Ecrit par L.B. | Après le rejet du gouvernement de 3 projets de loi relatifs au transfert des actifs de la société « La Samir » à l'Etat marocain, le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole pour la renationalisation de la Samir sort de ses gonds et accuse ouvertement le gouvernement d'El Otmani. Une réaction qui intervient à quelques jours après que le gouvernement ait statué sur les projets de loi relatifs au transfert des actifs de la société « La Samir » à l'Etat marocain déposés au Parlement par l'USFP, la CDT et le PSS depuis plusieurs mois et tout récemment (5 février) l'Istiqlal auprès des instances législatives. Son niet à l'ouverture d'un débat sur la renationalisation de la raffinerie a été la goutte qui a fait déborder le vase et que le Front considère comme un déni de démocratie et un défi à l'esprit de la Constitution. Dans un communiqué le Front accuse le gouvernement de Saaddine El Otmani d'avoir fermé la porte du dialogue en refusant l'idée même de débattre en séance plénière à la Chambre des conseillers des deux projets de loi proposés par le « Front national pour sauver la raffinerie marocaine de pétrole. Des projets qui ont été soutenus par des partis politiques et organisations syndicales à la Chambre des conseillers et à la Chambre des représentants. Il l'accuse d'avoir empêché la tenue d'un débat national transparent, responsable et constructif sous la coupole du Parlement et de priver l'opinion publique nationale de son droit d'accès à l'information, portant un coup fatal au processus démocratique dans notre pays et en désaveu total des principes de la démocratie et un défi incompréhensible à l'esprit de la Constitution du Royaume. Il l'accuse de prendre une position négative qui annule toute coopération dans la gestion de la liquidation judiciaire de la société de Samir, laissant le Tribunal de Commerce de Casablanca seul face à un dossier aussi complexe, incapable de fournir les réponses et de présenter les éclaircissements requis aux parties intéressées par l'acquisition de la raffinerie. Il l'accuse d'avoir permis à un ministre de son gouvernement de faire des déclarations qui auraient conduit à la confusion de l'opinion publique et dissuadé les parties intéressées à prendre les actifs de la raffinerie, de continuer à manifester leur intérêt à acquérir la raffinerie dans le cadre de la procédure de liquidation judiciaire. Il l'accuse d'inefficace, après plusieurs mois de gèle dans le dossier de l'exploitation des réservoirs de la Samir par l'Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM). Décidé en juin 2020, le contrat de location des réservoirs de stockage de la société Samir pour le compte de l'Etat n'a pas encore été conclu non pas sans conséquence sur les caisses de l'Etat (un manque à gagner de plusieurs milliards de DH), sur la devise, sur les stocks d'hydrocarbures et donc sur le prix des carburants. Il l'accuse d'incapacité à corriger la grave erreur politique commise par le gouvernement de Benkirane de libéralisation du secteur des hydrocarbures en décembre 2015 en l'absence d'une unité nationale de raffinage qui garantirait les équilibres au sein du secteur. Mais aussi en l'absence d'un Conseil de la concurrence actif qui garantit le respect des conditions de concurrence et du processus de fixation des prix de manière libre, transparente et équitable. Il l'accuse d'impuissant face à l'accumulation de bénéfices obscènes et immoraux réalisés par les importateurs et distributeurs depuis la libéralisation du secteur. Des bénéfices qui dépassaient 37 Mds de DH. Il l'accuse d'avoir acté la liquidation judiciaire de la Samir alors que la raffinerie représente une enseigne industrielle emblématique du pays inaugurée par feu le roi Mohammed V en 1960. Il l'accuse d'être derrière des propositions de nomination infructueuses au sein du Conseil de la concurrence, dont la conséquence a été les dysfonctionnements survenus lors de la gestion du dossier et de l'existence des pratiques en violation de la loi sur les libertés de la concurrence et la détermination des prix des carburants. Ce qui a conduit à la formation d'une commission ah doc par SM le Roi royale, pour mener les investigations nécessaires afin de clarifier la situation et d'éclairer tous les aspects du dossier. Et enfin il l'accuse d'avoir laissé entendre des suspens sur la possibilité d'un conflit d'intérêts, sans présenter une proposition de loi qui garantirait une prévention efficace dans ces cas, clarifierait les cas de conflit et séparerait clairement l'exercice de la responsabilité publique ou politique d'une part et l'exercice des affaires d'autre part. La question est de savoir quand le gouvernement décidera-t-il de sortir de son mutisme sur cette affaire et de prendre enfin le taureau par les cornes ? A suivre…