Ecrit par L.Boumahrou | Le corps médical libéral monte au créneau pour dénoncer le projet de loi relatif à l'admission des médecins étrangers. Lors d'une réunion, les médecins libéraux ont mis en grade le ministre de la Santé sur les répercussions de cette loi. Une lettre de 7 amendements a été envoyée à la Présidente de la Commission des affaires sociales à la Chambre des représentants. Détails Le Projet de loi d'admission des médecins étrangers présenté par le ministre de la santé a suscité une grande polémique auprès du corps médical libéral. Un projet tombé comme un couperet sur les médecins qui n'ont pas manqué d'exprimer leur désaccord avec ce projet notamment avec la mouture présentée par le ministre. Rappelons que ce projet de loi s'inscrit dans le cadre de l'accompagnement du chantier de la protection sociale initié par SM le Roi afin de garantir la généralisation de la couverture médicale à la fin 2022 et structurer l'offre de soins au profit de tous les citoyens. Mais pas de cette façon. C'est pourquoi les instances syndicales représentatives des médecins du secteur privé signataires et l'Association Nationale des Cliniques Privées ont adressé une lettre à la Présidente de la Commission des affaires sociales à la Chambre des représentants. L'objectif, proposer des amendements dans l'intérêt suprême de la santé du citoyen marocain. « A ce sujet, nous attirons votre attention sur le fait que SM Le Roi a insisté sur la recherche des grandes compétences étrangères au bénéfice de la santé des citoyens. Toute ouverture qui ne saurait privilégier cette haute directive royale, pourrait s'avérer néfaste et sans valeur ajoutée pour la santé du citoyen », avertissent les signataires de cette lettre. Ils rappellent en l'occurrence que le nouveau modèle de développement n'a pas évoqué, comme piste d'amélioration du système de santé, l'urgence de recourir aux médecins étrangers. Ainsi le corps médical libéral a proposé 7 amendements qui permettront, selon eux, de réussir les nouvelles orientations pour renforcer le système de santé marocain à savoir : 1. Que le Recrutement des médecins étrangers soit dirigé de façon prioritaire vers le secteur public qui souffre d'un grand déficit en ressources humaines. 2. Que l'Accès au secteur privé ne leur soit ouvert que dans les déserts médicaux et suivant les besoins déterminés dans le cadre d'une carte sanitaire et pour deux ans, renouvelable en cas de nécessité. 3. Que le contrôle de leurs compétences soit rigoureusement assuré par le ministère de la santé, le ministère de l'enseignement supérieur et le ministère de l'intérieur comme nous l'a assuré Le ministre de la santé avec mise en place de commissions d'évaluation pour préserver la santé des citoyens. 4. Que la préférence aille en priorité vers les médecins nationaux exerçant à l'étranger, par la mise en place de conditions incitatives qui encourageraient leur retour au pays. 5. Que les médecins étrangers déposent une demande au ministère de la santé, tutelle de l'exercice médical au pays. 6. Que les médecins étrangers soient inscrits exclusivement dans l'Ordre professionnel marocain et fournissent la preuve de leur radiation de l'Ordre de leur pays d'origine. 7. Enfin, en cas de difficulté de la mise en place d'une carte sanitaire dans l'urgence, il serait souhaitable de déterminer 3 à 4 zones prioritaires, vers lesquelles seraient orientés les médecins étrangers. Ces propositions vont être étudiées par les députés avant de savoir s'ils seront prises en compte ou pas. Non implication du corps médical libéral dans le chantier de la couverture sanitaire Outre cette proposition de loi, le corps médical dénonce également son non implication dans le chantier de la généralisation de la couverture sociale. Une déception que les représentants du corps médical ont fait récemment savoir au ministre de tutelle, Khalid Ait Taleb. C'est lors de la réunion tenue le 1er juin avec le ministre, à laquelle ont pris part le Collège Syndical National des Médecins Spécialistes Privés(CSNMSP), le Syndicat National des Médecins du Secteur Libéral (SNMSL), le Syndicat National de Médecine Générale (SNMG) et l'Association Nationale des Cliniques Privées(ANCP), signataires de la convention AMO, que l'abcès a été crevé. Parmi les revendications figure l'intégration des syndicats du privé et l'ANCP dans les négociations et la concertation de toutes les lois et les décrets concernant notre profession, les modifications de la loi 131/13, le taux de cotisations des médecins, le PPP et la carte sanitaire, la pénurie des médicaments essentiels... Le sujet des médecins étrangers a été au centre des discussions. Les représentants du corps médical libéral ont rappelé au ministre les efforts déployés tout au long de la pandémie malgré le déficit en matière de personnel médical. Plusieurs suggestions ont été proposées par les médecins pour préserver leur intérêt. Ils ont donc appelé le ministre à régler le problème du déficit en s'attaquant aux dysfonctionnements de fond au lieu de chercher le chemin le plus court en faisant appel aux médecins étrangers. Ils préconisent en l'occurrence de former plus de médecins, de retenir ceux qui cherchent à partir en inversant le phénomène de migration des compétences médicales nationales vers l'étranger. Aussi des efforts sont à consentir en urgence pour améliorer les conditions de l'exercice de la profession médicale au Maroc dans le secteur privé comme dans le secteur public afin de rendre ces secteurs plus attractifs. Le corps médical préconise également que le ministère de la Santé, délivre une licence aux médecins nationaux privés les autorisant à exercer également en dehors de leur territoire géographique d'origine et en fonction des besoins déterminés par le ministère. Quant au recrutement des médecins étrangers, il doit être, selon eux, dirigé de façon prioritaire vers le secteur public qui souffre d'un grand déficit en ressources humaines et que l'accès au secteur privé ne leur soit ouvert que dans les déserts médicaux et suivant les besoins déterminés dans le cadre d'une carte sanitaire et pour deux ans, renouvelable en cas de nécessité. Que le contrôle de leurs compétences soit rigoureusement assuré par le ministère de la santé, le ministère de l'enseignement supérieur et le ministère de l'intérieur comme nous l'a assurés le Ministre de la Santé avec mise en place de commissions d'évaluation pour préserver la santé des citoyens. Que la préférence aille en priorité vers les nationaux exerçant à l'étranger par la mise en place de conditions incitatives qui encourageraient leur retour au pays. Que les médecins étrangers déposent une demande au ministère de la santé, tutelle de l'exercice médical au pays. Que les médecins étrangers soient inscrits exclusivement dans l'Ordre professionnel marocain et qu'ils fournissent la preuve de leur radiation de l'Ordre de leur pays d'origine. Enfin, en cas de difficulté de mise en place d'une carte sanitaire dans d'urgence, il serait souhaitable de déterminer 3 à 4 zones prioritaires vers lesquelles seraient orientés les médecins étrangers. Les médecins libéraux ont également demandé au ministre d'introduire dans la loi 131-13, la possibilité pour les médecins privés de s'installer sous la forme juridique de SARL unipersonnelle. C'est dire que les libéraux font tout pour préserver leur intérêt et garantir que les médecins étrangers ne viennent pas les déranger dans leur territoire.