La consommation d'électricité n'est pas qu'une grandeur physique mesurable puisque, au Maroc, sa forte corrélation à la croissance économique en fait un moyen d'estimer l'évolution du PIB. Pour 12 mois glissants, la Figure 1 montre l'évolution de l'électricité livrée par l'ONEE (rouge). Elle se déduit de l'électricité injectée dans le réseau (noir) par déduction des pertes réseau (non-représentées). L'électricité injectée, résulte de l'électricité produite (bleu) et du solde des échanges import/export (vert). Figure 1 Evolution de l'électricité produite, échangée, injectée et livrée (12 mois glissants) La montée de la production de mi-2018 à fin 2019 et qui a permis une autosuffisance de production électrique et l'inversion du solde des échanges est due à la mise en service de la centrale au charbon de Safi. Les données sont réelles jusqu'au mois de août 2020[1], [2], [3] et celles des six derniers mois sont estimées en tenant compte des variations saisonnières. Les données réelles montrent un léger « décrochage » visible dès le mois d'avril 2020, qui persiste jusqu'en août 2020 et que nos estimations prolongent à fin 2020 : * la production nette locale terminerait à 38'367 GWh en 2020 (-3.5% par rapport à 2019), * les échanges d'électricité se solderaient légèrement importateur à +352 GWh (-151%), * l'électricité injectée atteindrait à 37'918 GWh (-2.4%), * les livraisons de l'ONEE ne dépasseraient pas 29'679 GWh (-3.7%). Durant les douze dernières années, la Figure 2 montre comment, le PIB annuel (Dh constants 2007), est à 97% corrélé aux livraisons annuelles d'électricité de l'ONEE avec une erreur ne dépassant pas 4%. Bien que ne coïncidant avec la consommation finale d'énergie électrique qu'aux pertes des réseaux des distributeurs, elles en sont un meilleur proxy que l'électricité injectée (en noir dans la Figure 1) qui est trop dépendante de l'évolution des rendements de transport et distribution de l'ONEE[4]. Figure 2 Corrélation entre l'électricité livrée et le PIB en Dh constants La Figure 3 montre l'évolution du PIB (MDh constants de 2007) des 12 derniers mois (bleu) calculé avec la corrélation établie dans la Figure 2 mais sur la base des livraisons d'électricité de l'ONEE durant les 12 mois précédents (et non l'année civile). Le rythme de la croissance annuelle glissante est représenté en rouge sur cette même Figure 3 et se réfère à l'échelle de droite de la même couleur. Figure 3 Evolution du PIB calculé par corrélation des 12 derniers mois et sa croissance En 2020, le rythme de croissance du PIB sur 12 mois glissants a commencé à décrocher dès le mois d'avril 2020 pour atteindre -5.0% à la fin de 2020. Ceci met à jour et corrige notre dernière estimation du 9 septembre[5] qui était de -6.6%. Le PIB devrait donc descendre à 908'935 MDh constants de 2007 au lieu des 956'904 réalisés à fin 2019. Par Amin BENNOUNA ([email protected]) Références [1] Royaume du Maroc, Ministère de l'Energie, des Mines et de l'Environnement, Portail des statistiques de l'Observatoire Marocain de l'Energie, https://www.observatoirenergie.ma/data/ [2] Royaume du Maroc, Ministère de l'Economie, des Finances, et de la Réforme de l'Administration, Direction des Etudes et des Prévisions Financières, Notes de Conjoncture, http://depf.finances.gov.ma/etudes-et-publications/note-de-conjoncture/ [3] Royaume du Maroc, Bank Almaghrib, Revue de la Conjoncture Economique, http://www.bkam.ma/Publications-statistiques-et-recherche/Documents-d-analyse-et-de-reference/Revue-de-la-conjoncture-economique [4] Amin BENNOUNA, "Les 'pertes non-techniques' dans le réseau électrique de l'ONEE engloutissent plus que l'électricité solaire produite à Ouarzazate !", Webmagazine EcoActu, 28 février 2020, https://DOI.ORG/10.13140/RG.2.2.34602.98248 [5] Amin BENNOUNA, "-6.6% d'impact économique de COVID19, vu à travers la consommation d'électricité de 2020", Webmagazine EcoActu, 09 septembre 2020, https://DOI.ORG/10.13140/RG.2.2.21583.10402