La BERD revoit à la baisse ses prévisions économiques dans un contexte d'incertitude persistante face au coronavirus. Une reprise attendue en 2021, mais plus lente que les anticipations initiales. La Banque pour la reconstruction et le développement (BERD) a révisé à la baisse ses prévisions pour les économies émergentes où elle investit, car les mesures destinées à contenir l'impact du coronavirus durent plus longtemps que prévu initialement. La BERD prévoit à présent une contraction générale de 3,9 % dans l'ensemble de ses économies cette année, et un retour à une croissance de 3,6 % l'an prochain. Les prévisions précédentes publiées en mai projetaient un recul en 2020 de 3,5 % et une reprise plus forte de 4,8 % en 2021. Selon Beata Javorcik, Directrice des Affaires économiques de la BERD : « La production dans les régions de la BERD a enregistré une forte contraction au deuxième trimestre de 2020, soit environ 8,2 % d'une année sur l'autre. Dans bon nombre d'économies, la contraction a été supérieure à celles constatées lors de la crise financière mondiale. La rapidité de la reprise devrait être comparable à ce qui a pu être constaté à la suite de cette crise, avec un retour aux niveaux de PIB antérieurs à la pandémie vers la fin de 2021 ». Dans les économies de la BERD, des pressions se sont exercées sur l'offre et la demande du fait des mesures internes prises pour contenir la pandémie, tandis que des chocs externes ont résulté entre autres de la faiblesse des cours des produits de base, de la diminution des exportations, de l'effondrement du tourisme et des baisses des envois de fonds. La dernière série de prévisions réalisées par la Banque est sujette à un haut degré d'incertitude et dépend, dans une certaine mesure, de la précision des estimations précoces de croissance effectuées au premier semestre de 2020. Ces prévisions sont en outre sensibles à une éventuelle décision des gouvernements d'imposer un reconfinement ou à la réaction des populations à une persistance du virus, peut-être en s'imposant de leur propre initiative une distanciation sociale. Selon le nouveau rapport, certains secteurs, comme le tourisme, risquent de subir des dommages à long terme, mais d'autres, comme le commerce de détail en ligne, pourraient bénéficier d'une montée en puissance du numérique. Le rapport souligne que les contractions seront probablement les plus marquées dans les économies fortement dépendantes de sources de revenus externes, comme l'Albanie, la Croatie, Chypre, la Grèce et le Monténégro, qui ont perdu la majeure partie de leurs recettes de la saison touristique cette année. Les exportations en provenance des régions de la BERD ont reculé de plus de 14 % au premier semestre de 2020, par rapport à la même période en 2019. Le tourisme international et national a considérablement diminué, les arrivées de touristes internationaux vers les régions de la BERD s'étant inscrites en baisse de quelque 65 % durant les six premiers mois de l'année, par rapport à la même période un an plus tôt. L'Egypte est la seule économie de toutes les régions de la BERD qui est susceptible d'échapper à la récession durant l'année calendaire de 2020, la croissance projetée étant de 2,0 %, soutenue en partie par d'importants projets de construction publics et une expansion du secteur des télécommunications. Les autres économies lourdement affectées sont, entre autres, les pays qui ont subi d'importantes diminutions des envois de fonds, comme la République kirghize, ou qui sont fortement intégrés dans les chaînes de valeur mondiale, comme la République slovaque. Les envois de fonds de la Russie vers l'Asie centrale, l'Europe orientale et le Caucase ont reculé de 29 % en glissement annuel au deuxième trimestre de 2020, par rapport à la même période en 2019, ce qui est comparable à la baisse observée pendant la crise financière mondiale. Les envois de fonds en Serbie de janvier à mai en 2020 ont diminué de 30 % par rapport à la même période l'an dernier. Selon le rapport, même s'il se peut que certains envois de fonds aient été seulement reportés, de nombreux migrants sont retournés dans leurs pays d'origine, ce qui laisse supposer la poursuite de la baisse de ces envois de fonds à l'avenir. Le rapport prévoit une chute sans doute brutale de la production au Liban, reflétant une accentuation de l'incertitude après l'explosion à Beyrouth en août qui a provoqué des pertes de vie et des dégâts matériels considérables et s'est ajoutée aux problèmes politiques et économiques existants déjà dans le pays. Le nouveau rapport comporte les conclusions d'une enquête réalisée en août 2020 par la BERD et l'Institut ifo basé à Munich, qui montre que l'impact économique de la crise de la Covid-19 sur la vie des populations a été plus prononcé dans les régions de la BERD que dans les pays européens avancés. Selon cette enquête, les pertes d'emploi, et en particulier les fermetures d'entreprises, semblent plus répandues que pendant la crise financière mondiale et le poids de la crise est supporté de façon disproportionnée par les personnes à faibles niveaux d'éducation et de revenus. L'enquête révèle que 73 % des personnes interrogées dans les régions de la BERD ont déclaré être personnellement affectées par la crise de la Covid-19, contre seulement 41 % dans les pays européens avancés, où les mesures de relance ont été habituellement plus importantes. Les travailleurs dans la région ont pu, jusqu'à présent, compter davantage sur un emploi complémentaire que lors de la crise financière mondiale. Environ un cinquième des personnes interrogées dans les régions de la BERD ont déclaré qu'elles avaient augmenté leurs heures de travail dans leur emploi existant. Une proportion comparable a affirmé avoir commencé un deuxième emploi. Une enquête distincte de la BERD sur les petites et moyennes entreprises (PME) suggère que les PME sont plus optimistes concernant la reprise dans les économies où les mesures de relance ont été plus importantes. L'enquête montre que la crise a eu le plus fort impact sur les PME dans les services d'hôtellerie et de loisirs, le commerce de détail hors alimentation, l'industrie légère et la construction. Plus de 40 % des PME dans les services d'hôtellerie et de loisirs ont vu leurs recettes diminuer de plus de moitié au premier trimestre de 2020. Les PME exportatrices, en particulier, ont été plus affectées, et elles se sont montrées plus pessimistes à propos de la reprise – reflétant les mesures générales de restriction des voyages et de fermeture des frontières.