Ecrit par Soubha Es-Siari | L'étude ayant servi de support pour compresser les importations dans le cadre de l'encouragement des produits locaux et dont EcoActu.ma détient une copie se reflète dans la balance commerciale, des derniers mois, telle que publiée par l'Office des changes. Décryptage. La crise sanitaire liée à la Covid-19 a révélé au grand jour la dépendance excessive du Maroc de l'international en matière d'approvisionnement. Cette dépendance se mesure par un indicateur qui n'est autre que le taux de couverture des importations par les exportations. Elle se traduit par ailleurs par un déficit structurel qui plombe le déficit du compte courant. Bien que la réflexion sur la limitation des importations ne date pas d'aujourd'hui et que nombreux sont les économistes et les analystes ayant depuis tiré la sonnette d'alarme sur les importations à tour de bras du Maroc, c'est en 2020 que la limitation des importations fait glorieusement son entrée en scène. Crise sanitaire voire même crise économique oblige. Compte tenu de contexte actuel de crise sanitaire et pour limiter la pression sur les avoirs de réserves et du coup recourir davantage à l'endettement, il serait question de limiter l'importation de certains produits qui revêtent le caractère compressible dans le contexte actuel. C'est dans ce cadre qu'il a été communément décidé par l'équipe aux manettes de substituer les importations par la production locale. Dans le cadre du Plan d'accélération industrielle, le ministre de l'industrie Moulay Hafid Elalamy avait annoncé un montant de l'ordre de 34 Mds de DH comme économie pour le Maroc. Il semble aujourd'hui que les choses sont en marche pour y parvenir. Rien que le 22 février, 52 projet d'investissement dans les secteurs productifs d'un montant global de 4,2 Mds de DH ont fait l'objet de conventions. « La cellule, «War-room», mise en place par le ministère pour accompagner les porteurs de projets a retenu, à date, 357 projets répartis en 10 secteurs et représentant un potentiel de 21 Mds de DH permettant de substituer à l'import 62% de l'objectif fixé à 34 Mds de DH », annonce MHE en toute assurance le jour de la signature desdites conventions. Lire également : Commerce extérieur : 2 décennies de souffrance, pour quand la délivrance ? Trois groupes de produits représentent les deux tiers des importations La limitation des importations n'est pas fortuite. Une étude menée au préalable a permis de dresser la fiche des produits pouvant faire l'objet d'une compression. La présente fiche dresse, ainsi, une liste très large de produits importés pour mise à la consommation dont sont exclus principalement les intrants nécessaires aux secteurs exportateurs. L'étude révèle par ailleurs qu'au terme de l'année 2019, les importations ont atteint 491,2 Mds de DH dont celles effectuées dans le cadre du régime douanier pour mise à la consommation s'élèvent à 365,5 Mds de DH soit 74,4% du total. Des premières données au 18 Mars 2020, il ressort que les importations pour mise à la consommation se chiffrent à 79 Mds de DH sur un total de 91,4 Mds de DH. L'examen de la structure par groupe de produits laisse apparaitre les biens d'équipement industriel en tant que premier groupe de produits avec 24% du total, suivis des produits finis de consommation 21,2% et des produits énergétiques 21%. C'est pour dire que ces trois groupes de produits représentent presque les deux tiers des importations. Dans ce sillage la liste dressée en guise de guide regroupe une vingtaine de produits dont une dizaine de produits dont l'importation est supposée être compressible. Il s'agit essentiellement de voitures de tourisme , parties et pièces pour voitures et véhicules de tourisme, sièges, meubles, matelas et articles d'éclairage, vêtements confectionnés & chaussures, sacs, malles et ouvrages divers en cuir... Il ressort même de la liste (non définitive) que le total des produits dont l'importation est supposée être compressible sur la période (Janvier mars 2019/ Janvier 17 mars 2020) se chiffre à 8.161,3 MDH soit 50,4% de l'ensemble des importations de produits finis de consommation. (Voir tableau). On apprend également du même tableau que les 20 premiers produits fins de consommation importés dans le cadre du régime de droit commun (mise à la consommation) se chiffrent à 13,5 Mds de DH.
Les derniers chiffres de l'Office des des changes Les chiffres publiés par l'office des changes font montre que la compression des importations se fait conformément aux orientations. A fin janvier, les importations ont baissé de 16% ( vs une baisse de 14,1% à fin décembre 2020). En analysant les trois groupes de produits représentant presque les deux tiers des importations, on note que : La baisse des importations de biens fait suite au recul des importations de la totalité des groupes de produits en l'occurrence, des produits énergétiques (-2.029MDH), des biens d'équipement (-1.772MDH), des produits finis de consommation (-1.104MDH). S'agissant des importations des biens d'équipement, elles atteignent 9.029 MDH à fin janvier 2021 contre 10.801MDH à fin janvier 2020. Cette baisse est due principalement au recul des achats des moteurs à pistons (-264MDH) et ceux des voitures utilitaires (-248MDH). Parallèlement, les approvisionnements en produits finis de consommation baissent de 12,3%. Cette évolution est attribuable essentiellement au recul des achats des parties et pièces pour voitures de tourisme (-14,7%) et à ceux de voitures de tourisme (-9,7%) La facture énergétique s'allège à son tour de 30,4% en janvier 2021. Cette évolution s'explique par la baisse des approvisionnements en gas-oils et fuel-oil (-1.732MDH) due au recul des prix de 31,4% (3.907 DH/T à fin janvier 2021 contre 5.694 DH/T un an auparavant), conjugué à la baisse des quantités importées (-22,5%) : 504mT à fin janvier 2021 contre 650mT à fin janvier 2020. Bien que les résultats soient concluants, le déficit commercial demeure élevé pour une économie aspirant l'émergence. Le Maroc a encore du pain sur la planche pour développer la production locale. Ce développement peut être exploité , pourquoi pas, progressivement avec le concours du Fonds d'investissement Mohammed VI pour étoffer la base industrielle du pays, contribuer à une plus grande intégration intrasectorielle de l'économie et, par ricochet, atténuer le déficit commercial.