Une étude officielle publiée cette semaine par l'Observatoire national du développement humain, affilié à la présidence du gouvernement, a révélé une réalité désastreuse que vivent plusieurs jeunes marocains qui, soit ne poursuivent pas leurs études, soit ne suivent aucune formation et n'ont pas de travail. Classée dans la catégorie «NEET» acronyme de «sans emploi, sans études ni formation», cette catégorie comprend les jeunes qui ne poursuivent pas leurs études, ne bénéficient pas d'une formation et ne sont pas sur le marché du travail, ce qui signifie qu'ils ont du mal à trouver une place dans la société. Ainsi, les conclusions de l'étude indiquent que sur 6 millions de jeunes âgés entre 15 et 24 ans, le pourcentage de jeunes qui ne bénéficient pas d'éducation, de travail ou de formation était de 28% en 2019, soit environ 1,7 million de jeunes hommes et femmes. Parmi ces jeunes au statut «NEET», près de 22% sont en position de recherche permanente d'emploi, une situation qui reflète les limites des politiques publiques qui permettent l'insertion dans le système d'éducation et de formation. Dans le rapport, il est indiqué que la région de l'Oriental est celle qui rassemble le plus de ces jeunes avec une moyenne de 34%, suivie de la région de Rabat-Sala-Kénitra 31,34%, la région de Marrakech-Safi 31,19%, la région de Beni Mellal-Khénifra 30,92%, et enfin la région Fès-Meknès qui s'est classée 5è avec 30,04%. Par rapport aux années précédentes, le pourcentage des jeunes sans travail, sans formation ou études était de l'ordre de 31,50% en 2017, 29,10% en 2015 et environ 33,20% en 2012. Il ressort des conclusions de l'étude que la majorité du groupe «NEET» sont des femmes du milieu rural. Ces jeunes femmes représentent environ 76,4% de ce groupe, dont 36,1% d'entre elles sont du milieu rural, contre 23,3% du milieu urbain. L'étude a identifié cinq catégories de «jeunes exclus de l'éducation, du travail et de la formation». Il s'agit de femmes au foyer du milieu rural qui assument des responsabilités familiales (54,3%). Selon l'étude, ce pourcentage élevé est dû au mariage précoce, à la non poursuite des études et à l'analphabétisme au sein de la famille. Les autres catégories identifiées sont des jeunes citadins découragés (25%), qui représentent un danger social pour eux-mêmes et la société, les jeunes en situation de transition (7,8%), les jeunes non scolarisés, n'ayant pas de travail ou formation et volontaires par choix (7,5%), les jeunes sans éducation et sans travail qui souffrent de problème de santé ou en situation de handicap (5,1%). Concernant les raisons de l'émergence du phénomène des jeunes sans formation ni travail au Maroc, l'étude évoque tout d'abord la violence et les mauvais traitements, puis l'échec scolaire et le coût des études, sans oublier la nécessité de travailler pour plusieurs d'entre eux. Cette étude, dont l'enquête qualitative s'appuie sur 549 entretiens individuels et 83 groupes de discussion, a été menée auprès de jeunes âgés entre 15 et 24 ans, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF). L'afflux de jeunes qui n'ont pas achevé leur parcours de formation ou qui ont des compétences faibles conduit à une main-d'œuvre très peu rémunérée et à peu d'opportunités d'acquérir les compétences professionnelles requises par les entreprises, soit une situation qui crée un cercle vicieux dans l'économie souligne la même source. Afin de faire face à ce phénomène social, l'étude a recommandé de fournir une éducation de qualité et accessible, d'assurer l'intégration politique et économique de cette catégorie de jeunes, d'améliorer l'accès à la formation professionnelle pour les jeunes des milieux rurales, de renforcer les soins de santé mentale et de surmonter les difficultés d'apprentissage chez les jeunes les plus vulnérables.