Malgré un potentiel de développement du secteur estimé à près d'un milliard de dirhams (105,3 millions de dollars) par an pour les cinq prochaines années, le Maroc n'est pas encore près d'atteindre ce potentiel. Considérée comme étant le premier marché économique mondial, l'industrie pharmaceutique a dépassé en 2017 le seuil des 1.000 milliards de dollars de chiffre d'affaires (environ 826 milliards d'euros), en croissance de 6 % par rapport à 2016. Une performance due principalement aux investissements réalisés dans le recherche et développement (R&D) qui s'élevent à 140 milliards de dollars par an. Un marché à fort potentiel qui attire de plus en plus d'investisseurs. Plus il y a de malades dans le monde, plus le marché de l'industrie pharmaceutique devient attractif. Comme dit l'adage, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Dans une note consacrée aux réformes pharmaceutiques, Oxford Business Group est revenu sur le positionnement du Maroc dans ce secteur porteur. « Il est précisé que le Maroc entend bien attirer une plus grande part de ces investissements. Les Entreprises du Médicament au Maroc (LEMM), association composée de sociétés marocaines, filiales de groupes pharmaceutiques internationaux, a estimé le potentiel de développement du secteur à près d'un milliard de dirhams (105,3 millions de dollars) par an pour les cinq prochaines années », lit-on de cette note. Sauf que malgré ce potentiel, le Maroc n'est pas encore près d'atteindre ce potentiel. Chiffres à l'appui, l'industrie pharmaceutique marocaine représente à peine 2 % du PIB du pays, et devrait se hisser à 2,2 % d'ici à 2020 selon les prévisions de l'Association Marocaine de l'Industrie Pharmaceutique (AMIP). Ces prévisions de croissance sectorielle au Maroc sont en deçà de ceux d'autres pays africains à l'instar de l'Algérie qui présage une croissance de 7,2 % du PIB à l'horizon 2020. Le cabinet d'intelligence économique attribue cette situation au taux relativement bas de consommation de médicaments par habitant, même si cette dernière est appelée à augmenter à mesure que les médicaments génériques seront plus faciles d'accès. Oxford Business Group évoque l'initiative de l'AMIP qui a rassemblé ses 28 laboratoires membres autour d'un objectif commun : le renforcement de la R&D. L'objectif étant de faire avancer les biotechnologies et la production de vaccins. L'association a également lancé des joint-ventures avec des laboratoires implantés au Moyen-Orient et en Inde. Le LEMM ne compte pas s'arrêter en si bon chemin puisqu'elle a l'intention de renforcer les capacités de recherche clinique du Maroc en faisant du pays l'un des trois grands pôles de recherche de l'Afrique. « Il existe un cadre juridique sur les essais cliniques, mais les acteurs restent dans l'attente de la publication des décrets d'application », a déclaré à OBG Taher Hassen, directeur général de Merck Maroc, entreprise pharmaceutique, et vice-président de LEMM. « Nous sommes convaincus que l'accélération de la R&D aura une répercussion bénéfique tant pour les patients que pour les universitaires, et permettra d'apporter un investissement cohérent, pérenne et innovant au pays. » Exportations de médicaments : Le Maroc peut mieux faire Certes la production locale de médicaments couvre 60% de la demande nationale, toutefois la part d'exportation reste faible par rapport au potentiel. Il ressort de cette notre que le Maroc n'exporte que 10 % des médicaments produits localement principalement vers le marché africain. Pis encore, ces débouchés en Afrique sont inefficaces et coûteux vue que les médicaments marocains font un grand détour avec une première escale en Europe avant qu'ils soient ré-exportées vers l'Afrique. Des obstacles à l'exportation de produits pharmaceutiques, principalement sur le plan de la logistique, existent bel et bien malgré la volonté des autorités à instaurer un système réglementaire plus favorable à la R&D. « Pour y remédier, un certain nombre d'entreprises pharmaceutiques marocaines ont implanté leurs opérations ailleurs sur le continent. Il y a actuellement plus d'une dizaine de laboratoires marocains déployés en Afrique subsaharienne et faisant fonction de point de base pour l'exportation de médicaments génériques. D'autres laboratoires devraient leur emboîter le pas, avec par exemple le projet de construction d'une nouvelle usine de fabrication d'antibiotiques par le Marocain Cooper Pharma dans le district de Gasabo au Rwanda », fait savoir le Cabinet. L'idée de créer l'Agence africaine des médicaments (AMA) est d'ailleurs en gestation à l'échelle internationale. Il s'agit d'un projet conjointement lancé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Union africaine (UA) dans le but d'harmoniser et d'aligner les réglementations dans tout le continent. Une évolution qui facilitera amplement les procédures d'exportation de produits pharmaceutiques. Oxford précise que le Maroc s'est proposé d'héberger le siège de l'AMA, en lice avec l'Afrique du Sud, la Tunisie, l'Algérie, et l'Ethiopie. Consultez la note économique portant sur le Maroc Lire également : MEDICAMENTS BIO-SIMILAIRES : TOUJOURS NON REMBOURSABLES !