La Commission européenne proposera en juin 2021 un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) de l'UE, ce qui mettra à rude épreuve la compétitivité des pays exportateurs vers l'UE. Le cas de la Tarquie qui se prépare déjà à cette nouvelle donne. D'ici la mi-2021, la Commission européenne prévoit de proposer un projet de loi sur la taxe carbone à la frontière. le mécanisme prendrait en considération la quantité d'émissions de carbone attribuées aux marchandises importées dans l'Union européenne, réduisant et réglementant l'importation de marchandises à forte empreinte carbone en provenance de pays qui n'ont pas de système de tarification du carbone. Les pays exportateurs vers l'UE devront tenir compte de ce mécanisme pour leurs propres politiques climatiques afin de rester compétitifs, face à l'UE qui cherche à garantir des conditions de concurrence équitables pour ses secteurs industriels. La Turquie, sixième partenaire commercial de l'UE, réfléchit déjà à l'impact potentiel sur ses industries. La production turque de fer, d'acier et de ciment – parmi les dix premiers au monde – et ses industries du verre, de la céramique et des plastiques – qui se classent parmi les cinq premiers de l'UE en termes d'échange – pourraient en être affectées. La tarification du carbone et les activités connexes du marché du carbone pourraient constituer un outil important de gestion des risques pour anticiper ces développements avec une plus grande urgence. LaTurquie travaille ainsi avec la BERD sur les multiples manières pour renforcer l'intérêt de la Turquie pour la tarification carbone et contribuer à un environnement propice à un marché intérieur du carbone à plus grande échelle. Pour favoriser un débat éclairé sur les implications monétaires et les risques transitoires pour les exportateurs turcs vers l'UE, la BERD soutient le ministère turc de l'environnement et de l'urbanisation avec une étude d'impact. Les résultats de l'étude sont attendus d'ici la mi-2021. Pour renforcer l'intérêt de la Turquie pour la tarification du carbone et contribuer à créer un environnement propice à un marché intérieur du carbone à plus grande échelle, la BERD, pionnière du financement climatique, apporte un soutien au renforcement des capacités. Le programme de soutien au développement du marché du carbone du mécanisme de financement de l'énergie durable de taille moyenne de la BERD (MidSEFF) offre trois niveaux de soutien. Au niveau national, cela signifie un dialogue politique. Le programme soutient le développement du marché du carbone en Turquie en promouvant des initiatives susceptibles d'accroître encore la participation des acteurs souverains et du secteur privé au marché national et international du carbone, notamment en conseillant le gouvernement turc sur les impacts du nouveau mécanisme européen. Au niveau des banques, le soutien consiste à aider les banques turques à développer des services de marché du carbone. Les banques sont bien placées pour aider les clients existants et nouveaux à gérer les risques et les opportunités créés par les marchés du carbone. Le programme forme les banques partenaires turques de la BERD à une gamme d'activités du marché du carbone, y compris la création et le financement de projets, ainsi que le commerce et le courtage de crédits de carbone. Enfin, au niveau des projets, le programme de la BERD soutient le processus de développement des actifs carbone. Le programme fournit une assistance technique aux projets d'énergie renouvelable et d'efficacité énergétique financés dans le cadre du MidSEFF qui sont éligibles au financement carbone. Depuis 2021, le programme a soutenu le développement de plusieurs projets carbone enregistrés selon des normes carbone indépendantes telles que le Verified Carbon Standard the Gold Standard. Les projets comprennent la centrale hydroélectrique de Sena – deux générateurs hydroélectriques au fil de l'eau, qui devraient générer 68 GWh par an d'énergie renouvelable. Le remplacement des sources d'énergie fossiles permettra d'économiser environ 38 000 tonnes de dioxyde de carbone. À l'usine d'Edincik sur la mer de Marmara, 23 éoliennes généreront 180 GWh d'énergie renouvelable par an, économisant 106 000 tonnes de dioxyde de carbone par an. Le projet contribuera également au développement social et économique par l'éducation, l'assainissement, la création d'emplois, le transfert de technologie et l'amélioration de la production agricole. Dans le cadre de l'initiative de neutralité carbone à l'échelle de la banque, la BERD a acheté des crédits carbone des deux projets afin de réduire son empreinte environnementale annuelle et de compenser les émissions de GES résultant de sa réunion annuelle en 2016 et de ses activités commerciales en 2017. En plus de ce soutien, la mise à jour du site turkishcarbonmarket.com de la BERD fournit un aperçu complet de l'état actuel des développements du marché turc du carbone. Il couvre le rôle des marchés du carbone dans la reprise du COVID-19 ainsi que les implications de l'innovation CBAM de l'UE. Egalement concerné, l'impact du système international de compensation carbone pour les compagnies aériennes, CORSIA, qui vise à réduire l'impact de l'aviation sur le changement climatique en obligeant les opérateurs aériens à acheter des crédits carbone sur le marché du carbone, sur une base volontaire à partir de cette année mais devenant obligatoire d'ici 2027.
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