Deux mois avant le troisième sommet Turquie-Afrique qui doit se tenir vraisemblablement à Istanbul en décembre, le chef d'Etat turque effectue un voyage de trois jours devant le mener en Angola, au Togo et au Nigeria. Trois pays d'influence stratégique dans le schéma géopolitique du continent. En s'intéressant à l'énergie, l'industrie militaire et le high-tech, l'offensive de la Turquie en Afrique s'est réamorcée avec une stratégie énergétique, militaire et idéologique. Cette perception stratégique renforce ainsi sa centralité et son appartenance à un carrefour de multiples zones géographiques et géopolitiques en relation avec l'Afrique: Méditerranée, Caspienne, Mer Noire, Moyen-Orient, Asie Centrale, Europe Orientale, Caucase ou Balkans. Après un soft power caractérisé par une politique commerciale, religieuse et une diplomatie bien réussie des ONG, Ankara passe à la vitesse supérieure qui pourrait lui permettre de concurrencer la Chine et d'autres Etats Puissant dans le continent. Après une trentaine de visite en Afrique, le président turque a entamé une visite officielle en Angola, Togo et au Nigéria. Dans le menu des tractations on trouve l'agence nationale turque de l'industrie militaire, qui aspire trouver des nouveaux clients potentiels à ses produits d'armement. Outre le renforcement des relations commerciales avec les trois pays, la Turquie est en train de peaufiner une stratégie du Hard Power qui serait coupler avec une coopération politique et sécuritaire étroite avec le Nigéria, Ghana et le Sénégal. Ce n'est plus un secret pour personne, avec un volume d'échanges commerciaux de plus de 25 milliards de dollars, la Turquie s'impose comme une future puissance stratégique dans plusieurs régions africaines. De plus, la présence si forte de la Turquie dans le dernier sommet de l'UA à Addis-Abeba ainsi que les ambitions, qui sont en nette progression, d'Ankara en Afrique vont bientôt prendre une autre dimension avec l'organisation du 3ème Forum des affaires turco-africain à Istanbul dans les prochains jours, le 21 et 22 octobre. De fait, après son repositionnement en tant qu'acteur incontournable dans le corridor sud-européen, en étant un pont énergétique entre le Caucase, le Balkans et l'UE à travers Trans-Anataolian Gas Pipeline et Adriatic Pipeline, d'autres enjeux géopolitiques et économico-financiers pour le contrôle des voies de transport d'hydrocarbures et des infrastructures stratégiques sont inscrits dans l'agenda turque en Sud Atlantique. Après le renforcement de sa position géostratégique vis-à-vis l'UE en tirant profit de sa géographie, qui reste frontalière de 70 % des ressources mondiales d'hydrocarbures, la Turquie, dans le maillage des Pipelines, est en voie de peser sur le Sud Atlantique en allant garantir l'accès à des nouvelles ressources énergétiques et des nouveaux marchés économiques. Une stratégie qui lui permettra d'être au cœur des enjeux géopolitiques et géostratégiques et peser ainsi dans le jeu des équilibres à l'échelle internationale. Par Cherkaoui Roudani, Expert en études stratégiques et sécuritaires