Au lendemain de la crise financière, les dettes publiques ont explosé. Aujourd'hui, financer les dettes publiques... nécessite de nouvelles dettes. Les prises de décision ralenties par les considérations politiques. Alors que les effets de la crise financière continuent à être ressentis, voici qu'intervient un nouvel aspect, apparemment, auquel personne n'avait pensé auparavant. En effet, les pouvoirs publics se sont énormément endettés afin de pouvoir surmonter la crise. Cet endettement s'est surtout fait sur le court terme, puisqu'il offrait un taux d'intérêt assez bas, et plusieurs de ces dettes contractées arrivent à échéance en 2011 et devront forcément être remboursées. Et entre le principal et les intérêts, la facture risque d'être salée. Faudra-t-il alors financer une dette par une autre, au regard de la conjoncture économique difficile, notamment en Occident ? La question se pose avec acuité. L'Europe dans la tourmente… L'Europe est visiblement dans la tourmente. Avec, en toile de fond, des finances publiques en berne. Tandis que les Français manifestent pour leur retraite, les britanniques, eux, font grève contre la hausse des frais d'inscriptions dans les universités, quand les Irlandais et les Portugais manifestent contre l'austérité. Il va sans dire aussi que malgré le fait que les trésoriers prévoient de nouvelles dettes légèrement inférieures en 2011, les besoins pour le financement de la dette publique, par contre, restent sur une tendance haussière. Dans la zone Euro, le bilan est catastrophique. L'Europe est dans une impasse révélée par une forte hausse des taux d'emprunts d'Etat, aux côtés du problème de financement des banques qui, pour la seule Irlande, est estimé à 85 milliards d'euros. En effet, l'Europe, ayant sous-estimé la gravité des endettements nationaux, n'a pas les moyens de soutenir les déficits budgétaires de certains de ses Etats membres. Il est déjà évident que la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Irlande ne seront pas en mesure de contribuer au fonds de 750 milliards d'euros mis en place suite à la crise intervenue en Grèce. D'ailleurs, pour d'aucuns, si l'Europe ne crée pas son propre Fonds monétaire, ayant l'autorité nécessaire pour contrôler les finances publiques de ses membres, le monde est voué à la catastrophe. La décision sera politique en fin de compte, mais les mesures devront être mises en place sur la base d'une analyse profonde. Pour toute l'Europe, l'estimation pour renflouer les grandes banques européennes est de 750 milliards d'euros. Mais cette somme n'existe réellement que sur le papier. Le maximum mobilisable est de 310 milliards, sinon de nouvelles décisions politiques seront nécessaires. Les 85 milliards de l'Irlande seront prélevés sur cette tranche. Par ailleurs, le risque de contagion s'installe bel et bien : le Moyen-Orient, les Etats-Unis et l'Asie vont sûrement essayer de limiter leur détention d'obligations publiques européennes des pays considérés comme menacés. Mis à part les «quatre» en difficulté, la liste «noire» comprend aussi l'Italie, la France, ainsi que plusieurs pays de moindre taille, notamment la Belgique. Seule l'Allemagne, les Pays-Bas et la Scandinavie échappent à cette vague de méfiance, mais il ne faudra pas compter sur Berlin pour sauver l'Euro sans des mesures de restructuration drastiques. … Les Etats-Unis aussi Mesurée en pourcentage du PIB, la dette du Japon est la plus grande au monde (environ 225%), et dépasse de loin celle de l'Espagne, de la Grèce, du Portugal et même des Etats-Unis. En effet, selon le FMI, le Japon devra s'endetter à hauteur de 50% de son PIB afin de rester solvable, alors que les besoins de refinancement de l'année prochaine sont estimés à près de 60% du PIB. Du côté des Etats-Unis, il faudrait tout d'abord prendre en considération le système politique boiteux qui traîne depuis des années. En effet, chaque décision, de n'importe quel ordre qu'elle soit, doit faire l'objet d'un bras de fer entre Républicains et Démocrates. D'ailleurs, ce conflit ne laisse aucune marge de manœuvre à la Maison Blanche. Et quand on se réfère à la répartition du Budget fédéral, on constate que 80% sont affectés à l'éducation, la santé et aux dépenses militaires. Donc, tout changement aura un impact direct sur ces postes. Pour autant, les Démocrates ne veulent pas toucher à la santé et à l'éducation et les Républicains ne veulent pas toucher aux dépenses militaires. L'impasse. Le déficit budgétaire américain reste insoutenable, et toute hausse des taux d'intérêt, aussi minime soit-elle, accentuera l'effet boule-de-neige qui risque de provoquer une croissance exponentielle de l'endettement. La Californie, à elle seule, prévoit un déficit budgétaire de 25 milliards de dollars sur les 15 prochains mois et le problème sera aggravé par les villes. New-York, par exemple, a un déficit qui avoisine les 4,9 milliards de dollars. Ce que le «mainstream» ignore encore, c'est que la dette ne pourra jamais être remboursée. Avec une Réserve fédérale dépassée par les évènements, il ne faudrait donc pas compter sur la discipline américaine. La hausse des taux ne pourra être contrôlée par la Banque centrale : elle trouvera son origine surtout dans la prime de risque exigée par les investisseurs pour souscrire à des obligations de l'Etat américain. D'ailleurs, elle a déjà augmenté. Tous les lobbyistes tentent d'empêcher que des coupes sombres soient effectuées dans leur domaine. Ce qui a pour conséquence un blocage du processus de décision politique à un moment où l'action devrait être décisive et rapide, au risque de mettre le monde entier en péril. L'on se demande alors comment fera le monde pour se sortir de cette crise, et quels sont les moyens qui pourraient éventuellement permettre aux pays industrialisés de revenir à une politique basée sur la stabilité économique et financière. Les seules issues de secours pourraient être l'inflation, l'abandon des créances…