Ecrit par S.E. | Le Patronat apporte sa pierre à l'édifice et publie son livre blanc conformément aux principales orientations du rapport sur le nouveau modèle de développement (NMD), cette feuille de route que le Maroc compte adopter dans les quinze prochaines années. De prime abord, la CGEM par la voix de son président a tenu à rappeler qu'au mois de mars dernier elle a été sollicitée pour faire part à la CMSD de ses propositions dont plusieurs ont été retenues. Il ressort donc que la CGEM adhère à plus de 90% au NMD aussi bien sur le volet économique, social que territorial. « C'est ainsi que la CGEM a lancé en juin une réflexion générale ayant pour but de déterminer du point de vue des entreprises, des mesures concrètes de déploiement du nouveau modèle, capable de booster la confiance, de promouvoir l'initiative privée, de réactiver les ressorts de notre économie et la marche vers une croissance génératrice de valeur ajoutée et d'emplois », annonce Chakib Alj président de la CGEM. De ce travail, ressortent 10 chantiers prioritaires, que la Confédération défendra dans le cadre de sa feuille de route. Lesdits chantiers feront d'ailleurs l'objet de discussions avec les pouvoirs publics. Il s'agit notamment de : La mise en place des mécanismes d'accompagnement intégrés, dédiés aux TPME ; L'instauration d'une solution de distribution de quasi-fonds propres pour réduire la sous-capitalisation des entreprises. A rappeler que suite à la pandémie, les PME marocaines se sont fragilisées et risquent fortement de ne pas disposer des capacités financières nécessaires pour se développer de manière pérenne post-Covid. « Les quasi-fonds propres, produits financiers aujourd'hui largement utilisés à l'étranger pour recapitaliser les PME en temps de crise, sont une option de financement pertinente pour répondre, de façon proportionnelle, rapide et sélective au risque du surendettement », explique la CGEM. Dans ce sens, la CGEM préconise d'allier les capacités de l'Etat, des investisseurs institutionnels et des investisseurs privés pour injecter des quasi-fonds propres via le Fonds Mohammed VI pour l'Investissement afin de rééquilibrer les bilans des PME et entreprises performantes affectées par la crise. Des fonds sectoriels dotés de 2 à 3 milliards de dirhams pourraient être déployés pour investir des obligations convertibles avec bons de souscription d'actions (OC-BSA) auprès des PME performantes opérant dans des secteurs stratégiques (p.ex. Tourisme, Industrie). Le changement des codes de la commande publique de manière à stimuler la demande et à promouvoir le Made in Morocco ; Une nouvelle approche pour le développement des compétences professionnelles ; L'accélération de la libéralisation maîtrisée du secteur électrique pour réduire les coûts et permettre la décarbonation de l'industrie ; La consolidation du secteur de la logistique pour plus de compétitivité et l'encouragement de la productivité des ressources foncières industrielles ; Un changement de paradigme en matière de fiscalité ; La mise à jour du Code du Travail. La promotion de l'innovation, de la R&D et de la transformation digitale ; Et enfin le renforcement de l'Etat régulateur et planificateur et l'innovation dans la gouvernance locale. L'opérationnalisation de ces chantiers et leur réussite passe nécessairement par un partenariat public-privé fort orienté essentiellement vers les résultats. Fiscalité : pour un changement de paradigme A l'occasion du débat, la fiscalité a focalisé l'intérêt des médias d'autant que les opérateurs ont émis plusieurs requêtes relatives aux incitations fiscales à même de garantir leur compétitivité. La CGEM pointe du doigt les distorsions dont souffre la fiscalité marocaine telles que la multitude des taxes locales, le vide autour de l'économie verte et sociale, la faible attractivité au regard des investisseurs et la confiance limitée entre les contribuables et l'administration … D'après le Patronat, il est temps de changer de paradigme. On ne peut continuer à imposer le travail et la production qui sont mondialisées mais plus la consommation et les profits. C'est de cette manière que l'assiette va s'élargir et que les entreprises vont continuer à contribuer au renflouement des caisses de l'Etat. Sur le plan fiscal, le choc de compétitivité peut se concrétiser à travers la suppression de la cotisation minimale, la non fiscalisation des résultats réinvestis dans l'industrie ; la neutralité de la TVA qui continue à financer l'Etat au détriment de l'entreprise ; le respect du principe du pollueur-payeur... Décarbonation : un impératif Le NMD pose l'objectif pour le Maroc de devenir champion régional de l'énergie bas carbone et d'atteindre un coût de l'énergie électrique pour les industries énergivores de 0,5 dh/kWh à horizon 2035. Dans cette optique, le rapport rejoint la vision exprimée par la CGEM, afin d'offrir des facteurs de compétitivité importants aux industries (en termes de coûts et de limitation de la teneur en carbone), de maximiser la valeur ajoutée locale de ce secteur économique, et de bien positionner le Maroc dans certaines chaînes de valeur internationales via la décarbonation de l'énergie, aujourd'hui essentielle pour la survie de notre industrie. « Afin de concrétiser cette vision, ce Livre Blanc met l'accent sur la réforme du secteur et de ses acteurs et fait le plaidoyer d'une libéralisation progressive du secteur, en intégrant la moyenne tension dans le périmètre libéralisé, avec un régulateur fort, garant de la véracité des coûts et de la qualité des opérateurs », explique-t-on auprès de la CGEM. Par ailleurs, il est également recommandé de libérer le plein potentiel de la production décentralisée, notamment en ce qui concerne l'injection de l'excédent d'énergie avec contrepartie et la possibilité d'investissement par des tiers avec faculté de vente d'électricité à l'autoconsommation. Le Maroc, fort de ses ressources naturelles, dispose d'une fenêtre d'opportunité unique pour maîtriser ce facteur de production essentiel, permettant ainsi de placer le développement industriel dans la trajectoire voulue par le NMD. Une chose est sûre : le nouveau modèle de développement ou la stratégie nationale à horizon 2035 ne peut réussir que si le Maroc fait de son capital humain un vrai cheval de bataille pour relever les défis aussi bien économiques et sociaux. Dans ce domaine comme d'autres, le partenariat public-privé revêt une importance primordiale. On ne cessera jamais de le dire, une économie forte a besoin de ses deux jambes pour aller de l'avant. Autrement dit, le Maroc ne peut intégrer le cercle des pays émergent avec un secteur privé en retrait pour ne pas dire boiteux. Pour consulter l'intégralité du Livre Blanc cliquez ICI