Sous l'égide de la Direction Régionale Doukkala-Abda du Ministère de la Culture, Abdellah Dibaji expose ses œuvres à la Galerie Chaïbia du 2 au 12 Janvier 2014. Cette exposition qui est itinérante porte le thème « Trait et Retrait ». A cette occasion nous avons rencontré pour vous cet artiste à part entière qui a bien voulu nous éclairer sur cette initiative. Q : Pourquoi le thème Trait et Retrait ? R : le sens que j'ai voulu donner au thème de mon exposition est à deux temps ou plutôt à deux niveaux différents, mais qui versent finalement vers une connotation identique. Trait et retrait symbolise d'une part le quotidien de tout artiste, qui, lorsqu'il est en pleine action, convertit tout d'abord son imaginaire créatif en traits vierges, pour se placer par la suite en retrait afin de mieux redécouvrir le fruit du geste, et ce manège est un rituel de grande importance dans l'univers de l'art plastique. Toutefois, il y a aussi le côté philosophique du sens que j'ai voulu accorder à ce thème et cela se traduit par le fait que le recul ou le retrait après le trait, résume toute la vie d'un artiste. Combien sont ces grands du monde artistique qui se sont penchés un jour pour donner libre cours au trait et qui se sont finalement livrés au retrait, pour ne laisser derrière eux que l'empreinte de leur passage sous la forme d'œuvres immortelles ?…Je vous laisse le soin de méditer la chose. Q : Que pouvons nous retenir de cette exposition ? R : Cette exposition qui est itinérante, est le fruit d'un travail en solitaire qui a nécessité plusieurs années pour mûrir. Je dois vous dire que j'ai beaucoup insisté pour que sa première sortie, puisse inaugurer la nouvelle année culturelle et artistique d'El Jadida, avant qu'elle fasse le voyage tout au long de l'année 2014 vers d'autres cieux dont Casablanca, Rabat, Tanger et Marrakech. Si j'ai opté pour El Jadida comme point de départ, c'est en signe d'hommage à cette ville qui est ma principale source d'inspiration et qui dispose d'une lumière spirituelle que seuls les initiés sont en mesure d'en apprécier la clarté de ses nuances. Q : Où peut-on placer Dibaji sur la scène de l'art plastique d'ici et d'ailleurs ? R : Je suis un artiste en mouvement. Je ne reste jamais cloitré dans le même thème, et c'est cette diversité de mon expression plastique qui m'a donné un cachet spécial et a forgé en moi un style qui est le fruit de plusieurs années de recherche et d'innovation. Toujours est-il que malgré cette diversité, la touche Dibaji est reconnaissable dès la première vue. Q : Quel est donc le secret de cette singularité chez Dibaji ? R : J'ai passé beaucoup de temps à travailler la figuration dans ses normes classiques. C'est difficile mais c'est un choix que je me suis imposé, puisque je considère qu'on ne peut être moderne et contemporain sans le passage obligé de l'académisme. Il faut comprendre que dans les milieux de l'art, il faut savoir comment construire, pour pouvoir détruire et reconstruire.