La ville d'El Jadida a vu, récemment, l'organisation simultanée de deux festivals, en l'occurrence, celui du rire et celui des Journées Cinématographiques « Internationales » des doukkala, du 24 au 27 mai. Deux festivals qui ont duré quatre jours et, sitôt terminés, la ville s'est retrouvée rattrapée par sa triste réalité : sans animation ni divertissement.
Pour le Festival du Rire, des comédiens (dont des femmes), auxquels un hommage devait être rendu, ont dû rentrer chez eux à deux heures du matin, par leurs propres moyens, parce qu'aucun des organisateurs n'a jugé bon de les inviter à diner ni de leur réserver des chambres d'hôtels!!! Pire, les projections de certains films, pour lesquels les billets étaient pourtant vendus, ont été annulées sans que les organisateurs aient daigné en aviser un public qui continuait à faire la queue !!! Ce qui dénote la précipitation et la mauvaise gestion dans lesquelles s'est planifiée cette édition. Des gaffes et des bavures à peine admissibles pour une première édition et encore …. Un Festival du Rire oui, mais à condition que les organisateurs soient animés d'une même passion celle de faire de cette « fête du rire » une manifestation au cours de laquelle artistes et public partagent de la bonne humeur, du plaisir et des émotions dans un esprit de fête et de convivialité. Quant aux Journées Cinématographiques « Internationales », les organisateurs n'ont pas du tout pensé à diffuser le moindre long métrage dans un endroit public et animer, ne serait ce qu'un tant soit peu, cette ville dont les citoyens ont l'impression de financer des festivals fantômes !!! Toutes les conférences et les débats se déroulent dans des hôtels 4 ou 5 étoiles, où l'accès est tellement sélectif et si fermé que l'on a du mal à se croire dans un espace culturel. Or, l'organisation de ces rencontres est censée être une occasion pour assister, avec une ouverture d'esprit, à des discussions…donc des échanges…. A qui donc s'adressent ces débats et ces conférences ? Pour quelle finalité si les mêmes « têtes d'affiche » continuent à se rencontrer, un peu partout, pour se raconter encore et encore la même rengaine ? Comment peut-on penser organiser deux festivals en même temps et à projeter tant de films… dans une ville où les salles de projection sont inexistantes ?!!! Pourquoi cataloguer ce festival « d'International », quand la totalité des invités et des films projetés, sont…marocains ? Une hirondelle n'a jamais fait le printemps et la projection d'un film algérien, ne peut rendre le festival International pour autant…. Cela peut avoir une autre appellation…Danser avec les loups, pardon, les mots !!! Pourquoi se précipite-on à annoncer la présence du Ministre de la Culture, celui de la Communication et le Directeur du Centre Cinématographique Marocain (CCM) lors de la journée inaugurale, alors qu'aucune de ces personnalités n'a confirmé sa venue ? Il est du devoir des communes de créer les infrastructures nécessaires à l'épanouissement des citoyens, comme les salles de théâtre, les lieux de loisirs, les conservatoires de musique, les bibliothèques, les terrains de sport etc. D'ailleurs, La Charte Communale prévoit dans son Article 35 : « Le conseil règle par ses délibérations les affaires de la commune. A cet effet, il décide des mesures à prendre pour assurer le développement économiques, social et culturel de la commune. » C'est ainsi qu'on investit dans l'humain. Ces infrastructures ne doivent pas être considérées comme un luxe et détournées de leur but principal à savoir, un moyen d'éducation et d'épanouissement tant pour l'enfant que pour l'adulte. Le ludique est un excellent moyen pédagogique pour la maturité du citoyen. Rappelons comme l'a si bien affirmé Baruch Spinoza « on ne nait pas citoyen, on le devient. »