crédit affecté qui n'est en fait qu'une faible proportion de la production. Si l'on veut promouvoir ces produits, je pense qu'il est primordial de lancer une campagne de communication claire et explicite pour faire valoir les caractéristiques de cette typologie de produits. Parce qu'il existe actuellement une tranche de la population qui ne travaille ni avec les banques, ni avec les sociétés de financement et qui doit trouver des formules adaptées à ses besoins. Propos recueillis par Soubha Es-siari