Tebboun ment et insulte l'Espagne    Face à la décrépitude du Polisario, les gangs font régner la terreur dans les camps de Tindouf    Benkirane, Azzami et Bouanou en lice pour le poste de secrétaire général du PJD    Céréales. La FIAC et Takamoul misent sur l'agrégation digitale    Amethis entre au capital de la holding fondée par l'ex-ministre Mamoune Bouhdoud    Charbon. Le trader suisse Flame décroche un nouveau gros contrat avec l'ONEE    Balearia lance sa nouvelle ligne Tarifa–Tanger-Ville début mai    Nadia Fettah Alaoui fait la promotion du potentiel économique du Maroc auprès de l'Hudson Institute    Explosion dans un port en Iran : le bilan grimpe à au moins 28 morts    Coupe de la CAF : la RS Berkane pour confirmer à Constantine    An opponent of Morocco's sovereignty over the Sahara invited to the PJD congress    France : Islamophobic motive suspected in mosque worshipper's murder    Stadium vandalism in Casablanca : A reflection of broader social issues    SIEL 2025 : Le CCME rend hommage à Lalla Khiti Amina Benhachem Alaoui, première journaliste marocaine à la Radiotélévision belge    MAGAZINE : Jamal Boushaba, quatre années d'un aller simple    Pour le ministre nigérien des AE, Le Maroc est un "partenaire essentiel" pour les pays du Sahel    Aziz Akhannouch représente S.M. le Roi aux funérailles du Pape François    Installation des membres du Comité scientifique de la Chaire des études marocaines à l'Université d'Al-Qods    L'Algérie face au miroir de la vérité : mensonges internes et désillusions internationales    CAF / Officiel: Confirmation du nouveau titre de M. Fouzi Lekjaâ    46e Championnat d'Afrique de judo : A la veille de la clôture, le Maroc 2e au tableau des médailles    Une délégation française prospecte les opportunités d'investissement à Dakhla-Oued Eddahab    Hudson Institute. Le Maroc, un partenaire "de confiance, incontournable" des Etats-Unis    Agriculture : le Nigeria déploie un nouveau mécanisme pour stabiliser les prix des produits alimentaires    Températures prévues pour le dimanche 27 avril 2025    Huile d'olive. 12 producteurs primés au SIAM 2025    "Nous avons repensé l'organisation pour améliorer l'accès et valoriser les pôles clés" , Kamal Hidane.    Au moins 400.000 personnes ont assisté aux funérailles du pape    Le temps qu'il fera ce dimanche 27 avril 2025    Fouzi Lekjaa nommé premier vice-président de la CAF    Espagne : le FC Barcelone s'adjuge sa 32è Copa Del Rey    Istanbul anatolienne...quand la ville dévoile son âme    Belgrade : la photographe Dolores Leila Vukanovic rend hommage à la beauté du Maroc    SIEL 2025 : Le Prix National de la Lecture décerné à 10 lauréats    Un opposant à la marocanité du Sahara convié au congrès du PJD    Diaspo #386 : Ayman Ramdani, le sport et la culture pour l'autonomisation des jeunes    Gard : Piste islamophobe dans le meurtre d'un fidèle dans une mosquée    Congrès du Parti de la Justice et du Développement : d'une tribune politique à une plateforme portant atteinte aux constantes nationales    Le congrès du Parti de la Justice et du Développement provoque la colère des Marocains en raison des positions de ses invités    Pâturage nomade et dommages à Agadir : Le PPS interpelle l'Intérieur    Grand Prix Moulay El Hassan : Les anges gardiens du meeting    COMEDIABLANCA : quand l'humour marocain s'affirme comme une force culturelle majeure    500 Médecins Généralistes en Réunion de formation médicale continue à Tanger    La météo pour ce samedi 26 avril    Résultats de la 9ème édition du Grand Prix National de la Presse Agricole et Rurale    SIEL 2025 : Des illustrateurs marocains valorisent le patrimoine de Rabat    La Chine dément toute négociation commerciale avec Washington : pas de consultations ni d'accord en vue    CAN futsal : Le Maroc bat le Cameroun et file en demi-finale    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



45 semaines de COVID-19 au Maroc
Publié dans EcoActu le 12 - 01 - 2021

Les indicateurs de la Covid-19 continuent à aller dans le bon sens, seule notre impatience est à brider !
Concernant l'épidémie de COVID-19 au Maroc, les chiffres officiels indiquent que nous quittons la « zone rouge » de cette « troisième vague » qui, après la petite « deuxième vague » du déconfinement, a été créée par la célébration de l'Aïd El Adha :
* depuis 9 semaines, le taux de positivité a baissé de façon continue (de 23.87% à 8.18% cette semaine) et sa baisse s'est enfin accélérée ; lorsqu'il est calculé sur 7 jours glissants par rapport aux 7 jours précédents, le taux de progression de l'épidémie a vu la limite haute de son intervalle de confiance à 98% passer en dessous de l'unité depuis le vendredi 20/11 mais elle ne régresse dans 51 des 75 Provinces et dans 9 des 12 Régions depuis des durées variant entre 1 et 43 jours,
* depuis 8 semaines, il y a eu baisse continue des nouvelles infections (de 36'396 à 9'386 cette semaine) et du nombre de cas actifs (de 49'800 à 19'893 cette semaine),
* pendant 4 semaines, il y a eu baisse du nombre de décès (de 537 à 245 la semaine précédente), même s'il n'a pas continué à baisser cette semaine puisqu'il s'est arrêté à 258.
Malgré la baisse du nombre d'actifs, la levée de la pression sur les soignants et le désengorgement des services qui s'occupent des cas graves a été est différée puisque :
* même si le rythme des guérisons a dépassé le nombre de nouveaux cas depuis 7 semaines (11'503 cette semaine face à 9'386), leur différence mettra encore du temps à résorber les 19'893 cas actifs,
* corolaire des fortes contaminations du mois de novembre, le nombre de cas graves confirmés COVID19, qui avait oscillé pendant 6 semaines entre 933 et le record de 1'097 atteint le 18/12, commence certes à baisser mais lentement pour l'instant puisqu'il n'est descendu qu'à 665.
Nous le disons déjà depuis le 15 novembre, la baisse du taux de positivité a eu lieu malgré la limitation aux cas « les plus suspects » qui aurait pourtant eu pour effet de l'augmenter. Le nombre de tests hebdomadaires a enfin commencé à remonter depuis 2 semaines après avoir subi une baisse continue depuis la semaine du 05-11/10 (166'299) à la semaine du 20-27/12 (93'834). Certes, nous affirmons depuis longtemps et ne nous lasserons pas de répéter que les chiffres confirment sans réserve que l'on aurait dû interdire la célébration de l'Aïd El Adha qui a dispersé la contamination et en a accéléré le rythme, il y va forcément de l'irresponsabilité ou l'incompétence de quelques mauvais conseillers qu'il serait bon d'écarter. Ceux-ci n'ont pas qu'une partie des morts sur leur conscience mais aussi une partie de l'impact négatif, sur les vivants, des restrictions ayant suivi l'accélération de la contamination de cet été. Les Autorités Sanitaires en ont, semble-t-il, tiré quelque leçon puisqu'elles ont pris des mesures pour limiter les contacts sociaux de célébrations du nouvel an 2021, mais avait-on réellement besoin de les faire durer jusqu'au 14 janvier ?
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[i]. Certes, des voix[ii] les auraient accusées de ne pas refléter la réalité mais ce sont les seules que nous ayons.
Figure 1 Tableau récapitulatif de la situation en fin de semaine
EVOLUTION DES TESTS DE DEPISTAGE COVID-19
Il s'agit ici de tests dits « PCR ». Le Maroc a aussi fait des tests de dépistage en entreprise pendant les dix semaines précédant le 7 septembre 2020, mais depuis cette date c'est le retour au dépistage des seuls cas « suspects » et leurs contacts[iii]. Dans nos rapports des dernières semaines, nous nous sommes toujours inquiétés de l'insuffisance de la capacité de tests. Ceci dit, même la définition des cas « suspects » avait changé une première fois la semaine du 18/05 puisqu'on avait dû quasiment y doubler le nombre de tests hebdomadaires mais cette fois-ci, nous n'avons pas trouvé d'information sur la définition la plus récente des « cas suspects« . A ce sujet, il est intéressant de lire ce qu'on écrit les Professeurs Jamal Eddine Kohen, Lahcen Belyamani et Ahmed Rhassane El Adib sur les stratégies de communication en temps crise sanitaire[iv].
L'évolution des tests réalisés chaque semaine (bleu clair) ainsi que celle de leur total (bleu roi) sont montrées en Figure 1 (l'échelle du graphique de droite est logarithmique de sorte que chaque carreau représente une multiplication par dix). De début juin à début juillet, le nombre de nouveaux tests hebdomadaires se tenait entre 100 et 120'000 par semaine mais la cadence s'est accélérée depuis début août vers 150 à 160'000 par semaine en atteignant un total atteignant 4'614'140 le 10/01 en atteignant 12.83% de la population. Le nombre de tests effectivement réalisés est au moins triple de ceux qui sont représentés puisque, pour être déclaré rétabli, chaque contaminé doit présenter deux tests négatifs.
Même s'il a légèrement encore remonté cette semaine à 114'706, le rythme des tests de dépistage hebdomadaire n'a pas été aussi bas depuis la semaine finissant le 12 juillet (il y a plus de 26 semaines). Depuis son début, nous relevons la moindre baisse du rythme des tests et notre inquiétude, maintenant partagée par d'autres médias2, ne semble toujours pas susciter d'explication de la part autorités sanitaires !
Figure 2 Evolution réelle et simulation journalière (gauche) et hebdomadaire (droite) du nombre de tests
Au vu des expériences asiatiques, nous continuons à penser que non-seulement le nombre de tests mais même la capacité de test actuelle (entre 23 et 24'000 quotidiens, soit 161 à 168'000 hebdomadaires), sont insuffisants au regard du nombre de cas. Plus de tests sont indispensables pour pouvoir détecter et soigner dans les temps sinon la contamination d'abord et les décès ensuite peuvent s'en ressentir. L'arrivée imminente du vaccin ne justifie pas la réduction du nombre de tests car la durée de l'opération de vaccination est suffisante pour faire remonter la contamination à des niveaux inacceptables.
EVOLUTION DES RESULTATS DES TEST
Résultats des tests COVID-19
Le graphique de gauche de la Figure 3 montre l'évolution du nombre de tests et de leurs résultats alors que le graphique de droite en montre la structure. La courbe bleue, se rapportant à l'échelle de droite du graphique de droite, montre l'évolution de la part de la population marocaine testée qui atteint 12.83% ce dimanche 10/01/2021. Plus on teste, plus on peut isoler de porteurs susceptibles de contaminer leurs contacts et moins le virus pourra se propager puisque, semble-t-il, une première contamination immunise pendant au moins six mois[v] et, à date, seulement trois cas de réinfection par COVID-19 auraient été rapportés[vi] depuis le début de l'épidémie. Toutefois, l'immunité grégaire ou collective[vii] nécessite qu'une grande part de la population ait été immunisée, par contamination ou vaccinée, au moins 70% selon l'Institut Pasteur[viii]. Nous sommes encore très loin de ce pourcentage avec le 1,26% de la population que représentent les 452'532 contaminés, supposés immunisés, de ce dimanche 10/01/2021.
Figure 3 Evolution du nombre de tests et de leurs résultats
Le test PCR est fait sur un échantillon de glaire prélevée dans la gorge ou le nez mais encore faut-il que le virus s'y trouve[ix] ? – En effet, la gorge et le nez sont des « points de passage » de COVID-19 avant qu'il ne se niche, si le manque d'immunité du patient le lui permet, dans les poumons qui sont son lieu de prédation. Donc, dans la gorge ou le nez, COVID-19 n'est plus détectable longtemps après l'infection puisqu'il semble qu'on n'y détecte plus de virus viable au-delà de 9 jours après le début de la maladie, même en cas de persistance d'une charge virale élevée[x].
Segmentation des testés positifs
Le graphique de gauche de la Figure 4 montre l'évolution historique du nombre de porteurs de COVID-19 dont les décédés, les rétablis et les actifs (en cours de soin) alors que le graphique de droite montre l'évolution de la segmentation des ces testés positifs. Dans le graphique de droite, la courbe blanche représente l'évolution du pourcentage des tests positifs (échelle de droite). On voit qu'elle s'est déjà infléchie et qu'elle se dirige vers un palier indiquant qu'à terme, autour de 10% des personnes testées au Maroc auraient été positives ; et même si ce pourcentage était celui de la population marocaine immunisée, il serait insuffisant pour atteindre l'immunisation collective.
Figure 4 Evolution historique du cumul des testés positifs et de leur devenir
Dans le graphique de gauche de la Figure 4, les « trois vagues » sont parfaitement visibles sur les cas actifs représentés en couleur orange. Dans le graphique de droite, on voit bien que le pourcentage global des cas actifs, après avoir légèrement augmenté, a repris sa lente décroissance qui devrait, à terme, finir à zéro. Le graphique de droite de la Figure 4 montre bien comment hausse du pourcentage des rétablis (vert) « grignote » le taux des cas actifs (orange). La baisse du taux de positivité hebdomadaire qui tire à la baisse le pourcentage des cas actifs et que nous annoncions dès novembre est établie et continue à tirer vers la bas le pourcentage des cas actifs. Toutefois, la lenteur de cette décroissance du pourcentage des cas actifs permet d'apprécier visuellement la longue durée qui nous sépare encore d'une pseudo-« fin de l'épidémie« . Comment atteindre zéro infection ? – Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans les propos du Pr. Didier Raoult qui, courbe en main, a dit : « La courbe [de contamination] est une courbe en cloche… les épidémies commencent, s'accélèrent, culminent, diminuent puis disparaissent sans qu'on sache pourquoi« . Il faut interpréter ce que ceci signifie dans la bouche de quelqu'un qui a vu plus de nombreuses courbes de contamination épidémique. « Ne pas savoir pourquoi elles disparaissent » traduit l'incompatibilité entre les théories mathématiques pour qui les « courbes en cloche » finissent en diminuant progressivement sans jamais s'annuler alors que les courbes de contamination réelles subissent bien un jour une dégringolade « chaotique » à zéro puisque les épidémies s'arrêtent dès lors que les derniers porteurs ne peuvent plus communiquer le virus à un hôte qui ne soit pas immunisé. Mais encore faut-il les conditions pour que ceci se réalise ce qui ne peut sans doute plus se faire sans immunité collective3.
Depuis déjà plusieurs mois, le dépistage via les clusters est devenu d'autant plus complexe que le Maroc avait déjà atteint 1'121 clusters actifs au 16 septembre[xi] et que ce chiffre est sans doute en forte progression compte tenu des chiffres récents et du fait que le chef du gouvernement n'en annonçait que 467 lors de séance commune des deux Chambres du Parlement, mi-mai 2020. Il est d'ailleurs significatif que les chiffres officiels n'évoquent pratiquement plus le nombre de clusters.
Le contingentement des tests et les chiffres bas des lundis
Le graphique de gauche de la Figure 5 montre l'évolution du nombre quotidien de cas positifs (en diamants bleus se rapportant à l'échelle de gauche) et du taux de positivité des tests de dépistage effectués (en triangles rouges se rapportant à l'échelle de droite).
Figure 5 Evolution du nombre quotidien de cas positifs et du taux de positivité des tests de dépistage effectués
Dans le graphique de gauche de la Figure 5, les symboles des lundis depuis le 10/08 sont volontairement agrandis pour montrer que depuis cette date, il y a une forte baisse du nombre de cas positifs annoncés tous les lundis (diamants bleus agrandis) ! Le même graphique de gauche de la Figure 1 montre, que l'on soit en phase de hausse (le 09/11) ou de baisse du taux de positivité (avant ou après le 09/11), qu'il y a toujours une forte baisse du taux de positivité annoncé tous les lundis (triangles rouges agrandis) qui traduit un contingentement hebdomadaire des profils des personnes testées. Le même phénomène est observé au niveau provincial (comme sur le graphique de droite de la Figure 10). Il fallait bien trouver au moins une explication au fait que les résultats des tests soient beaucoup plus erratiques que la progression réelle du virus (qui ne peut être discontinue). Le graphique de droite de la Figure 5 montre, quant à lui, comment les données des taux positivité deviennent nettement moins fluctuantes dès que les lundis sont « lissés » (reprises dans la Figure 15 plus bas).
Ainsi, même au-delà des raisons médicales (prélèvement) ou biologiques (test) de la détection, les taux de positivité des tests sont aussi influencés par l'organisation de l'infrastructure de test qui inclut elle-même un contingentement hebdomadaire des profils testés, chose que nous suspections depuis le début et qui nous incite à préférer, tant que possible, des fenêtres de temps de 7 jours aux journalières.
Ainsi, à moins que l'on ne change le contingentement des tests, on peut prévoir sans boule de cristal que les nouvelles infections quotidiennes qui seront annoncées le soir de ce lundi prochain seront encore significativement inférieures à celles du dimanche précédent et à celles du mardi suivant.
EVOLUTION DES CHIFFRES DE LA SEMAINE
Décès, guérisons et cas actifs parmi les cas positifs
La Figure 6 montre l'évolution hebdomadaire du nombre de personnes testées positives et, parmi celles-ci, celles qui sont décédées, rétablies ou encore actives (nouveaux cas dans le graphique de gauche et leurs cumul dans celui de droite). Les bons records de cette semaine : le nombre de cas actifs baisse régulièrement depuis 8 semaines.
Figure 6 Evolution hebdomadaire du devenir des testés positifs de la « troisième vague » (nouveaux à gauche et cumul à droite)
Cumulant 452'532, il se confirme 10'721 nouveaux cas face aux 11'067 de la semaine précédente. Se maintenant encore à 19'893, le nombre de cas actifs, qui n'avait pas diminué depuis la semaine du 28/09 a décru 8 semaines d'affilée baissant encore quelque peu, mais de moins ne moins vite, la pression sur les soignants et leurs infrastructures. Heureusement qu'une très large majorité des cas positifs est asymptomatique et ne nécessite qu'un isolement sans hospitalisation.
Certes, les 665 cas actifs graves confirmés COVID19 de ce dimanche 10/01 ne représenteraient qu'un peu moins du tiers des lits COVID, mais la répartition inégale des cas actifs arrive continue sans doute à saturer les ressources des provinces les plus contaminées (75 au total) et il est à craindre que certains médecins aient déjà été mis devant le difficile choix de priorité des soins aux patients. Bien qu'en ce moment, seulement 1 patient sur 40 cas actif soit « grave » et même si la capacité du Maroc en lits dédiés n'a jamais été saturée, les 200 réanimateurs des hôpitaux publics ne permettraient de servir correctement que 400 lits de réanimation, selon le Dr. Jamal Eddine Kohen[xii], Président de la FNAR. Comment fait-on pour servir un millier de patients graves avec une capacité fonctionnelle de 400 ? Le médecin a affirmé que si l'on pouvait additionner les structures de la CNSS, les privées et les militaires, le Maroc pourrait atteindre une capacité fonctionnelle de 700 lits de réanimation. Des voix médicales compétentes, comme celle du Pr. Ahmed Rhassane El Adib[xiii] relèvent l'inadaptation des procédures de diagnostic, de traitement et de suivi des patients à la situation épidémiologique actuelle. Selon ce réanimateur, ces procédures sont mises en œuvre par des ressources humaines démotivées face au nombre croissant de malades et suivent des circuits de diagnostic et de traitement inappropriés et auraient pour effet une difficulté d'accès aux tests, des retards des résultats et donc du retard à débuter les traitements de référence (même pour les patients symptomatiques).
La Figure 7 montre quelques pourcentages qui méritent commentaire.
Figure 7 Evolution hebdomadaire de quelques pourcentages (gauche) et journalière du taux de progression (droite)
Au stade actuel, le graphique de gauche de la Figure 7 enseigne les choses suivantes :
* Abstraction faite de toutes les causes rapportées comme aggravant le risque de décès (âge, obésité, diabète, faiblesses cardiaques ou autres), les statistiques actuelles indiquent que les porteurs de COVID‒19 du Maroc ont eu 1.711% de chance d'en mourir, en moyenne cumulée. Avec une telle létalité le Maroc se maintient à la 96ème sur 191 pays[xiv] (létalité décroissante). Après avoir décru depuis le 12 avril, ce taux de décès cumulé de tous les testés positifs a augmenté depuis 1,50% le dimanche 02 août à 1,88% le dimanche 06 septembre pour amorcer une très lente baisse jusqu'à 1,63% au dimanche 15 août pour remonter très lentement depuis. Si les conditions actuelles continuent, il devrait saturer autour de 1,8%.
* Dès lors qu'il y a suffisamment de critères pour que les protocoles hospitaliers ou les accords de test considèrent un individu comme étant « bon à tester » (pour entourage ou pour symptômes), il y a :
o environ 9.78% de chance d'être porteur de COVID-19, chiffre qui, pour l'instant, continue à remonter lentement depuis les 1,71% atteints le dimanche 19 juillet,
o environ 0.168 % de chance d'en mourir, après avoir baissé depuis la première semaine d'avril, ce chiffre a commencé à remonter lentement de 0.027% depuis dimanche 26/07.
Comme annoncé la semaine dernière et montré dans le graphique de la Figure 7, la décroissance du taux de positivité au test PCR est bel et bien établie (passage significatif d'un pic 23.87% à 8.18% en 7 semaines). La descente à 8.18% est d'autant plus fiable qu'elle a lieu durant une semaine où il y a eu encore plus des tests.
Dans nos rapports des mois d'octobre, nous avions prévu l'augmentation du taux de positivité au test PCR (avant le 01/11 sur la Figure 7) qui est due au fait que l'on ait :
* cessé les tests en milieu professionnel3 qui produisent peu de cas positifs en limitant aux cas « fortement suspects » et leurs contacts2,
* et que, sous la contrainte d'un nombre croissant de « cas suspects« , on en est sans doute venu à limiter le nombre de cas à tester aux plus suspects d'entre eux.
Le graphique de droite de la Figure 7 montre le taux de progression du virus qui permettrait, théoriquement, de connaître le nombre moyen de personnes qu'un porteur contagieux pourrait infecter. Ce taux est le ratio des nouveaux infectés des 7 derniers jours à ceux des 7 précédents (et non plus glissés d'un jour comme précédemment). Ce taux dépend des conditions « offertes » à la propagation de l'épidémie durant la dernière semaine : lorsque le plus probable passe en-dessous de 1, on dit qu'il devient probable que l'infection soit en train de reculer mais dès que la partie haute de l'intervalle de confiance passe en-dessous de 1, on a alors 98% de chance pour que l'infection soit en train de reculer. La limite haute de l'intervalle de confiance du taux de progression de l'épidémie qui était passée en dessous de l'unité depuis le 20 novembre mais elle ne régresse encore que dans 51 des 75 Provinces et dans 9 des 12 Régions depuis des durées variant entre 1 et 43 jours.
Cas sévères, dont ceux intubés, parmi les cas actifs
Le graphique de gauche de la Figure 8 montre l'évolution récente des cas actifs (échelle de droite) et celle du nombre de cas graves et intubés (échelle de gauche) alors que celui de droite montre le nombre de décès rapportés aux cas graves de la veille.
Figure 8 Cas graves par cas actifs et cas intubé par cas graves (gauche) – Décès par cas graves de la veille (droite)
Depuis le 13 juillet 2020, il y aurait eu :
* Un cas grave parmi 80 cas actifs, mais le pourcentage des cas graves parmi les cas actifs a augmenté de plus de moitié de 1.42% (1 sur 70) à 2.50% (1 sur 50) depuis la fin de septembre. Une remontée dangereuse a été observée durant les quatre dernières semaines.
* Des intubations qui ont oscillé autour de 1 cas grave sur 7 mais qui sont passées en dessous de 10% des cas graves depuis mi-octobre. Nous n'avons hélas ni information, ni compétence requise pour expliquer la cause, sans doute heureuse, de ce moindre recours à l'intubation.
* Un décès le lendemain parmi 9 cas graves d'une journée donnée (segment horizontal noir sur le graphique de droite de la Figure 8), mais après avoir augmenté jusque 17-18% vers la fin du mois d'Août, le pourcentage des décès par cas grave de la veille a baissé de presque deux tiers vers 5-6% ce qui est une excellente nouvelle qui ralentit la croissance de la létalité globale citée plus haut.
Répartition des cas positifs à l'échelle Régionale et Provinciale
Le graphique de gauche de la Figure 9 montre la carte de répartition géographique de l'impact (cas par million d'habitants) sur les différentes Provinces et Préfectures du Maroc alors que la courbe qui y est insérés montre la forme de l'évolution du total des vas. Le graphique de droite de la Figure 9 montre, quant à lui, la carte de répartition géographique des cas hebdomadaires et totaux sur les différentes Régions du Maroc alors que l'histogramme qui y est inséré montre le classement de l'impact par Région (en nombre de cas par million d'habitants). Dans cette dernière carte, la taille des cercles augmente avec le nombre de cas.
Figure 9 Répartition Provinciale (gauche) et Régionale (droite) de l'impact et classement des cas positifs et de leur impact
Avec une moyenne nationale encore montée à 12'587 cas par million d'habitants au 10/01 (soit 1.26% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts intermédiaires entre celui des Provinces de Casablanca, la plus impactée avec 37'706 cas par million d'habitants (qui a pris la place de Oued-Ed-Dahab depuis le 26/11), et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée avec 1'414 (graphique de gauche de la Figure 10).
Figure 10 Répartition régionale et classement par impact (gauche) et évolution des cas positifs à Casablanca
La répartition territoriale de l'impact ne semble pas suivre de règle géographique évidente et la variation spatiale de l'impact provincial varie d'un facteur 26.66. Elle se réduit de plus en plus lentement depuis quelques semaines ayant même tendance à stagner bien qu'elle se soit en fait divisée par deux en 86 jours.
En tant que Préfecture la plus peuplée et la plus contaminée (même par habitant), le poumon économique du pays qu'est Casablanca contribue fortement à la contamination du pays (29.8% des cas) et toute amélioration de sa situation ne saurait être sans impact sur le reste. A ce titre, le graphique de droite de la Figure 10 montre l'évolution du nombre total de cas positifs qui y ont été relevés depuis l'Aïd El Adha (diamants bleus), de son lissage (ligne discontinue bleue), du nombre de cas quotidiens qui en découle (ligne continue bleue) et de son accroissement quotidien (ligne continue rouges) qui non seulement a commencé à décroître depuis le 08 novembre mais le fait de plus en vite. Les lissages ne sont pas tirés jusqu'à cette semaine pour éviter les « effets de bord » du lissage.
Le graphique de gauche de la Figure 11 montre l'évolution dans le temps des cas positifs dans les différentes Régions alors que le graphique de droite montre l'évolution du pourcentage représenté par chaque Région.
Figure 11 Evolution du nombre de cas par Région (gauche) et de celle de sa structure (droite)
Par une évolution de plus en plus plate de sa structure, le graphique de droite de la Figure 11 montre que depuis fin novembre 2020, la part de chaque Région dans le total des contaminations tend à se stabiliser.
Le graphique de gauche de la Figure 11 montre qu'en fait le nombre de positifs de plusieurs Régions a connu des « sauts » dus à la découverte des divers foyers épidémiques :
* Darâa-Tafilalet aux 20-26 avril renforcée par une multiplication par 8 depuis début août,
* Guelmim-Oued Noun aux 22-26 avril,
* Rabat-Salé-Kénitra aux 03-13 mai et 18-20 juin,
* Laâyoune-Sakia El Hamra les 20-26 juin,
* Tanger-Tetouan-Assila les 23-26 juin,
* Souss-Massa les 25 juillet–22 août puis les 10-20 septembre.
Même si certains influencent plus significativement le taux de positivité national, le saut du nombre de contaminations le plus spectaculaire a été celui Laâyoune-Sakia El Hamra. Casablanca-Settat a, elle aussi, connu un changement de rythme durant la deuxième moitié de juillet, coïncidant avec les préparatifs de Aïd El Adha. Il semble que les « méga-foyers » professionnels de la « deuxième vague » soient dilués dans la masse puisque la majorité des cas des derniers mois provient des contacts des contaminés et non des dépistages d'anticipation en entreprise (à moins que l'on retrouve de nouveau les capacités de faire les deux).
Nous sommes loin d'être à l'abri compte tenu de la durée d'incubation du virus et de la difficulté à identifier les personnes qui auraient été infectées par les contaminés récents. Identifier et tester les contacts de quelques dizaines de contaminés par jour est une chose alors que le faire pour des milliers nécessite des ressources décuplées et il n'est pas évident que nous les ayons.
Si la concentration géographique des contaminés pose des problèmes d'hospitalisation, elle se prête mieux à l'isolation des zones contaminées et le Maroc avait atteint 1'121 foyers le 16/097 alors que, mi-mai 2020, le chef du gouvernement n'en annonçait que 467 lors de séance commune des deux Chambres du Parlement. Nous allons voir que la célébration de l'Aïd El Adha a contribué à « déconcentrer » la contamination.
La célébration de l'Aïd El Adha a dispersé la contamination et en a accéléré le rythme
Le graphique de droite de la Figure 11 montre que depuis début mai, ce sont toujours les mêmes cinq Régions qui concentrent plus de trois-quarts des cas positifs : Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Fès-Meknès, Marrakech-Safi et Rabat-Salé-Kénitra. Mais il est utile de voir comment cette concentration avait commencé à baisser après l'Aïd El Adha. Le pourcentage de concentration dans les cinq Régions les plus contaminées a décru car de nombreuses Régions « tranquilles » se sont « réveillées » après l'Aïd El Adha. Pour les 5 Régions de Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Fès- Meknes, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, la Figure 12 montre l'évolution le nombre de cas de 7 jours glissants (en vert de rapportant à l'échelle de gauche) et le résultant niveau de concentration des contaminations de 7 jours glissants (en bleu se rapportant à l'échelle de droite).
Figure 12 Contaminations de 7 jours glissants dans les 5 Régions les plus contaminées et leur part
Malgré la transhumance pour vacances annuelles de juillet, le nombre de cas s'est concentré jusqu'à 95% atteints juste avant Aïd El Adha. Depuis lors, malgré la hausse du nombre de cas dans les 5 Régions les plus contaminées, la concentration a baissé jusqu'à mi-septembre, à cause de la contamination des 7 autres Régions. Depuis mi-septembre, l'effet de l'Aïd El Adha s'est s'estompé et la concentration s'est stabilisée à un peu moins de 75% et il semble qu'une nouvelle concentration des cas soit en train de produire depuis fin novembre.
Par ailleurs, la Figure 13 montre le nombre de cas de 7 jours glissants (en vert de rapportant à l'échelle de gauche) et la part résultante des contaminations (en bleu se rapportant à l'échelle de droite) en dehors des 8 Provinces qui avaient été classées en zone rouge le 26 juillet 2020[xv], quelques jours avant l'Aïd El Adha.
Figure 13 Contaminations de 7 jours glissants hors des 8 Provinces classées en zone rouge avant Aïd El Adha et leur part
Malgré la transhumance pour vacances annuelles de juillet, la part des contaminations hors des 8 Provinces est descendue légèrement en dessous de 20% jusqu'à Aïd El Adha avant de dépasser durablement la moitié des contaminations hebdomadaires (pour 72% de la population). Ainsi, en plus des dégâts collatéraux qu'elle a créé, la précipitation au classement en zone rouge à la veille de l'Aïd El Adha des 8 Provinces les plus contaminées n'aura même pas suffi à protéger les Provinces majoritairement rurales comme nous le verrons ci-dessous.
La Figure 14 montre l'évolution du nombre de cas de 7 jours glissants (en vert se rapportant à l'échelle de gauche) et la résultante part des contaminations (en bleu se rapportant à l'échelle de droite) dans les 34 Provinces majoritairement rurales[xvi].
Figure 14 Contaminations de 7 jours glissants dans les 34 Provinces majoritairement rurales et leur part
Ici non plus, la transhumance pour vacances annuelles de juillet n'avait pas augmenté la part d'infection dans les 34 Provinces à majorité rurale. A l'inverse, la part des contaminations dans celles-ci était même en train de descendre jusqu'autour de 7.5% à la veille de l'Aïd El Adha. Puis, la part de la contamination dans ces 34 Provinces rurales (représentant 29.3% de la population) est montée durant les semaines qui suivirent pour atteindre 25% début septembre après quoi, elle a commencé à décroître lentement dès que l'effet des contacts commerciaux et familiaux de l'Aïd El Adha a commencé à s'estomper. Mais l'Aïd El Adha semble avoir laissé des traces irréversibles puisque la part des cas oscille autour de 15% sans vouloir retourner vers ce qu'elle était en Juillet.
Il s'avère donc que non seulement on aurait dû faire les choses autrement mais, surtout, qu'on aurait dû interdire la célébration de Aïd El Adha 1441, comme on a interdit la prière collective du vendredi depuis mars. Certes, l'indiscipline marocaine a un fort impact sur l'évolution de la situation autour de l'Aïd El Adha mais le gouvernement a semble-t-il complètement perdu le sens des priorités en sous-estimant le prix que paierait le pays en cédant au lobby des grands éleveurs de bétail. Il y a sans doute quelque mauvais conseillers ou décideurs qui devraient être écartés et rendre des comptes. Il semble que les Autorités Sanitaires en aient tiré quelque leçon puisque l'on va prendre des mesures pour éviter des célébrations de la fin de l'année 2020 avec trop de contacts sociaux.
SIMULATIONS ET PREVISIONS A COURT TERME
Synthèse des hypothèses des conditions de simulation
Jugeant déraisonnable de simuler directement le nombre de cas positifs dès lors que la cadence des tests avait augmenté trop vite, nous avons modifié graduellement la méthode de prévision. Nous avons d'abord remplacé les « fonctions de Gauss » initialement utilisées par des « fonctions Gamma » qui permettent de mieux traiter des cinétiques différentes en montée et en descente de l'infection.
Ensuite, nous les avons appliquées au taux de positivité quotidien (pourcentage des tests positifs) et non plus directement au nombre de cas positifs. Puis nous les avons progressivement appliquées à chacune des « trois vagues » subies par le Maroc. En effet, à peine étions-nous heureux de la stabilisation de la « première vague » durant la première semaine de juin, que nous avons vu arriver la « deuxième vague » due aux divers foyers professionnels découverts à Lalla Maymouna, Tanger, Casablanca, Safi et ailleurs.
Celle-ci ne s'était même pas encore calmée que nous avons vu arriver la « troisième vague » dans l'énorme réservoir des contacts de contaminés qui s'était alors trouvé gonflé au maximum par la période d'achat et de retrouvailles de Aïd Al Adha. Puis, depuis la fin de la première semaine de septembre, la capacité de tests étant insuffisante, on a cessé les dépistages en milieu professionnel pour ne plus tester, comme au début de la crise, que les cas « fortement suspects » et leurs contacts ce qui a eu pour effet d'augmenter le taux de positivité.
Chacune de ces « trois vagues » a été décrite par une fonction « fonction Gamma » séparée puis une quatrième et une cinquième ont été ajoutées pour bien décrire la dernière phase. Ayant adopté 5 « fonctions Gamma » pour les taux de positivité, il a fallu aussi considérer 5 « fonctions Gamma » pour décrire les décès ainsi que 5 « fonctions de Gauss » pour décrire les guérisons. Le nombre de cas actifs est calculé en ôtant le total des décès et des rétablis du total des cas positifs.
Synthèse graphique des simulations du taux de positivité
La simulation du taux de positivité journalier par les cinq « fonctions Gamma » successives (courbe rouge) est confrontée aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 15 qui révèle l'aspect journalier (à gauche) et l'aspect hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le taux de positivité global alors que les courbes bleues montrent les simulations.
Figure 15 Taux de positivité : Quotidien à gauche – Hebdomadaire à droite
La méthode de simulation adoptée est aussi satisfaisante aux grandes valeurs (entre 20 et 30%), qui prévalaient au début de l'épidémie, qu'aux très faibles valeurs de taux de positivité (inférieures à 1%), qui ont été relevées de fin mai à fin juin 2020. Dans le graphique de droite, le lissage des oscillations journalières par le traitement hebdomadaire permet de mieux apprécier la qualité de la méthode de simulation.
Synthèse graphique des simulations des autres chiffres (positifs, actifs, guéris et décédés)
Dans la Figure 16, on peut voir :
* les valeurs réelles du nombre total de contaminés (diamants bleus) déduits du taux de positivité de la Figure 15 et du nombre de tests de la Figure 1 ainsi que leurs simulations et prévisions extrapolées (trait continu bleu),
* les valeurs réelles du nombre total de guéris (triangles bleus) ainsi que leurs simulations et prévisions extrapolées (trait continu bleu),
* les valeurs réelles du nombre total de décédés (carrés rouges) ainsi que leurs simulations et prévisions extrapolées (trait continu rouge),
* les valeurs réelles (divisées par 10) du nombre de cas actifs (cercles rouges) ainsi que le calcul déduit des simulations et prévisions extrapolées précédentes (trait continu rouge), et, pour l'instant, les simulations indiquent qu'il devrait repasser autour de 1'179 cas actifs à la fin de janvier 2021 (la semaine prochaine dira si ce chiffre optimiste est à conserver).
Figure 16 Total des positifs, guéris, actifs et décédés ainsi que leurs simulations extrapolées (échelle logarithmique à droite)
Avant la « deuxième vague », nos espérions encore ne pas dépasser 8'964 cas de contamination (7'831 selon un rapport du HCP[xvii]) alors que nous en sommes déjà à 432'079 et nous serions sans doute à même d'atteindre 477'023 cas à terme, après avoir ajouté des centaines de milliers de cas additionnels générés par des foyers qui auraient peut-être pu être circonscrits plus tôt si on avait avancé l'accélération des cadences des tests et, surtout, si l'on avait interdit la célébration de Aïd El Adha.
Déduite des variations de la Figure 16, la Figure 17 montre les simulations extrapolées à fin d'année 2020 :
* du nombre de cas positifs quotidiens (à gauche et en trait continu bleu), et sa moyenne devrait descendre autour de 539 contaminations quotidiennes à fin janvier puis à 135 vers fin février 2021,
* du nombre de cas décédés quotidiens (à gauche et en trait continu rouge), et sa moyenne devrait descendre autour de 10 décès quotidiens puis à 3 vers fin février 2021,
* du nombre de cas guéris quotidiens (à gauche et en trait continu vert) qui, après avoir eu son maximum dans la deuxième moitié de novembre 2020, a une moyenne semblant descendre autour de 650 guérisons quotidiennes à fin janvier puis à 77 vers fin février 2021,
* de la variation quotidienne du nombre de cas actifs (à droite et en trait continu bleu) qui a été dans sa phase de variation la plus rapide au mois de décembre 2020.
Figure 17 Simulations et prévisions des positifs, guéris, décédés quotidiens (gauche) et variation des cas actifs (droite)
Synthèse numérique des simulations et leurs extrapolations
Comme montré dans le tableau de la Figure 18, les prévisions basées sur les simulations établies dans les conditions actuelles d'évolution de l'épidémie au Maroc donnent les résultats suivants :
* les infections quotidiennes ont pointé le 17/11/2020 et leur cumul aura un palier à 482'261,
* les décès quotidiens ont pointé le 16/11/2020 et leur cumul aura un palier à 8'189,
* les guérisons quotidiennes ont pointé le 01/12/2020 et leur cumul aura un palier à 474'072 cas.
Figure 18 Tableau récapitulatif des résultats de simulation
Ces projections sont très peu différentes mais à peine plus pessimistes que celles de la semaine dernière.
Il est bien entendu qu'elles seront révisées la semaine prochaine au vu des nouveaux chiffres car, à l'instar de l'anthropologue qui donne la taille d'un individu sur la base de fragments de son squelette, les extrapolations de fonctions mathématiques dont on ne connaît que des fragments sont d'autant plus précises que les fragments d'histoire connus sont grands, le tout étant d'attendre suffisamment pour qu'elles ne soient plus farfelues mais pas trop sinon les prévisions deviennent de l'histoire !
ET POUR TERMINER...
Les deux médecins précédemment cités se sont joints au Président de la Société Marocaine de Médecine d'Urgence, le Pr. Lahcen Belyamani, pour publier un document3 insistant sur la nécessité du recadrage de la communication pendant cette crise sanitaire.
En plus des autres références déjà citées, nous ne saurions trop recommander la lecture du « Bilan des efforts actuels pour lutter contre la COVID-19 au Maroc« [xviii] rédigé par le Dr. Hafid Soualhine et le Dr. Hassan Badrane pour la « Biomatec's COVID-19 Monitoring Task Force ».
L'aplatissement de la courbe de contamination ressemble de plus en plus à un rêve devenu impossible à atteindre après Aïd El Adha puisque le nombre de foyers de contamination est désormais devenu trop diffus et trop épars pour être à la portée d'une approche sécuritaire dans un pays où l'incivisme est la règle.
Ceci étant dit, depuis notre premier rapport hebdomadaire de début avril, nous rappelons qu'« une hirondelle ne fait pas le printemps » et même les évolutions des autres pays nous enseignent que l'on peut même avoir un taux de reproduction en-dessous de l'unité tout en ayant encore des centaines ou même des milliers de nouveaux cas par jour qui pourraient faire repartir l'épidémie en cas de relâchement.
Même si les taux de positivité sont sans doute suffisamment bas pour, à mon humble avis, reprendre sérieusement l'activité économique et laisser les gens retourner gagner leur vie le plus normalement possible, il est nécessaire de faire ce qu'il faut pour « vivre avec ce virus ».
Il faut aussi montrer un minimum de visibilité aux entrepreneurs pour permettre aux gens de gagner leur vie ! La vie humaine n'a certes pas de prix, mais elle a un coût dont les composantes humaines deviennent de moins en moins supportables !
Espérons aussi que toute la lumière sera faite sur les affaires de « méga-clusters » du Gharb et de Safi et que tous les responsables seront jugés et sévèrement punis au moins pour mise en danger volontaire de la vie d'autrui.
L'enquête qui été confiée à la Direction Centrale de la Gendarmerie Royale a déjà abouti à des mises en examen et il faudrait mettre les mis en cause en détention préventive ou au moins faire une saisie conservatoire de leur biens pour les empêcher de les « liquider » et se mettre préventivement en situation d'insolvabilité. Il faut aussi que les victimes et leurs familles se portent partie civiles afin d'être indemnisées au détriment des responsables.
Doit-on rappeler qu'on peut être porteur asymptomatique du COVID-19 (sans aucun symptôme) et le transmettre à toutes les personnes approchées sans précautions, or, à l'instar de beaucoup d'autres pays, le Maroc n'a aucune connaissance du nombre réel de personnes infectées.
Les bons chiffres des quatre premiers mois n'étaient là que parce le confinement avait fortement ralenti la transmission du virus mais il semble maintenant trop tard pour espérer autre chose qu'un amoindrissement de l'accélération de l'épidémie pour éviter une surcharge des structures de soin et les décès additionnels qui s'ensuivraient.
Les chercheurs nous répètent que la peau de ce virus est faite d'une huile qui est diluée par les savons, qu'il se transmet à la bouche, au nez et aux yeux par la salive ou les postillons qui, sans projection (toux), se projettent à moins d'un mètre tout en sachant qu'il ne dure pas plus de quelques heures sur une surface inerte.
En comprenant bien ceci, on saura ce qu'il reste à faire si l'on veut éviter de s'exposer et surtout exposer les autres au risque de contamination. Maintenant, « sortir du hammam (des restrictions) n'est pas aussi simple que d'y rentrer » dit le dicton marocain et on cherche encore un moyen de nous en sortir puisque le proverbe ne dit pas que c'est impossible ! Ceci dit :
* Pourquoi n'a-t-on pas accéléré les tests quelques semaines plus tôt au début de l'épidémie ?
* Pourquoi la cadence de tests a-t-elle baissé depuis mi-novembre à fin décembre ?
* Pourquoi a-t-on, fin juillet, exigé l'exécution immédiate de restrictions qui a précipité une partie de la population vers un risque accru d'accident sur des routes surchargées ?
* Après avoir interdit la prière collective du vendredi, pourquoi n'a-t-on pas d'interdit la célébration de l'Aïd El Adha qui comportait un double risque de création de foyers d'infection (contacts incontrôlables dans les marchés aux bestiaux suivis des regroupements familiaux élargis) ?
* Aurait-on si bien retenu la leçon qu'on a appliqué des restrictions pour nous protéger contre les risques d'une célébration du nouvel an... jusqu'au 14 janvier ? « Point n'en faut, trop n'en faut« , dit le proverbe.
Enfin, peut-on encore se gargariser de « l'exemplarité du Maroc« , malgré les décisions maladroites du gouvernement et l'i
Par Amin BENNOUNA,
[email protected]

[i] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx,
Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapport quotidiens depuis l'arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx
[ii] Hayat Gharbaoui, « Covid. La baisse du nombre de tests quotidiens inquiète les experts« , Webmagazine Médias24, 17 Décembre 2020, https://www.medias24.com/covid-la-baisse-du-nombre-de-tests-quotidiens-inquiete-les-experts-15187.html
[iii] Hayat Gharbaoui, « Fin du dépistage massif en entreprise, place au dépistage ciblé« , Webmagazine « Médias24 », 10 septembre 2020, https://www.medias24.com/fin-du-depistage-massif-en-entreprise-place-au-depistage-cible-12787.html
[iv] Kohen Jamal Eddine, Belyamani Lahcen, Ahmed Rhassane El Adib, « Crises sanitaires et stratégies de communication« , Site web de la Société Marocaine d'Anesthésie, d'Analgésie et de Réanimation (SMAAR), Septembre 2020, https://www.smar.ma/uploads/documents/CriseSanitaireStrateegiesdeCommunication.pdf
[v] Euronews, 23 Juin 2020, "L'immunité aux coronavirus humains pourrait ne durer que six mois selon une nouvelle étude", https://fr.euronews.com/2020/05/27/l-immunite-aux-coronavirus-humains-pourrait-ne-durer-que-six-mois-selon-une-nouvelle-etude
[vi] Rédaction de Médias24, « Le virus va rester parmi nous au moins jusqu'à mars 2021« , Propos de Ahmed Rhassane El Adib, Professeur exerçant en réanimation à Marrakech recueillis par le Webmagazine Médias24, 23 septembre 2020, https://www.medias24.com/pr-adib-le-virus-va-rester-parmi-nous-au-moins-jusqu-a-mars-2021-13079.html?fbclid=IwAR0xHgwnGZbibnx-wX9lIY8dZ5WAAqqBuD-dkF1pUJvHF-yqxFSL9s0hLGY
[vii] Wikipédia, "Définition de l'immunité grégaire", https://fr.wikipedia.org/wiki/Immunit%C3%A9_gr%C3%A9gaire
[viii] Institut Pasteur, "Qu'est-ce que l'immunité collective ?", 15 Avril 2020, https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/qu-est-ce-que-immunite-collective
[ix] Dr. Michel Nahon, Campus numérique de Médecine d'urgence en langue française, Site de Urgences-Online, https://urgences-serveur.fr/covid-19-mise-au-point-quotidienne.html
[x] Marc Gozlan « SARS-CoV-2 : que sait-on de la dynamique de la charge virale, des durées d'excrétion et de contagiosité du virus ?« , Le Monde, 27 Novembre 2020, https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2020/11/27/sars-cov-2-que-sait-on-de-la-dynamique-de-la-charge-virale-des-durees-dexcretion-et-de-contagiosite-du-virus/, citant une article publié dans « The Lancet Microbe » le 19 novembre 2020 (https://doi.org/10.1016/ S2666-5247(20)30172-5),
[xi] Jalil Choukri, « Covid-19 : Plus de 1.100 foyers de contamination actifs au Maroc« , Webmagazine Médias24, 18 septembre 20020, https://www.medias24.com/covid-19-plus-de-1-100-foyers-de-contamination-actifs-au-maroc-12993.html
[xii] Naceureddine Elafrite, « Réanimation: où sont passés les 3.000 lits promis? », Entretien avec le Dr Jamal Eddine Kohen, Président de la Société Marocaine d'Anesthésie, d'Analgésie et de Réanimation et de la Société Marocaine de Médecine d'Urgence, Webmagazine Médias24, 16 août 2020 https://www.medias24.com/reanimation-ou-sont-passes-les-3-000-lits-promis-les-explications-du-dr-kohen-12421.html
[xiii] Ahmed Rhassane El Adib, Professeur exerçant en réanimation à Marrakech, Blog Personnel, le 3 septembre 2020, https://web.facebook.com/177204763007491/posts/692697864791509/?sfnsn=mo&extid=28N6eOW9kz7b7eTC&_rdc=1&_rdr
[xiv] Wikipédia, « Pandémie de Covid-19 par pays et territoire« , https://fr.wikipedia.org/wiki/Pand%C3%A9mie_de_Covid-19_par_pays_et_territoire
[xv] Il s'agit des 8 Provinces : Casablanca, Fès, Marrakech, Meknes, Rabat, Tanger et Tetouan
[xvi] Il s'agit des 34 Provinces dont le taux d'urbanisation est inférieur à 50%. Par ordre de ruralité décroissante il s'agit de : Fahs-Anjra, Aousserd, Chefchaouen, Taounate, Tahannaout, Zagora, Chichaoua, Azilal, Moulay Yacoub, Sidi Bennour, Tinghir, Ouezzane, Essaouira, Sidi Ifni, Kelaat Sraghna, Driouch, Taroudant, Sidi Kacem, Boulemane, Al Hoceima, Benguerir, Chtouka-Aït Baha, Tata, Settat, Youssoufia, Ouarzazate, Taza, Fquih Ben Salah, Sidi Slimane, El Jadida, Midelt, Tiznit, Errachidia, Guercif
[xvii] Haut Commissariat au Plan, « Pandémie COVID19 dans le contexte national », 9 Mai 2020, https://www.hcp.ma/Pandemie-COVID-19-dans-le-contexte-national-Situation-et-scenarios_a2504.html
[xviii] Hafid Soualhine, Hassan Badrane, « Bilan des efforts actuels pour lutter contre la COVID-19 au Maroc« , BIOMATEC (Association de Biologistes Marocains), https://web.facebook.com/groups/521316971887826/


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.