La consommation d'électricité n'est pas seulement une grandeur parfaitement mesurable mais, au Maroc, il se trouve que celle-ci est encore fortement corrélée à la croissance économique d'où l'idée d'utiliser cette grandeur mesurable pour estimer l'évolution du PIB, notamment en cette période de crise. La Figure 1 montre l'évolution de la totalité de l'électricité livrée par l'ONEE durant les 12 mois précédents (en rouge). Celle-ci se déduit de l'électricité injectée dans le réseau national (en noir), après déduction des pertes en réseau (non-représentées). Quant à l'électricité injectée, elle résulte de l'addition algébrique de l'électricité produite (en bleu) et du solde des échanges import/export (en vert). Figure 1 Evolution de l'électricité produite, échangée, injectée et livrée (12 mois glissants) La montée de la production qui s'est établie à partir de mi-2018 et qui a permis une autosuffisance de production électrique et l'inversion du solde des échanges est dû à la mise en service de la centrale au charbon de Safi. Les données sont réelles jusqu'au mois de juin 2020[1], [2], [3] mais les valeurs des six derniers mois sont estimées en tenant compte de variations saisonnières. Les données réelles montrent un léger « décrochage » visible dès le mois d'avril 2020, qui persiste jusqu'en juin 2020 et que nos estimations prolongent à fin 2020 : * la production nette locale terminerait à 38'367 GWh en 2020 (-3.5% par rapport à 2019), * les échanges d'électricité se solderaient légèrement importateur à +431 GWh (-163%), * l'électricité injectée atteindrait à 37'316 GWh (-4.0%), * les livraisons de l'ONEE ne dépasseraient pas 29'384 GWh (-4.7%). Durant les douze dernières années, la Figure 2 montre comment, l'activité économique, en fait le PIB annuel (MDh constants de 2007), est à 97% corrélée aux livraisons annuelles d'électricité de l'ONEE avec une barre d'erreur ne dépassant pas 4%. Même si les livraisons de l'ONEE ne coïncident pas exactement avec la consommation d'énergie électrique, aux pertes dans les réseaux des distributeurs près, elles en représentent un meilleur proxy que l'électricité injectée (en noir dans la Figure 1) qui est trop dépendante de l'évolution des rendements de transport et distribution de l'ONEE[4]. Figure 2 Corrélation entre l'électricité livrée et le PIB en Dh constants La Figure 3 montre l'évolution du PIB (MDh constants de 2007) des 12 derniers mois (en bleu) calculé avec la corrélation établie dans la Figure 2 mais sur la base des livraisons d'électricité de l'ONEE durant les 12 mois précédents (et non l'année civile). Le rythme de la croissance annuelle glissante est représenté en rouge sur cette même Figure 3 et se réfère à l'échelle de droite de la même couleur. Figure 3 Evolution du PIB calculé par corrélation des 12 derniers mois et sa croissance En 2020, le rythme de croissance du PIB sur 12 mois glissants commence à décrocher dès le mois d'avril 2020 pour atteindre -6.6% à la fin de 2020. Références [1] Royaume du Maroc, Ministère de l'Energie, des Mines et de l'Environnement, Portail des statistiques de l'Observatoire Marocain de l'Energie, https://www.observatoirenergie.ma/data/ [2] Royaume du Maroc, Ministère de l'Economie, des Finances, et de la Réforme de l'Administration, Direction des Etudes et des Prévisions Financières, Notes de Conjoncture, http://depf.finances.gov.ma/etudes-et-publications/note-de-conjoncture/ [3] Royaume du Maroc, Bank Almaghrib, Revue de la Conjoncture Economique, http://www.bkam.ma/Publications-statistiques-et-recherche/Documents-d-analyse-et-de-reference/Revue-de-la-conjoncture-economique [4] Amin BENNOUNA, "Les 'pertes non-techniques' dans le réseau électrique de l'ONEE engloutissent plus que l'électricité solaire produite à Ouarzazate !", Webmagazine EcoActu, 28 février 2020, https://DOI.ORG/10.13140/RG.2.2.34602.98248