La consommation d'électricité n'est pas seulement qu'une grandeur physique mesurable puisque, au Maroc, sa forte corrélation à la croissance économique en fait un moyen d'estimer l'évolution du PIB. Ce qui est sûr, c'est que, finalement, sous l'effet de la crise sanitaire, l'économie marocaine devrait moins se contracter que nos prévisions de l'été[1] à 6.6% ou même celles de l'automne[2] à -5% : adaptation ou redressement de l'économie, seul l'avenir le dira. Pour 12 mois glissants, la Figure 1 montre l'évolution de l'électricité livrée par l'ONEE-BE (triangles bleus), improprement désignée par « consommation » dans certains rapports officiels. Elle se déduit de l'électricité injectée dans le réseau (diamants bleu) après en avoir déduit les pertes dans le réseau de l'ONEE-BE (non‐représentées). L'électricité injectée, quant à elle, résulte de l'électricité produite (carrés bleus) et du solde des échanges import/export (cercles rouges). Sur cette Figure 1, les courbes bleues se réfèrent bien sûr à l'échelle de gauche et la courbe rouge à l'échelle de droite de la même couleur. Figure 1 Evolution de l'électricité produite, échangée, injectée et livrée (12 mois glissants) La Figure 1 montre bien la montée de la production entamée en mi-2018 et achevée à fin 2019 qui a permis une autosuffisance de la production électrique et l'inversion du solde des échanges. Elle est due à la mise en service de parcs éoliens et de la centrale au charbon de Safi. La quasi-totalité des données sont réelles jusqu'au mois de décembre 2020[3], [4], [5], [6] mais la production des deux derniers mois est estimée en tenant compte des variations saisonnières. Les données réelles montrent un « décrochage » visible dès le mois d'avril 2020 mais qui se stabilise dès le mois suivant. Ainsi, à fin 2020 : * la production nette locale terminerait à 38'539 GWh en 2020 (‐3.1% par rapport à 2019), * sa baisse est compensée par un solde importateur des échanges d'électricité à +231 GWh (‐133%), * l'électricité injectée atteindrait tout de même à 38'386 GWh (‐1.2%), * alors que les livraisons de l'ONEE descendraient à 30'369 GWh (‐1.5%). Puisque l'électricité injectée (en noir dans la Figure 1) est trop dépendante de l'évolution des rendements de transport et distribution de l'ONEE-BE[7], les livraisons annuelles d'électricité de l'ONEE-BE sont un meilleur Proxy de la consommation finale d'énergie électrique puisque la surestimation n'est faite qu'aux pertes dans les réseaux des autres distributeurs d'électricité (eux-mêmes globalement supérieurs à 92% mais nous n'en avons pas les détails). La Figure 2 montre comment le PIB annuel des douze dernières années (en Dh constants de 2007) est à 97% corrélé aux livraisons annuelles d'électricité de l'ONEE-BE avec une erreur ne dépassant pas 4.5%. Figure 2 Corrélation entre l'électricité livrée et le PIB en Dh constants La Figure 3 montre l'évolution du PIB (MDh constants de 2007) des 12 derniers mois (cercles bleus) calculé avec la corrélation établie dans la Figure 2 mais sur la base des livraisons d'électricité de l'ONEE-BE durant les 12 mois précédents (et non l'année civile). Le rythme de la croissance annuelle glissante du lissage du PIB est représenté par la courbe rouge sur cette même Figure 3 et se réfère à l'échelle de droite. Figure 3 Evolution du PIB calculé par corrélation des 12 derniers mois et sa croissance La chute du PIB sur 12 mois devrait atteindre -4.2% à la fin de 2020. Ceci met à jour et corrige notre dernière estimation du 9 septembre1 qui était de -6.6% et même la dernière du 11 novembre2 qui était de ‐5.0%. Le PIB lissé devrait donc descendre à 918'751 MDh constants de 2007 au lieu des 956'904 MDh atteints à fin 2019. Y a-t-il une cause dominante à cette « amélioration » ? ‐ Redressement ou adaptation de l'économie au contexte de la crise sanitaire, seul l'avenir le dira. Par Amin BENNOUNA ([email protected]) Références [1] Amin BENNOUNA, "-6.6% d'impact économique de CIVID19 vu à travers la consommation d'électricité de 2020", Webmagazine EcoActu, 10 septembre 2020, https://www.ecoactu.ma/6-6-dimpact-economique-de-covid19-vu-a-travers-la-consommation-delectricite-de-2020/ et https://DOI.ORG/10.13140/RG.2.2.21583.10402 [2] Amin BENNOUNA, "-5.0% d'impact économique de CIVID19 vu à travers la consommation d'électricité de 2020", Webmagazine EcoActu, 11 novembre 2020, https://www.ecoactu.ma/impact-economique-covid-19-electricite/ et https://DOI.ORG/10.13140/RG.2.2.23044.35203 [3] Royaume du Maroc, Ministère de l'Energie, des Mines et de l'Environnement, Portail des statistiques de l'Observatoire Marocain de l'Energie (OME), https://www.observatoirenergie.ma/data/ [4] Royaume du Maroc, Ministère de l'Economie, des Finances, et de la Réforme de l'Administration, Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF), Notes de Conjoncture, http://depf.finances.gov.ma/etudes-et-publications/note-de-conjoncture/ [5] Royaume du Maroc, Ministère de l'Economie, des Finances, et de la Réforme de l'Administration, Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE), Notes de Conjoncture, https://www.finances.gov.ma/fr/Nos-metiers/Pages/notes-conjoncture.aspx [6] Royaume du Maroc, Bank Almaghrib, Revue de la Conjoncture Economique, http://www.bkam.ma/Publications-statistiques-et-recherche/Documents-d-analyse-et-de-reference/Revue-de-la-conjoncture-economique [7] Amin BENNOUNA, "Les 'pertes non-techniques' dans le réseau électrique de l'ONEE engloutissent plus que l'électricité solaire produite à Ouarzazate !", Webmagazine EcoActu, 28 février 2020, https://DOI.ORG/10.13140/RG.2.2.34602.98248