Ecrit par Imane Bouhrara I La CGEM a réussi à réunir une belle brochette pour la séance de travail avec les Marocains du Monde (MDM) autour des opportunités d'investissement au Maroc, organisée ce 16 février. L'occasion de faire le point aussi bien sur le Fonds Mohammed VI l'un des leviers de la relance que sur l'état d'avancement du Plan de relance industrielle. Détails. Le Maroc déroule le tapis rouge pour les Marocains du monde pour une prise de participation effective dans le plan de relance au Maroc, après une année 2020 des plus difficiles. Des participants de 40 pays ont pris part à la séance de travail avec les Marocains Entrepreneurs du Monde (MeM) autour des opportunités d'investissement au Maroc, organisée ce 16 février par le CGEM, en présence de Mohamed Benchaâboun, ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration, de Moulay Hafid Elalamy, Ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Economie Verte et Numérique et de Nezha El Ouafi, ministre Déléguée auprès du Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, chargée des MRE. L'objectif étant la mobilisation des compétences, des entrepreneurs et des investisseurs marocains du monde dans cette conjoncture très particulière, comme l'explique le président de la CGEM, Chakib Alj. Une occasion également pour Mohamed Benchaâboun de faire le point sur la participation des transferts des MDM dans la dynamisation de la vie économie du pays, appelée à évoluer et à être orientée sur les projets structurants de l'économie. Le ministre souligne ainsi que l'évolution de ces transferts est continue et régulière et malgré la crise sanitaire qui a prévalu en 2020, ces transferts qui ont chuté de 5 à 7% début 2020, ont clôturé l'année sur une progression positive de 5 % à 68 Mds de DH, traduisant la forte solidité des liens des MDR avec leur pays d'origine. Cela dit, toujours selon M. Benchaâboun, par destination de ces transferts, 15 % vont vers l'épargne, 75% vers la solidarité avec la famille au Maroc et seulement 10 % vont vers l'investissement (dont 70% vers l'immobilier et le foncier). Aujourd'hui, l'ambition est de canaliser aussi bien les compétences que les investissements des MDM au service de la relance. Dans ce sillage, le ministre des Finances a rappelé toutes les réformes entreprises pour promouvoir et faciliter l'investissement au Maroc que ce soit les sûretés mobilières, la simplification des procédures, le crowdfunding, la réforme des CRI qui a permis de diviser par 6 le délai de traitement des dossiers... A côté, plusieurs fonds comme celui de l'industrie ou le fonds agricole mettent en place des mécanismes d'incitation à l'investissement. Dans ce sens, Benchaâboun a annoncé que les résultats de la mise en place d'un fonds dédié aux MDM il y a une décennie n'ayant pas atteint les niveaux escomptés malgré une subvention à hauteur de 10% dans les projets, ont incité à la révision prochaine des conditions de bénéficier de ce fonds. Fonds Mohammed VI : 6 fonds thématiques seront lancés dans les prochaines semaines Par ailleurs, tout en soulignant que l'acte d'investir est libre au Maroc et que des programmes comme Intelaka, promeuvent l'acte d'entreprendre au Maroc, la relance elle repose sur des leviers bien distincts et très intéressants pour la diaspora marocaine. Notamment, le mécanisme de garantie de l'Etat au financement bancaire (75 Mds de DH) qui, par effet de levier, facilite l'accès au financement et contribue à la baisse de son coût. A ce jour, 90.000 entreprises en ont profité pour 60 Mds de DH, souligne Benchaâboun. De l'autre côté, le Fonds Mohammed VI pour l'investissement (45 Mds de DH dont 15 Mds de DH de contribution de l'Etat) vient jouer un rôle structurant de l'économie et qui ouvre dans le cadre des fonds thématiques la possibilité aux MDM de participer à la dynamique de relance, que ce soit par la gestion ou par les investissements. Mohamed Benchaâboun a d'ailleurs annoncé que 6 Fonds thématiques dédiés notamment à l'innovation, l'industrie, le tourisme, l'agriculture entre autres, seront lancés dans les semaines à venir. En précisant que pour le cas du fonds dédié à l'infrastructure sera monté dans le cadre du partenariat public-privé (donnant corps à la nouvelle loi sur le PPP), pour créer un effet de levier immédiat évitant que l'Etat ne reporte les gros investissements ou ne les étale dans le temps vu le contexte de crise actuelle. Enfin, le ministre a souligné que la disposition contenue dans la Loi de Finances 2021 relative à l'emprunt national qui sera lancé cette année est ouvert aux personnes physiques résidentes ou non résidentes et offre également une belle opportunité d'investissement pour les Marocains du Monde. Substitution à l'importation : MHE près du but ? Entamant son propos par la grande réactivité du tissu productif national face à cette crise inédite, notamment en assurant l'approvisionnement des marchés mais aussi et surtout par cette conversion qui a permis une production immédiate des masques de protection, puis des machines de fabrication des masques jadis importées, des caméras thermiques, des kit PCR ou des appareils de réanimation en cours de certification nationale et internationale... Moulay Hafid Elalamy explique que l'enjeu est de capitaliser sur cette réactivité et de ces capacités dormantes dévoilées par la crise. D'ailleurs c'est l'essence même du plan de substitution à l'importation qui à ce jour a réalisé 20,6 Mds de DH sur les 34 milliards de DH dans des projets réalisés ou en cours et 14 Mds de DH sur les 17 Mds de DH de potentiel additionnel d'export. Et MHE d'expliquer qu'une fois les 34 Mds absorbés, l'Etat ira grignoter sur les 183,2 Mds d'importations annuelles. Pour mobiliser les capacités industrielles dormantes, le challenge aujourd'hui pour le ministre de l'économie dans le cadre du Plan de relance industrielle est que toutes les opportunités recensées dans le cadre de la banque de projets (au nombre de 200) mise en place par la war-room et qui a intéressé les entrepreneurs et porteurs de projets Marocains du Maroc, trouvent écho également auprès des Marocains Du Monde. Mais le ministre assure : on ne change pas de stratégie, notamment en poursuivant la quête de la compétitivité, de l'augmentation du taux d'intégration et de la décarbonation de l'industrie. Notamment en renforçant la vocation des Métiers mondiaux du Maroc, essentiellement l'automobile qui joue un rôle locomoteur de l'industrie. Dans ce cas précis le ministre de l'Industrie se félicite qu'en terme de compétitivité, l'industrie automobile s'est hissée au troisième rang mondial après l'Inde et la Chine. L'objectif de MHE est de se mettre au même niveau que l'Inde en terme de compétitivité pour cette branche industrielle. Pour sa part, la décarbonation est à la fois une contrainte et une opportunité dans ce sens où la mise de taxe Carbonne peut sanctionner l'accès de la production marocaine à des marchés notamment européen (65 % des exportations marocaines) mais ce verdissement de l'industrie marocaine lui permet une économie de 30 % sur le coût de l'énergie, grâce aux décisions royales sur les énergies renouvelables. Pour ce qui est de la mise en contact, et tout en soulignant que la rencontre du 16 février est la sixième organisée entre son département avec MeM CGEM dans le cadre d'une stratégie de mobilisation des compétences marocaines à l'étranger, Nezha El Ouafi a annoncé le lancement de la plateforme MaghribCom. Son département veille à ce qu'au niveau de tous les ministères soit accordée une place à l'implication et la mobilisation des MDM, assure-t-elle. Le cas également de l'OFPPT qui avec MRE Academy mobilise plus de 5.000 compétences à l'étranger en faveur de la formation professionnelle. La CGEM, un interlocuteur privé de premier plan Que ce soit pour le plan de relance ou pour la mobilisation de la diaspora marocaine, la CGEM est un interlocuteur de premier plan dans le monde de l'entrepreneuriat. Pour ce qui est de la relance, Chakib Alj a décliné lors de cette réunion les principales préoccupations du Patronat : « Pour préserver le tissu entrepreneurial, stimuler une relance effective et durable et encourager l'acte d'entreprendre, la CGEM a déterminé plusieurs priorités urgentes et structurantes », précise-t-il. D'abord, soutenir les entreprises marocaines dans leur effort d'investissement à travers la mise en œuvre comme prévu du Fonds Mohammed VI pour l'Investissement. Une autre priorité est l'amélioration de l'accès aux coûts des facteurs de production de l'entreprise comme l'énergie, le foncier industriel, la formation, l'innovation, entre autres. La simplification des procédures administratives est aussi un chantier majeur. Il est aujourd'hui indispensable d'opérer un choc de simplification, notamment en instaurant un e-gov performant et en supprimant tout ce qui peut être source d'arbitraire. « Il est, par ailleurs, nécessaire de favoriser la reconversion pour une meilleure employabilité. Nous sommes conscients de l'importance d'investir dans le capital humain », poursuit Chakib Alj. Une priorité majeure pour la CGEM est aussi celle de l'intégration du petit informel et de l'éradication du grand informel. « Tant de chantiers sur lesquels nous travaillons avec le Gouvernement en faveur d'un climat des affaires sain et favorable à l'acte d'entreprendre », assure le président de la CGEM. En ce qui concerne la mobilisation de la diaspora marocaine, Chakib Alj annonce que pour accompagner de façon concrète les MeM et leur donner un maximum de visibilité, la CGEM mettra à leur disposition toute son organisation matricielle, à savoir 13 CGEM régions, 37 fédérations sectorielles, 17 commissions thématiques et un groupe parlementaire à la chambre des conseillers qui défend des lois et des amendements que l'organisation patronale étudie toute l'année et propose au Gouvernement et au Parlement. « Pour finir, j'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai décidé avec Karim Amor, de créer exclusivement pour vous (s'adressant aux MDM) au sein de MeM by CGEM, un corridor d'accompagnement à l'investissement. Ce corridor aura pour objectifs de vous mettre en relation avec les professionnels de votre secteur, de vous aider à vous familiariser avec les textes et règlements et de vous mettre en relation directe avec les interlocuteurs idoines des ministères pour la présentation, le financement de vos projets et la concrétisation de vos projets. Ce Corridor MeM sera sous la responsabilité directe du Bureau de région MeM, présidé par Karim Amor. Lors de cette réunion, des membres de la diaspora, notamment l'entrepreneur Richard Attias, le financier Michael Zaoui ou encore l'inventeur Driss Yazami qui veut mettre tous ses 70 brevets au service du Maroc... se disent prédisposer à accompagner la dynamique actuelle au Maroc, chacun dans son domaine respectif.