C'est la rentrée des classes. Une rentrée qui n'allait se distinguer en rien de ses précédentes, sinon qu'elle se situe entre deux périodes lourdes de conséquences pour les petites et moyennes bourses : un mois de jeûne où s'ouvre grand l'appétit et s'accroissent les dépenses d'un côté, une fête de sacrifice qui contraint bon nombre de ménages à contracter un énième crédit de l'autre. Hormis donc ce sacrifice de plus, qu'elle représente pour une majorité de nos concitoyens, même les moins confiants, la rentrée scolaire allait susciter, comme à l'accoutumée, dans les milieux de débat, cette même rengaine oiseuse sur la médiocrité de l'enseignement public et sur l'inefficacité des différentes réformes entamées. Cependant, par bonheur, et dans l'intérêt suprême de la Nation, la Voix la mieux écoutée, car la plus neutre, s'est fait entendre non seulement en établissant un état des lieux aussi judicieux que fiable, mais également en traçant la voie la plus sûre aux instances chargées de l'exécution des options communes en matière d'enseignement, d'éducation et de formation. En effet, ces trois piliers de la socialisation du jeune marocain étant l'affaire de tout le monde, le système qui les porte ne doit donc être évalué ou jugé qu'à travers un regard neutre et impartial, exempt de toute subjectivité ou de toute idéologie, autrement dit à la lumière d'une grille de critères qui soit établie en fonction des finalités et des objectifs poursuivis, ce qui en fera donc un garant d'objectivité. En insistant sur un enseignement de qualité, dont il a défini clairement le sens à travers une question de la plus haute éloquence («Comment se fait-il qu'une frange de notre jeunesse n'arrive pas à réaliser ses aspirations légitimes aux niveaux professionnel, matériel et social?»), le Souverain a donc retracé les contours du type d'enseignement à offrir à nos jeunes et partant les buts qui lui sont assignés. Or, ce sont les buts en question qui avaient sous-tendu l'élaboration de la Charte Nationale d'éducation et de formation. La mise en oeuvre des options de celle-ci ne pourrait donc avoir eu que des lacunes. L'action de chacun des gouvernements qui se sont succédés depuis, a certainement apporté des satisfactions quelque part. La sagesse recommanderait par conséquent de poursuivre la réforme en exploitant les lieux de réussite, qu'on devrait avoir l'honnêteté de reconnaître, d'amender les insuffisances décelées par les gens de la profession, lesquels sont les plus directement concernés, et d'adapter les choix jugés dépassés aux nouvelles donnes, qu'elles soient d'ordre social ou économique, de dimension nationale ou internationale. Faire table rase de l'oeuvre de ses prédécesseurs et reprendre tout à zéro serait donc une politique des adeptes de l'exclusion, fussent-ils de telle ou de telle tendance, et entraverait gravement le progrès d'une Nation dont la richesse réside en premier lieu dans ses ressources humaines, un progrès dont l'enseignement, l'éducation et la formation constituent la clé de voûte.