En tant que marocain ayant « baigné » dans une culture liée à notre religion l'Islam, de laquelle nous dépendons depuis notre plus jeune âge, nous sommes suffisamment équipés culturellement pour apprécier et comprendre le sens du mois sacré. Vers la fin du mois de Ramadan, à l'instar de tous les pays musulmans, le Maroc célèbre le 26ème jour ''Laylat al Kadr'' (la Nuit du Destin) dans une ambiance de piété et de spiritualité. Durant cette « nuit sacrée » toutes les mosquées du Royaume restent ouvertes. Les croyants y affluent pour l'accomplissement de la prière d'Al 3ichae, puis enchaînent avec Attarawih. Et tout au long de la nuit jusqu'à la prière d'Al Fajr, soit au petit matin, ce sont des prières et des lectures du Saint Coran. Si nous soulevons ce point, c'est qu'après une nuit blanche passée dans les différentes mosquées, les marocains ont encore pour rituel de se rendre le lendemain, soit le 27 Ramadan, dans les cimetières pour prier aux âmes de leurs regrettés défunts. En tant que nation Musulmane, il est incompréhensible que le 27ème jour du Ramadan a été et surtout continue d'être, à ce jour, une journée non fériée au Maroc. Dans quel état physique, un musulman ayant passé toute une nuit du Destin à faire sa prière dans le recueillement, se présenterait-il à son travail le lendemain ? Devrait-il donner la priorité à sa foi, quitte à s'absenter de son travail et en subir plus tard les conséquences fâcheuses, ou devrait-il opter pour son travail au risque de mettre un terme à des habitudes ancestrales, une ambiance spirituelle unique et surtout à des convictions bien ancrées au fin fond de chacun d'entre nous : (ليلة القدر خير من الف شهر : la nuit du destin vaut mieux que mille mois). Or, égarer de telles qualités, ce sera perdre une partie de notre culture, de notre identité, de notre foi, de ce qui nous différencie des autres, de ce qui est censé faire notre force. En nous exprimant de la sorte, il ne faudrait pas nous prendre pour de fervents supporters des journées chômées et payées, loin de nous cette idée. Mais, plutôt, pour souligner que nous n'avons que l'embarras du choix pour récupérer cette journée aux dépens d'autres qui sont fériées dans notre pays et dont rares sont ceux qui arrivent parfois à saisir l'entière utilité. Nous ne comprenons toujours pas, à titre d'exemple, que l'on permette aux noceurs, qui réveillonnent pendant toute la nuit de la Saint Sylvestre, de récupérer le lendemain soit le premier jour du nouvel an. En jetant un furtif coup d'œil à notre calendrier de vacances, on notera que ce dernier correspond beaucoup plus à un legs laissé par nos anciens colonisateurs. A titre d'exemple, les vacances scolaires. En effet « les vacances de Noël », sont avant tout chrétiennes ; quant aux vacances de « R'biî » elles sont assimilées à Pâques. Sommes-nous incapables d'adapter nos vacances et journées fériées, en dehors de nos fêtes nationales, à nos propres besoins et dans un total respect de nos us et coutumes ? En évoquant ce sujet, nous voulons attirer l'attention sur un phénomène qui se répète et qui est en train de prendre de l'ampleur d'année en année : les nuits du Destin se distinguant par des mosquées vides au-delà de minuit. En obligeant les musulmans à travailler chaque 27 du ramadan, nous tuons maladroitement notre ferveur religieuse, des habitudes bien enracinées qui nous distinguaient des autres et faisaient notre force en tant qu'Oumma Musulmane. Qu'une majorité de musulmans, ignore aujourd'hui en quelle année de l'Hégire elle se trouve ou d'être en mesure de citer les 12 mois lunaires du calendrier musulman dans l'ordre, voire de les citer tout court, est assez révélateur du désastre religieux et culturel en train de s'opérer au sein de nos rangs. Aussi, pour y remédier, nous suggérons qu'une réflexion soit menée par nos responsables. et Ramadan karim à toute notre Oumma. musulmane