Inauguré depuis des lustres, le Moussem de Moulay Abdellah Amghar, donnera le coup d'envoi des festivités cette année, le 06 juillet 2012. Ce rendez-vous incontournable où le sacré et le profane se confondent le temps d'une réjouissance collective, compte parmi les plus importantes manifestations du genre à l'échelon national.
Les activités de distraction s'y articulent autour de la fantasia, de la chasse aux faucons et des arts populaires qui font la réputation de la région et de ses hommes. Ce moussem est un rendez-vous annuel des tribus du Royaume. Un événement socioculturel et une image illustrative et descriptive de la richesse et de la diversité de notre patrimoine culturel pour la promotion touristique de la Région Doukkala-Abda. L'édition de cette année se fixe comme objectif de faire du Moussem le fer de lance de la promotion touristique et culturelle de la province d'El Jadida, tout en veillant à lui préserver son caractère traditionnel et authentique qui s'appuie sur la prédominance des activités religieuses et spirituelles. C'est ainsi que le programme de cette édition réserve une place notoire aux causeries religieuses, conférences, l'organisation de concours d'apprentissage et de psalmodie du Coran. Par ailleurs, sont également prévues l'édition et la distribution du Livre Saint ainsi qu'un recueil de conseils aux pèlerins. Les activités de distraction, de loisirs et de sport occupent une place non moins importante dans le planning, s'articulant autour des symboles centenaires de la région, à savoir, la fantasia, la chasse aux faucons et les arts populaires. Le pèlerinage des tribus des Doukkala dans un même espace pendant le déroulement du Moussem constitue, par ailleurs, un événement d'intérêt socioculturel indéniable pour le visiteur qui pourrait, en peu de temps, s'imprégner du mode de vie des Doukkalis à travers leurs us et coutumes, leurs chants, leurs danses populaires et leurs modes vestimentaires. L'attachement des tribus de Doukkala à leurs traditions et leur volonté de célébrer annuellement ce Moussem sont les garants de la pérennité de ce dernier qui prend, d'année en année, une ampleur considérable.
Les festivités y sont très variées et se diversifient entre des activités religieuses qui ont lieu tant à l'intérieur du Mausolée, où se trouve la sépulture du Saint, que dans sa mosquée. A noter également les activités patrimoniales et folkloriques qui se déroulent dans les différents espaces du Moussem. C'est une manifestation qui se caractérise par son aspect non stop : la journée est consacrée à la fantasia et à la chasse aux faucons et la nuit connaît l'organisation de soirées artistiques populaires. La Halka, cet autre art ancestral, n'est pas en reste. Il a lieu chaque soir au sein de l'espace « Mahrak », après le spectacle de la fantasia.
Plus de 1600 chevaux, 22 500 tentes et 350.000 visiteurs locaux et vacanciers environ font le pèlerinage à cet événement qui égrène l'imposant calendrier national des moussems. Combien compte-t-il de manifestations ? Manifestement beaucoup, même si aucune liste exhaustive n'en a jamais été publiée par voie de presse. Fêtes religieuses ou pastorales, les moussems font partie intégrante des calendriers qu'ils soient grégoriens, hébraïques, agricoles ou de l'Hégire. Le Maroc n'est-il pas pluriel, comme le sont ses us et coutumes, ses paysages et la manière dont le temps s'y écoule ? Chaque région a donc ses fêtes et chaque temps, ses réjouissances. Une diversité qui confirme la richesse culturelle de l'Empire du Couchant, sa tolérance et son ouverture sur toutes les formes de croyances, de culture et de traditions. A telle enseigne que d'aucuns l'ont qualifié de « carrefour de civilisations ». Une image d'Epinal ? Certainement pas. Tout au plus, un simple constat. Lequel est conforté par la diversité des moussems dont celui de Moulay Abdellah Amghar n'est que l'un des archétypes. A preuve, peu de points communs existent entre les moussems des dattes, le « Daour » des Regraga, le moussem d'Imilchil et celui de Moulay Abdellah. Amghar. Autant le premier a une forte consonance agricole, autant le second est religieux. Le troisième ressemble pour sa part à une fête païenne et le dernier à un hymne au courage. Célèbre pour ses belles cavalcades, il réunit chaque année prés d'un millier et demi de chevaux et de cavaliers. De fait, s'il est un point commun entre la plupart des moussems du Maroc, c'est la fantasia. Des regards fiers, un port altier, de la poussière et de la fumée sous le soleil, des fusils damasquinés, des poires à poudre, des poignards, des burnous, des baudriers et des bottes de cuir, la fantasia est un spectacle d'une beauté indicible. Est-ce une constitution des charges héroïques que nos ancêtres ont menées contre tous les envahisseurs ? Spectaculaires et belles, les cavalcades auxquelles elles donnent lieu sont à l'image de l'amour particulier que certaines tribus éprouvent pour la plus noble des conquêtes de l'Homme. Objet fétiche et compagnon de voyageurs et de guerriers dans leurs pérégrinations comme dans leurs moments de loisirs, le cheval a noué une relation extraordinaire avec l'Histoire du Royaume. Il a également bénéficié de toute la sollicitude de ses artisans. Les équipements liés à la pratique équestres, sont en effet d'une beauté et d'une finesse légendaires. C'est un plaisir ineffable que d'admirer leurs reflets sous le soleil d'été. A condition de s'abriter sous une tente caïdale, d'avoir un verre de thé à la main et de ne pas être allergique aux senteurs âcres de la poudre et aux ambiances surchauffées par le son de sabots lancés au galop, les notes plaintives des violons alto et des roulements secs des taârejs pour donner des airs de fêtes et des ambiances de souk à des festivités à nulles autres pareilles. Une nouvelle édition, une nouvelle consécration de nos traditions.