Depuis longtemps marginalisés, les NEET constituent une bombe à retardement pour l'économie marocaine. Avec la pandémie, ils sont de plus en plus fragilisés et d'où l'urgence de placer ces jeunes au cœur des politiques publiques et notamment de répondre aux lignes directrices de la Constitution du Maroc. L'Observatoire national du développement (ONDH) a exposé, vendredi à Rabat, les résultats de son étude sur la situation des jeunes qui sont sans emploi, hors du système scolaire et ne suivent aucune formation, regroupés sous l'acronyme anglo-saxon NEET (Not in Education, Employment or Training). Réalisée en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), cette étude dont l'enquête qualitative a reposé sur 549 entretiens individuels et 83 groupes de paroles avec des jeunes de 15 à 24 ans au niveau de 23 localités, vise, à travers un diagnostic et une analyse quantitative et qualitative, à comprendre les causes de l'émergence des NEET, d'analyser l'hétérogénéité de leur situations et de formuler des propositions pour leur insertion économique et sociale. Lire également : COVID-19 : LES NEET LAISSES-POUR-COMPTE... JUSQU'À QUAND ? Evoquant les initiatives telles que les établissements de protection sociale, les centres de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, les programmes de réinsertion scolaire et la lutte contre le décrochage scolaire et ceux en faveur de l'autonomisation des femmes, le secrétaire général de l'ONDH El Hassan El Mansouri a mis en lumière l'ambition générale de placer les jeunes au cœur des politiques publiques et notamment de répondre aux lignes directrices de la Constitution du Royaume du Maroc. S'agissant des résultats de l'étude, le secrétaire général a fait savoir que sur 6 millions de jeunes de 15 à 24 ans, le taux des jeunes NEET s'élève en 2019 à 28,5% soit 1,7 million de jeunes, tandis que 55% des jeunes, soit 3,2 millions, poursuivent leurs études, effectuent un stage ou suivent une formation professionnelle. 16,1%, soit 1 million, exercent un métier, sachant que cette catégorie de Marocains rencontre l'extrême difficulté à trouver sa place dans la société. Par ailleurs, sur le plan quantitative, l'étude a identifié cinq profils de NEET, à savoir les femmes au foyer rurales à responsabilité familiale (54,3% des NEET), les jeunes citadins découragés (25%), les NEET en situation de transition (7,8%), les NEET volontaires par choix (7,5%), et les NEET souffrant de problèmes de santé (5,1%), a détaillé M. El Mansouri, précisant que les jeunes femmes représentent 76,4% des NEET dont 36,1% sont ruraux contre seulement 23,3% urbains. Pour sa part, le directeur régional de l'UNICEF pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, Ted Chaiban, a affirmé que la question des NEET est une problématique n'est pas commune qu'au Maroc mais bien partagée par plusieurs pays, en l'occurrence ceux de la région MENA. A ce titre, Chaiban a noté que pour l'UNICEF, la solution réside dans la mise en place d'une approche multisectorielle qui implique à la fois le secteur public et privé, au niveau national et local, et qui soit particulièrement axée sur la situation des jeunes filles et des femmes, notamment dans les régions rurales. Il a, en outre, insisté sur la promotion d'une éducation de qualité, accessible, et à même de pallier à ce phénomène social qui constitue un manque à gagner sur le plan socio-économique. La représentante de l'UNICEF au Maroc, Giovanna Barberis, a, pour sa part, souligné "l'extrême" pertinence qui servira de guide à l'Organisation onusienne dans le cadre de ses programmations futures, mettant l'accent sur la transition démographique du Royaume sur laquelle il est essentiel de capitaliser pour que la jeunesse marocaine se transforme en levier de développement socio-économique du pays.