La transformation numérique dans 38 économies, dont le Maroc, a été passé au crible par le rapport de la BERD sur la transition 2021-2022 ‒ Mise à niveau du système : générer le dividende numérique et qui révèle l'écart croissant entre les économies qui ont intensifié leur utilisation des services en ligne et numériques et celles qui ont pris du retard. Une fracture numérique croissante apparaît comme une menace majeure pour une reprise solide après la pandémie de Covid-19 , selon une nouvelle étude de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Le rapport de la Banque sur la transition 2021-2022 ‒ Mise à niveau du système : générer le dividende numérique révèle l'écart croissant entre les économies qui ont intensifié leur utilisation des services en ligne et numériques et celles qui ont pris du retard. Le Maroc obtient un score mitigé de 48,4 en 2020 contre un score de 47 en 2015. Il est classé derrière l'Afrique du Sud, l'Egypte et la Tunisie, mais tous en bas du classement malheureusement. Sur cette moyenne de 48,4, l'infrastructure obtient un score de 52,3 (contre 31,8 en 2015), les compétences 21 sans aucune amélioration comparativement à 2015, la régulation 73,4 contre 62,3 en 2015 et les services gouvernementaux un score en régression de 47,1 contre 72,7 en 2015. Le rapport qui se concentre sur les 38 économies dans lesquelles la BERD investit révèle que, depuis le début de la pandémie, les personnes les plus riches, vivant dans les villes et les économies plus avancées sont mieux en mesure de commander des biens et des services en ligne, d'effectuer leurs opérations bancaires via Internet et de travailler à domicile. Ailleurs, une grande partie de la population reste exclue de ces opportunités et risque davantage de perdre son emploi à mesure que la technologie numérique devient de plus en plus utilisée. En outre, de nombreuses économies des régions de la BERD connaissent une importante « fuite des cerveaux », car les personnes dotées de solides compétences numériques partent à l'étranger. Tout en soulignant la fracture numérique, le rapport montre également les progrès réalisés en matière de fourniture et d'utilisation de services numériques et en ligne depuis le début de la crise du Covid-19. L'économiste en chef de la BERD, Beata Javorcik, a déclaré : « Dans de nombreux pays, une grande partie de l'économie, ainsi que des écoles et des universités, se sont connectées en quelques jours lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé. Le processus de numérisation est destiné à se poursuivre et restera l'une des forces clés qui façonnent notre monde. Pourtant, il existe de grandes fractures numériques entre les régions de la BERD et les économies avancées, entre les différentes économies des régions de la BERD et au sein des économies individuelles. Aborder ces divisions est essentiel à leur succès. Aider les pays et les clients dans leur transition vers la technologie numérique est l'une des trois priorités stratégiques de la BERD, avec la lutte contre le changement climatique et le soutien à l'inclusion économique. Plus tard dans la journée, la BERD devrait annoncer sa nouvelle approche stratégique sur l'accélération de la transition numérique, indiquant comment elle utilisera tous les instruments à sa disposition activités de politique, d'investissement et de conseil ‒ pour libérer le pouvoir de transformation de la technologie numérique dans les économies où il investit. Un nouvel indice de la transformation numérique Le rapport de transition 2021-2022 introduit un nouvel indice de transformation numérique comme moyen d'évaluer la fracture entre et au sein des pays. Dans les économies où opère la BERD, seule l'Estonie dépasse la moyenne des économies plus développées. L'indice calcule un score basé sur 22 mesures différentes de la disponibilité et de l'utilisation des technologies numériques. L'indice estonien de 92,2 est le plus élevé des régions de la BERD. Celui du Turkménistan est le plus bas, à 16,1, alors que celui du Tadjikistan est de 23,7. La qualité de la réglementation et de l'accès en ligne aux services gouvernementaux est l'une des principales raisons de ces faibles scores. Parmi les autres économies bénéficiaires de la BERD, l'Egypte, la Tunisie et le Maroc affichent des scores faibles pour les compétences numériques, tandis que la Lituanie et la Slovénie arrivent en tête, aux côtés de l'Estonie. La principale contrainte du développement numérique est l'insuffisance des compétences. Il est prouvé que les personnes plus instruites dans les régions de la BERD ont amélioré leurs compétences numériques, rattrapant ainsi les pays les plus développés. Cependant, les personnes âgées et celles qui ont des niveaux d'éducation et de revenus inférieurs sont de plus en plus laissées pour compte. Cela a un impact croissant à mesure que les technologies numériques sont utilisées plus largement dans toutes les industries. Les professions qui sont plus exposées à l'automatisation grâce à l'utilisation de l'intelligence artificielle ont vu plus de pertes d'emplois. Les travailleurs ayant moins de compétences numériques ont plus de mal à s'adapter aux nouveaux rôles qui deviennent disponibles. Le rapport examine également l'effet sur les économies et les services financiers de l'investissement dans les technologies numériques. Concernant l'investissement, il constate que les rendements du capital à forte intensité numérique sont nettement plus élevés dans les économies dotées de compétences numériques plus solides. Une étude de cas portant sur le haut débit en Turquie montre que les entreprises disposant d'une meilleure connectivité sont plus susceptibles d'exporter et d'introduire de nouveaux produits. En Russie, les petites entreprises ont augmenté leurs effectifs d'environ 19 % en moyenne, suite au déploiement de la technologie mobile 4G. L'accès aux services financiers pour les ménages et les petites entreprises a été amélioré par la croissance de la finance numérique. Cependant, dans le même temps, les banques ont réduit le nombre d'agences physiques. Et tandis que certaines plateformes de financement alternatif ont émergé, elles se sont principalement concentrées sur le financement par emprunt plutôt que sur le financement par actions, contrairement à certains marchés plus développés. Beata Javorcik soutien que « l'avenir est numérique et notre tâche est de fournir le dividende numérique aussi rapidement et en douceur que possible. Je suis fermement convaincu qu'avec le bon type de transition numérique, les économies des régions de la BERD bénéficieront d'une prospérité accrue, de meilleurs résultats sociaux et d'une plus grande durabilité environnementale. »