Vainqueur des législatives du 25 novembre après avoir remporté le plus grand nombre de sièges, le PJD, qui rongeait jusque-là son frein dans l'opposition, s'apprête à diriger pour la première fois un gouvernement, le premier exécutif sous l'ère de la nouvelle Constitution. Ce qui, en soit, constitue une “immense responsabilité”, que le parti de la lampe compte assumer pleinement. Et ce, dans le cadre d'une coalition gouvernementale. Eurêka! Ils l'ont trouvé, le pouvoir qu'ils cherchaient depuis quelques années. En effet, les résultats définitifs donnent 107 sièges au PJD, dont 24 sur les listes nationales. Le PJD arrive ainsi loin devant le second, le parti de l'istiqlal qui n'obtient que 60 sièges. Ces résultats permettent au PJD de devenir non seulement la première force politique hors coalition au sein de la première Chambre, mais ils lui ouvrent également les portes du pouvoir exécutif, puisque c'est en son sein que le Roi désignera le futur chef du gouvernement. “C'est toujours difficile d'assumer une responsabilité gouvernementale, mais on va essayer. Le prophète a dit: celui qui assume une responsabilité sera fatalement aidé”, déclarait récemment le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane. Les tractations ont commencé En attendant, les tractations en vue de la formation d'un gouvernement de coalition ont déjà commencé. Et le PJD ayant déjà fait savoir avant même les élections qu'il était disposé en cas de victoire à travailler avec les partis membres de la Koutla, l'Istiqlal du Premier ministre sortant Abbas El Fassi, s'est déjà dit prêt à ouvrir les concertations en vue d'une éventuelle participation au prochain gouvernement.
Le PJD rassure les Occidentaux Il reste que le parti d'Abdelilah Benkirane, du fait de sa “référence islamique”, fascine autant qu'il inquiète. En première ligne de ceux qui éprouvent de la répulsion vis-à-vis du PJD, les pays occidentaux parmi les principaux partenaires commerciaux du Royaume. Interrogé à ce propos, M. Benkirane a tenu à rassurer: “Pas de craintes, avec le PJD il n'y aura jamais de surprises. Nous allons développer les relations avec l'Occident. Nous n'avons pas besoin de le rassurer, il l'est déjà''. “Nous sommes conscients que le Maroc est un allié traditionnel de l'UE et des Etats-Unis et nous n'avons pas l'intention de proposer autre chose. Ce que nous réclamons, aujourd'hui, c'est d'aller ensemble et de manière démocratique dans des rapports plus équilibrés.'' ABDELILAH BENKIRANE. Pour rappel, le taux de participation à ce scrutin législatif est estimé à 45,4%, contre 37% en 2007. Les 31 partis qui étaient en lice ont présenté 1546 listes comprenant 5392 candidates et candidats dans les différentes circonscriptions locales, outre les 19 listes de la circonscription nationale. 51% 51% des candidats sur les listes locales sont âgés de moins de 45 ans, 20% sont âgés de moins de 35 ans, tandis que 76% des candidats (tous sexes confondus) au niveau de la circonscription nationale sont âgés de moins de 45 ans, a indiqué samedi le ministère de l'Intérieur. Les observateurs satisfaits “Les législatives se sont déroulées dans des conditions satisfaisantes”, ont annoncé samedi des observateurs européens. “Nous pouvons dire que dans les quelques bureaux de vote que nous avons visités, les présidents maîtrisaient parfaitement le processus”, ont-ils ajouté. La France, l'Union européenne ou encore les Etats-Unis, ont également salué ces élections. Paris s'est ainsi réjoui “du bon déroulement des premières élections législatives au Maroc depuis la révision de la Constitution” en juillet et a renouvelé son soutien à un “pays ami”. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a même appelé son homologue marocain, Taïeb Fassi Fihri, “pour le féliciter du bon déroulement de l'élection” et “pour l'assurer du soutien de la France dans le processus de mise en œuvre des réformes ambitieuses lancées par le Roi du Maroc”.