* Fin du partenariat financier, mais relations maintenues dans le courtage. * Agma fait 40% de son chiffre d'affaires avec Axa Assurance Maroc. * Sur le marché boursier, la valeur ONA se porte plutôt bien. Axa contrôle désormais 100% d'Axa Assurance Maroc à la suite de la cession par l'ONA des 49% qu'elle détenait dans AXA-ONA, holding de contrôle d'Axa Assurance Maroc. La transaction, qui vient davoir l'aval des autorités de tutelle, devrait être réalisée sur la base d'une valorisation d'Axa-ONA estimée à 5,904 Mds de DH pour 100% du capital. Ce qui amènerait Axa à débourser quelque 2,9 Mds de DH à travers un «financement local». La nouvelle a été officialisée à la mi-décembre dernier à travers un communiqué rendu public, mais ce n'est que la semaine dernière que le management des différentes sociétés concernées s'est prononcé sur le sujet. Au cours d'un déjeuner de presse restreint, il a été, en effet, dévoilé les «dessous» de cette opération, laquelle, au final, n'a pas surpris les observateurs du marché. Cette cession était pour ainsi dire attendue depuis longtemps, précisément au lendemain du rapprochement BCM-Wafa Assurance qui a donné naissance au Groupe Attijariwafa bank. Avec Wafa Assurance en poche, il était évident que l'ONA ne pouvait garder éternellement sa participation dans Axa Assurance Maroc. A l'époque déjà, les commentaires allaient bon train. Certains analystes, selon lesquels un vent frais circulait entre l'ONA et Axa France, laissaient ainsi entendre que «l'ONA pourrait simplement se débarrasser des 49% qu'il détient dans Axa Assurance Maroc au profit de la BMCI, directement et/ou indirectement». Aujourd'hui, la cession a certes eu lieu mais au profit de Axa qui consolide sa position dans le secteur marocain des assurances. Transaction win-win ? On veut bien le croire. «Avec cette opération, l'ONA a dégagé une plus-value importante», souligne une analyste de la place. Du côté des responsables de l'ONA en tout cas, la raison qui sous-tend cette opération est claire et purement stratégique : il n'est pas dans la vocation de la holding de n'être qu'un partenaire financier. Autrement dit, l'ONA préfère plutôt être chef de file, avec une participation majoritaire, que «simple» actionnaire, pour ne pas dire «accompagnateur». Pour autant, même si les 49% qu'elle détenait sont en rupture avec sa vision de développement stratégique, il n'en reste pas moins, comme le souligne le PDG, Saâd Bendidi, que «cette participation générait des remontées de dividendes assez intéressantes». Il faut préciser à ce titre que Axa Assurance Maroc occupe le second rang sur le marché marocain de l'assurance avec un chiffre d'affaires de 2,2 Mds de DH en 2005 et 15 Mds de DH d'actifs gérés. Désormais avec Axa comme actionnaire unique, la compagnie d'assurances a plus que jamais les mains libres pour mener à bien sa politique de croissance, sans avoir à gérer la présence d'un concurrent majeur dans son tour de table. D'ores et déjà, un plan de développement ambitieux, en partenariat avec la BMCI, a été initié : il s'agit, comme elle l'a déjà fait en Algérie, de conquérir le marché maghrébin de la bancassurance. Une manière de renforcer sa présence sur le marché et d'éponger le manque à gagner qui a résulté du transfert de la majorité des produits vers Wafa Assurance au lendemain du rapprochement avec la BCM. Cela a d'ailleurs permis de doper les performances de Wafa Assurance dont les primes nettes émises sont passées de 1,27 Md de DH à 1,46 milliard entre 2004 et 2005, soit une progression de 14,7%. Et selon les estimations des analystes de BMCE Bourse (Trimestriel boursier; mars 2006), ces primes nettes émises devraient s'établir à 1,78 Md de DH au terme de l'exercice 2006. Encore des affinités Même si la sortie de l'ONA du tour de table d'Axa Assurance Maroc signe la fin d'un partenariat financier, il n'en demeure pas moins vrai qu'il subsiste encore des atomes crochus entre les deux entités. Cela pour dire que les managements de l'ONA et de la compagnie d'assurance ont décidé de maintenir leur partenariat commercial dans le courtage. Il faut en effet relever que Agma Lahlou-Tazi, le courtier en assurance du Groupe ONA, réalise 40% de son chiffre d'affaires avec Axa Assurance Maroc, tandis que 12% du chiffre d'affaires sont réalisés avec Wafa Assurance. Quand bien même la volonté de maintenir ce partenariat commercial est bien signifiée, il reste à savoir si, dans l'avenir, cette dynamique sera maintenue. A ce niveau, rien ne paraît clairement défini. Mais pour une analyste de la place, «il est dans l'intérêt d'Agma Lalhou-Tazi d'avoir plusieurs interlocuteurs et de maintenir son partenariat commercial avec Axa Assurance qui est une compagnie de référence». Cependant, ajoute-t-elle, «il est difficile pour l'instant de se prononcer sur la déclinaison que prendra ce partenariat, puisque c'est une décision qui sera prise en interne». «Tout dépendra de l'orientation stratégique que va adopter Agma, lequel, il faut le rappeler, sort d'une phase de restructuration», conclut notre source. Dans un contexte caractérisé par une concurrence exacerbée et une redéfinition du cadre légal et réglementaire, le courtier a, en effet, initié de nouveaux chantiers, dont notamment la mise en place d'une nouvelle organisation afin d'optimiser la gestion des besoins de sa clientèle et moderniser davantage les process en interne. Nouvelle recomposition De toute évidence, avec cette nouvelle géographie du paysage des assurances au Maroc, la concurrence promet d'être rude entre les trois ténors que sont RMA Watanya, Axa Assurance Maroc et Wafa Assurance. Mais il faut croire que le secteur, malgré un cadre légal et réglementaire profondément remanié, est assez ouvert pour accueillir pareille concurrence, au vu notamment du faible taux de pénétration de l'assurance, du faible degré de couverture en assurance de la population marocaine, des perspectives de croissance de l'assurance-vie (quelque peu entamées par la rigueur fiscale), ainsi que du potentiel de développement des investissements productifs au Maroc, lesquels représentent un gisement supplémentaire pour les produits d'assurance qui les accompagnent. En attendant, du côté du marché boursier, pas de cris d'orfraie. Bien au contraire, cette opération semble avoir fait du bien au titre ONA : après les deux séances successives de baisse (-4,12 et -2,94% les 18 et 19 décembre 2006) qui ont suivi l'annonce de la cession et qui ont ramené l'action à 1.582 DH, le cours a finalement repris du poil de la bête pour se stabiliser à 1.750 DH à la clôture de la séance du 8 janvier courant.