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36 semaines de Covid-19 au Maroc : une légère accélération de l'évolution de tous les chiffres avant sans doute une dégradation
Publié dans EcoActu le 09 - 11 - 2020

Nous continuons encore à payer le prix des achats et des retrouvailles de l'Aïd El Adha qui ont créé cette « troisième vague » de l'épidémie et les 34'237 guérisons de la semaine ne gomment pas le caractère funeste des chiffres de la semaine. D'abord, le nombre de contaminés pointé atteint le record de 5'836 le samedi 07/11 avec 34'237 hebdomadaires durant la même semaine ainsi que son corollaire du nombre d'actifs qui a atteint 42'708 ce dimanche 08/11 après avoir augmenté de 2'235 heureusement, plus lentement que les semaines précédentes.
Le nombre de cas graves a lui aussi pointé à 935 le samedi 07/11 on a enregistré un record à 82 décès le mercredi 04/11. Finis les dépistages en milieu professionnel depuis la première semaine de septembre et il semble qu'on ait dû limiter les tests aux cas « les plus suspects » et leurs contacts et enfin qu'on ait régulièrement allongé la liste des Laboratoires privés récemment appelés à la rescousse.
La limitation aux cas « les plus suspects » a forcément eu pour effet d'augmenter le taux de positivité qui, après avoir atteint un palier, a recommencé à croître depuis environ le 05/10. Certes, nous l'affirmons depuis longtemps, mais tous les derniers chiffres continuent à confirmer sans réserve que l'on aurait dû interdire la célébration de l'Aïd El Adha et il y va forcément de la responsabilité de quelques mauvais conseillers qu'il serait bon d'écarter.
Toutes les données ont été quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé du Maroc[1].
Figure 1 Tableau récapitulatif de la situation en fin de semaine
EVOLUTION DES TESTS DE DEPISTAGE COVID-19
Il s'agit ici de tests dits « PCR ». Le Maroc a aussi fait des tests de dépistage en entreprise pendant les dix semaines précédant le 7 septembre 2020, mais depuis cette date c'est le retour au dépistage des seuls cas « suspects » et leurs contacts[2]. Dans nos rapports des dernières semaines, nous nous sommes toujours inquiétés de l'insuffisance de la capacité de tests. Ceci dit, même la définition des cas « suspects » avait changé une première fois la semaine du 18/05 puisqu'on avait dû quasiment y doubler le nombre de tests hebdomadaires mais cette fois-ci, nous n'avons pas trouvé d'information sur la définition la plus récente des « cas suspects« . A ce sujet, il est intéressant de lire ce qu'on écrit les Professeurs Kohen Jamal Eddine, Belyamani Lahcen, Ahmed Rhassane El Adib sur les stratégies de communication en temps crise sanitaire[3].
L'évolution des tests réalisés chaque semaine (bleu clair) ainsi que celle de leur total (bleu roi) sont montrées en Figure 1 (l'échelle du graphique de droite est logarithmique de sorte que chaque carreau représente une multiplication par dix). De début juin à début juillet, le nombre de nouveaux tests hebdomadaires se tenait entre 100 et 120'000 par semaine mais la cadence s'est accélérée depuis début août vers 150 à 160'000 par semaine en atteignant un total atteignant 3'491'414 le 08/11 (voir graphique de droite de la Figure 1) dépassant 9.8% de la population. Puisque pour être déclarée rétablie, chaque personne contaminée doit présenter deux tests négatifs, le nombre de tests effectivement réalisés est en fait pratiquement le triple de ceux qui sont représentés.
Le rythme des tests de dépistage hebdomadaires baisse depuis maintenant 5 semaines et n'a jamais été aussi bas depuis la fin de juillet a été légèrement plus bas que la moyenne récente.
Figure 2 Evolution réelle et simulation journalière (gauche) et hebdomadaire (droite) du nombre de tests
Face à l'explosion récente du nombre de cas la capacité de test actuelle est insuffisante (entre 23 et 24'000 quotidiens, soit 161 à 168'000 hebdomadaires). A défaut de pouvoir tester pour pouvoir détecter et soigner dans les temps, il n'est pas impossible que la létalité s'en ressente, même si ce n'est pas encore le temps.
EVOLUTION DES RESULTATS DES TEST
Résultats des tests COVID-19
Le graphique de gauche de la Figure 3 montre l'évolution du nombre de tests et de leurs résultats alors que le graphique de droite en montre la structure. La courbe bleue, se rapportant à l'échelle de droite du graphique de droite, montre l'évolution de la part de la population marocaine testée qui dépasse 9.8% ce dimanche 08/11. Plus on teste, plus on peut isoler de porteurs susceptibles de contaminer leurs contacts et plus on a eu de cas contaminés moins le virus pourra se propager puisque, semble-t-il, une première contamination immunise pendant au moins six mois[4] et, à date, seulement trois cas de réinfection par COVID-19 auraient été rapportés[5] depuis le début de l'épidémie. Toutefois, l'immunité grégaire ou collective[6] nécessite qu'une grande part de la population ait été immunisée, par contamination ou vaccinée, au moins 70% selon l'Institut Pasteur[7] (et nous en sommes loin).
Figure 3 Evolution du nombre de tests et de leurs résultats
Le test PCR est fait sur un échantillon de glaire prélevée dans la gorge ou le nez mais encore faut-il que le virus s'y trouve ? – En effet, la gorge et le nez ne sont que les points de passage de COVID-19 avant qu'il ne se niche, s'il le manque d'immunité du patient le lui permet, dans les poumons qui sont son lieu de prédation. Donc, dans la gorge ou le nez, COVID-19 n'est détectable que quelques jours après l'infection mais avant qu'il n'ait accédé aux poumons.
Segmentation des testés positifs
Le graphique de gauche de la Figure 4 montre l'évolution historique du nombre de porteurs de COVID-19 dont les décédés, les rétablis et les actifs (en cours de soin) alors que le graphique de droite montre l'évolution de la segmentation des ces testés positifs. Dans le graphique de droite, la courbe blanche représente l'évolution du pourcentage des tests positifs (échelle de droite).
Figure 4 Evolution historique du cumul des testés positifs et de leur devenir
Le dépistage via les clusters devient d'autant plus complexe que le Maroc avait déjà atteint 1'121 clusters actifs au 16 septembre[8] et que ce chiffre est sans doute en forte progression compte tenu des chiffres récents et du fait que le chef du gouvernement n'en annonçait que 467 lors de séance commune des deux Chambres du Parlement, mi-mai 2020. Il est d'ailleurs significatif que l'on évoque de moins en moins souvent du nombre de clusters.
Dans le graphique de gauche de la Figure 4, les « trois vagues » sont parfaitement visibles sur les cas actifs représentés en couleur orange. Dans le graphique de droite, on voit bien la lenteur de la décroissance actuelle du pourcentage global des cas actifs qui s'est installée depuis mi-août et qui devrait, à terme, finir sur la courbe rouge. L'extrême lenteur de cette décroissance permet d'apprécier la longue durée qui nous sépare encore de la fin de l'épidémie. En fait, depuis deux semaines, elle aurait même tendance à stagner, voire à remonter légèrement !
Le contingentement des tests et les chiffres bas des lundis
Le graphique de gauche de la Figure 5 montre l'évolution du nombre quotidien de cas positifs (en bleu se rapportant à l'échelle de gauche) et du taux de positivité des tests de dépistage effectués (en rouge se rapportant à l'échelle de droite).
Figure 5 Evolution du nombre quotidien de cas positifs et du taux de positivité des tests de dépistage effectués
Dans la Figure 5, on a volontairement agrandi les symboles des lundis depuis le 10/08 pour montrer que depuis cette date, il y a une forte baisse du nombre de cas positifs annoncés tous les lundis (diamants bleus agrandis) ! Certes il y a aussi une légère baisse des tests de dépistage des lundis, non représentés pour alléger le graphique (voir graphique de gauche de la Figure 1), mais la forte baisse du taux de positivité annoncé tous les lundis (triangles rouges agrandis) traduit un contingentement hebdomadaire des profils des personnes testées.
Il fallait bien qu'il y ait une explication au fait que les résultats des tests soient beaucoup plus erratiques que la progression réelle et continue du virus. Ainsi, au-delà même des raisons médicales ou biologiques de la détection, les résultats des tests sont aussi influencés par l'organisation de l'infrastructure de test qui inclut elle-même un contingentement hebdomadaire des profils testés, chose que nous suspections depuis le début et qui nous a incite à préférer, tant que possible, des fenêtres de temps hebdomadaires (ou 7 jours glissants) aux journalières.
A moins que l'on ne change le contingentement des tests, on peut prévoir que les nouvelles infections quotidiennes qui seront annoncées le soir du lundi prochain seront encore nettement inférieures à celles du dimanche précédent ainsi qu'à celles du mardi suivant.
EVOLUTION DES CHIFFRES DE LA SEMAINE
Résumé à l'échelle Nationale
Cette semaine s'est encore produit un double record à 5'836 nouveaux cas positifs quotidiens (le samedi 07/11) et à 34'237 nouveaux cas positifs hebdomadaires.
La Figure 6 montre l'évolution hebdomadaire du nombre de personnes testées positives et, parmi celles-ci, celles qui sont décédées, rétablies ou encore actives (nouveaux cas dans le graphique de gauche et cumul dans celui de droite).
Figure 6 Evolution hebdomadaire du devenir des testés positifs de la « troisième vague » (nouveaux à gauche et cumul à droite)
Cumulant 256'781, il se confirme 34'237 nouveaux cas face aux 25'063 de la semaine précédente. Le nombre de cas actifs, qui n'a pas diminué depuis la semaine du 28/09 a encore augmenté (+8'239) à 42'708 augmentant plus encore que la semaine précédente la pression sur les soignants et leurs infrastructures. Heureusement qu'une très large majorité des cas positifs est asymptomatique et ne nécessite qu'un isolement sans hospitalisation.
Bien que les 933 cas actifs graves de ce dimanche 08/11 (record) ne représentent qu'un peu plus de 36% des 2'590 lits COVID, la répartition inégale des cas actifs arrive sans doute à saturer les ressources des villes les plus contaminées et maintenant, il est à craindre que certains médecins aient déjà été mis devant le difficile choix de priorité des soins aux patients.
Bien qu'en ce moment, un seul cas actif sur 45 soit « grave » (voir plus bas) et même si la capacité du Maroc en lits dédiés n'a jamais été saturée, les 200 réanimateurs du public ne permettraient de servir correctement que 400 lits de réanimation, selon le Dr. Jamal Eddine Kohen[9], Président de la FNAR. Le médecin a ajouté que si l'on pouvait additionner les structures de la CNSS, les privées et les militaires, le Maroc pourrait atteindre une capacité fonctionnelle de 700 lits de réanimation. Des voix médicales compétentes, comme celle du Pr. Ahmed Rhassane El Adib[10] relèvent l'inadaptation des procédures de diagnostic, de traitement et de suivi des patients à la situation épidémiologique actuelle.
Selon ce réanimateur, ces procédures sont mises en œuvre par des ressources humaines démotivées face au nombre croissant de malades et suivent des circuits de diagnostic et de traitement inappropriés et auraient pour effet une difficulté d'accès aux tests, des retards des résultats et donc du retard à débuter les traitements de référence (même pour les patients symptomatiques).
La Figure 7 montre quelques pourcentages qui méritent commentaire.
Figure 7 Evolution hebdomadaire et journalière de quelques pourcentages intéressants
Le graphique de droite de la Figure 7 montre qu'en correspondance avec la légère remontée du taux des cas actifs durant les 4 dernières semaines (cercles oranges), il y a une légère baisse du pourcentage des rétablis (triangles violets). Les trois maximums de la courbe du pourcentage des cas actifs du graphique de droite de la Figure 7 (cercles orange), auxquels correspondent les minimums pourcentages des cas rétablis confirment eux aussi l'existence des « trois vagues ».
Au stade actuel, la Figure 7 enseigne les choses suivantes :
* Abstraction faite de toutes les causes rapportées comme aggravant le risque de décès (âge, obésité, diabète, faiblesses cardiaques ou autres), les statistiques actuelles indiquent que les porteurs de COVID-19 du Maroc ont eu 1.66% de chance d'en mourir, en moyenne cumulée. Après avoir décru depuis le 12 avril, ce taux de décès cumulé de tous les testés positifs a augmenté de 1,50% le dimanche 02 août à 1,88% le dimanche 06 septembre pour amorcer une lente baisse depuis lors et se stabiliser autour de 1.66-1.69% depuis. Même lente, cette baisse de la létalité globale est une excellente nouvelle.
* Dès lors qu'il y a suffisamment de critères pour que les protocoles hospitaliers ou les accords de test considèrent un individu comme étant « bon à tester » (pour entourage ou pour symptômes), il y a :
o environ 7.35% de chance d'être porteur de COVID-19, chiffre qui lui aussi remonte suite à la croissance du taux de positivité hebdomadaire à 23.90%,
o environ 0.122 % de chance d'en mourir, après avoir baissé depuis la première semaine d'avril, ce chiffre a commencé à remonter de 0.027% depuis la semaine du 20-26/07.
Dans nos rapports des trois dernières semaines, nous avions prévu l'augmentation du taux de positivité au test PCR (maintenant à 23.90% sur le graphique de gauche de la Figure 7) qui est dû au fait que l'on ait :
* cessé les tests en milieu professionnel3 qui produisent peu de cas positifs en limitant aux cas « fortement suspects » et leurs contacts2,
* et que, sous la contrainte d'un nombre croissant de « cas suspects« , on en est sans doute venu à limiter le nombre de cas à tester aux plus suspects d'entre eux.
Nombre de cas graves
Le graphique de gauche de la Figure 8 montre l'évolution récente des cas actifs (échelle de droite) et celle du nombre de cas graves et intubés (échelle de gauche) alors que celui de droite montre le pourcentage des cas graves parmi les actifs du jour ainsi que le nombre de décès rapportés aux cas graves de la veille.
Figure 8 Cas graves et cas actifs à gauche – Taux de gravité parmi les actifs et décès parmi les cas graves à droite
En moyenne depuis le 06 juillet 2020, il y aurait eu environ :
* un cas grave parmi 63 cas actifs (à rapprocher du taux de létalité global annoncé plus haut à 1.66%),
* un décès le lendemain parmi les 8 cas graves d'une journée donnée, segment horizontal noir sur le graphique de droite de la Figure 8.
Toutefois, ces comportements moyens ne doivent pas masquer des détails importants, notamment qu'on a sans doute changé quelque protocole puisque :
* Les intubations n'ont suivi ni la croissance du nombre des cas actifs, ni même celle des cas graves parmi eux (graphique de gauche de la Figure 8). Nous n'avons hélas ni information reçue, ni compétence requise pour expliquer la cause de ce moindre usage de l'intubation.
* Après avoir augmenté jusque 17-18% vers la fin du mois d'Août, le pourcentage des décès par cas grave de la veille a baissé de presque moitié vers 8-10% ce qui est une excellente nouvelle qui contribue déjà à baisser la létalité globale citée plus haut.
* Le pourcentage des cas graves parmi les cas actifs a augmenté de plus de moitié de 1.42% à 2.24% depuis la fin de septembre (segments horizontaux rouges dans le graphique de droite de la Figure 8).
Répartition à l'échelle Régionale et Provinciale
Le graphique de gauche de la Figure 9 montre la carte de répartition géographique de l'impact (cas par million d'habitants) sur les différentes Provinces et Préfectures du Maroc alors que la courbe qui y est insérés montre la forme de l'évolution du total des vas. Le graphique de droite de la Figure 9 montre, quant à lui, la carte de répartition géographique des cas hebdomadaires et totaux sur les différentes Régions du Maroc alors que l'histogramme qui y est inséré montre le classement de l'impact par Région (en nombre de cas par million d'habitants). Dans cette dernière carte, la taille des cercles augmente avec le nombre de cas.
Figure 9 Répartition Provinciale (gauche) et Régionale (droite) de l'impact et classement des cas positifs et de leur impact
Avec une moyenne nationale de 7'142 cas par million d'habitants au 08/11, on trouve au Maroc tous les impacts intermédiaires entre celui des Provinces de Oued-Ed-Dahab, la plus impactée avec 25'195 cas par million d'habitants, et celui de Chefchaouen, la moins impactée avec 819 (Figure 10).
Figure 10 Répartition régionale et classement par impact (gauche) et classement (droite) des cas positifs au COVID-19
La répartition territoriale de l'impact ne semble pas suivre de règle géographique évidente et la variation spatiale de l'impact provincial varie d'un facteur 31. Cette variation spatiale de l'impact provincial a tendance à se réduire avec le temps puisqu'elle s'est divisée par deux en 24 jours et par trois en 36 jours.
Le graphique de gauche de la Figure 11 montre l'évolution dans le temps des cas positifs dans les différentes Régions alors que le graphique de droite montre l'évolution du pourcentage représenté par chaque Région.
Figure 11 Evolution du nombre de cas par Région (gauche) et de celle de sa structure (droite)
Le graphique de gauche de la Figure 11 montre qu'en fait le nombre de positifs de plusieurs Régions a connu des « sauts » dus à la découverte des divers foyers épidémiques : Darâa-Tafilalet aux 20-26 avril renforcée par une multiplication par 8 depuis début août, Guelmim-Oued Noun aux 22-26 avril, Rabat-Salé-Kénitra aux 03-13 mai et 18-20 juin, Laâyoune-Sakia El Hamra les 20-26 juin, Tanger-Assila les 23-26 juin.
Même si certains influencent plus significativement le taux de positivité national, le saut du nombre de contaminations le plus spectaculaire a été celui Laâyoune-Sakia El Hamra. Casablanca-Settat a, elle aussi connu un changement de rythme à le deuxième moitié de juillet, coïncidant avec les préparatifs de Aïd El Adha. Il semble que les « méga-foyers » professionnels de la « deuxième vague » soient moins virulents puisque la quasi-totalité des cas des derniers mois proviennent maintenant des contacts des contaminés et non des dépistages d'anticipation en entreprise (à moins que l'on ait de nouveau les capacités de faire les deux).
Nous sommes loin d'être à l'abri compte tenu de la durée d'incubation du virus et de la difficulté à identifier les personnes qui auraient été infectées par les contaminés récents. Identifier et tester les contacts de quelques dizaines de contaminés par jour est une chose alors que le faire pour plus d'un millier nécessite des ressources décuplées : il n'est pas évident que nous les ayons.
Si la concentration géographique des contaminés pose des problèmes d'hospitalisation, elle se prête mieux à une l'isolation des zones contaminées alors que le Maroc à atteint 1'121 foyers depuis le 16/097 alors que, mi-mai 2020, le chef du gouvernement n'en annonçait que 467 lors de séance commune des deux Chambres du Parlement.
Tout indique que la célébration de l'Aïd El Adha ait accéléré le rythme de contamination
Le graphique de droite de la Figure 11 montre que depuis début mai, ce sont toujours les mêmes cinq Régions qui concentrent plus de trois-quarts des cas positifs : Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Fès-Meknès, Marrakech-Safi et Rabat-Salé-Kénitra. Mais il est utile de voir comment cette concentration avait commencé à baisser après l'Aïd El Adha.
Le pourcentage de concentration dans les cinq Régions les plus contaminées a décru car de nombreuses Régions « tranquilles » se sont « réveillées » après l'Aïd El Adha. Pour les 5 Régions de Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Fès- Meknes, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, la Figure 12 montre l'évolution le nombre de cas de 7 jours glissants (en vert de rapportant à l'échelle de gauche) et le résultant niveau de concentration des contaminations de 7 jours glissants (en bleu se rapportant à l'échelle de droite).
Figure 12 Contaminations de 7 jours glissants dans les 5 Régions les plus contaminées et leur part
Malgré la transhumance pour vacances annuelles de juillet, le nombre de cas s'est concentré jusqu'à 95% atteints juste avant Aïd El Adha. Depuis lors, malgré la hausse du nombre de cas dans les 5 Régions les plus contaminées, la concentration a baissé jusqu'à mi-septembre, à cause de la contamination des 7 autres Régions. Depuis mi-septembre, l'effet de l'Aïd El Adha a commencé à s'estomper et la concentration s'est stabilisée.
Par ailleurs, la Figure 13 montre le nombre de cas de 7 jours glissants (en vert de rapportant à l'échelle de gauche) et la résultante part des contaminations (en bleu se rapportant à l'échelle de droite) en dehors des 8 Provinces qui avaient été classées en zone rouge le 26 juillet 2020[11], quelques jours avant l'Aïd El Adha.
Figure 13 Contaminations de 7 jours glissants hors des 8 Provinces classées en zone rouge avant Aïd El Adha et leur part
Malgré la transhumance pour vacances annuelles de juillet, la part des contaminations hors des 8 Provinces est descendue au voisinage de 20% jusqu'à Aïd El Adha avant de dépasser la moitié des contaminations hebdomadaires (pour 72% de la population). Ainsi, en plus des dégâts collatéraux qu'il a créés, le classement en zone rouge à la veille de l'Aïd El Adha des 8 Provinces les plus contaminées n'aura même pas suffi à protéger les Provinces majoritairement rurales comme nous le verrons ci-dessous.
La Figure 14 montre l'évolution le nombre de cas de 7 jours glissants (en vert se rapportant à l'échelle de gauche) et la résultante part des contaminations (en bleu se rapportant à l'échelle de droite) dans les 34 Provinces majoritairement rurales[12].
Figure 14 Contaminations de 7 jours glissants dans les 34 Provinces majoritairement rurales et leur part
Ici non plus, la transhumance pour vacances annuelles de juillet n'avait pas augmenté la part d'infection dans les 34 Provinces à majorité rurale. A l'inverse, la part des contaminations dans celles-ci était même en train de descendre jusqu'autour de 8% à la veille de l'Aïd El Adha. Puis, la part de la contamination dans ces 34 Provinces rurales (représentant 29.3% de la population) est montée durant les semaines qui suivirent pour atteindre 25% début septembre après quoi, elle a commencé à décroître lentement dès que l'effet des contacts commerciaux et familiaux de l'Aïd El Adha a commencé à s'estomper. Mais Aïd El Adha semble avoir laissé des traces irréversibles puisque la part des cas semble vouloir stagner autour de 15% et ne pas retourner vers ce qu'elle était en Juillet.
Il s'avère donc que non seulement on aurait dû faire les choses autrement mais, surtout, qu'on aurait dû interdire la célébration de Aïd El Adha 1441, comme on a interdit la prière collective du vendredi depuis mars. Certes, l'indiscipline marocaine a un fort impact sur l'évolution de la situation autour de l'Aïd El Adha mais le gouvernement a semble-t-il complètement perdu le sens des priorités en sous-estimant le prix que paierait le pays en cédant au lobby des grands éleveurs de bétail. Il y a sans doute quelque mauvais conseillers ou décideurs qui devraient être écartés et rendre des comptes.
SIMULATIONS ET PREVISIONS A COURT TERME
Bref résumé des hypothèses et conditions de simulation
Jugeant déraisonnable de simuler directement le nombre de cas positifs dès lors que la cadence des tests avait augmenté trop vite, nous avons modifié graduellement la méthode de prévision. Nous avons d'abord remplacé les « fonctions de Gauss » initialement utilisées par des « fonctions Gamma » qui permettent de mieux traiter des cinétiques différentes en montée et en descente de l'infection.
Ensuite, nous les avons appliquées au taux de positivité quotidien (pourcentage des tests positifs) et non plus directement au nombre de cas positifs. Puis nous les avons progressivement appliquées à chacune des « trois vagues » subies par le Maroc. En effet, à peine étions-nous heureux de la stabilisation de la « première vague » durant la première semaine de juin, que nous avons vu arriver la « deuxième vague » due aux divers foyers professionnels découverts à Lalla Maymouna, Tanger, Casablanca, Safi et ailleurs.
Celle-ci ne s'était même pas encore calmée que nous avons vu arriver la « troisième vague » dans l'énorme réservoir des contacts de contaminés qui s'était alors trouvé gonflé au maximum par la période d'achat et de retrouvailles de Aïd Al Adha. Puis, depuis la fin de la première semaine de septembre, la capacité de tests étant insuffisante, on a cessé les dépistages en milieu professionnel pour ne plus tester, comme au début de la crise, que les cas « fortement suspects » et leurs contacts ce qui a eu pour effet d'augmenter le taux de positivité.
Chacune de ces « trois vagues » a été décrite par une fonction « fonction Gamma » séparée puis une quatrième et une cinquième ont été ajoutées pour bien décrire la dernière phase. Ayant adopté 5 « fonctions Gamma » pour les taux de positivité, il a fallu aussi considérer 5 « fonctions Gamma » pour décrire les décès ainsi que 5 « fonctions de Gauss » pour décrire les guérisons. Le nombre de cas actifs est calculé en ôtant le total des décès et des rétablis du total des cas positifs.
Taux de positivité
La simulation du taux de positivité journalier par les cinq « fonctions Gamma » successives (courbe rouge) est confrontée aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 15 qui révèle l'aspect journalier (à gauche) et l'aspect hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le taux de positivité global alors que les courbes bleues montrent les simulations.
Figure 15 Taux de positivité : Quotidien à gauche – Hebdomadaire à droite
La méthode de simulation adoptée est aussi satisfaisante aux grandes valeurs (entre 20 et 30%), qui prévalaient au début de l'épidémie, qu'aux très faibles valeurs de taux de positivité (inférieures à 1%), qui ont été relevées de fin mai à fin juin 2020. Dans le graphique de droite, le lissage des oscillations journalières par le traitement hebdomadaire permet de mieux apprécier la qualité de la méthode de simulation durant chacune des « trois vagues ».
Dans nos rapports des deux dernières semaines, nous avions prévu l'augmentation du taux de positivité au test PCR qui est sans doute dû à l'argumentaire décrit plus haut.
Autres chiffres (cas positifs, cas actifs, guérisons et décès)
Dans la Figure 16, on peut voir :
* les valeurs réelles du nombre total de contaminés (diamants bleus, rapportés à l'échelle de gauche) déduits du taux de positivité de la Figure 15 et du nombre de tests de la Figure 1 ainsi que leurs simulations et prévisions extrapolées (trait continu bleu),
* les valeurs réelles du nombre total de guéris (triangles bleus, rapportés à l'échelle de gauche) ainsi que leurs simulations et prévisions extrapolées (trait continu bleu),
* les valeurs réelles du nombre total de décédés (carrés rouges, rapportés à l'échelle de droite) ainsi que leurs simulations et prévisions extrapolées (trait continu rouge),
* les valeurs réelles (divisées par 10) du nombre de cas actifs (cercles rouges, rapportés à l'échelle de droite) ainsi que le calcul déduit des simulations et prévisions extrapolées précédentes (trait continu rouge).
Figure 16 Total des positifs, guéris, actifs et décédés ainsi que leurs simulations extrapolées (échelle logarithmique à droite)
Avant la « deuxième vague », nos espérions encore ne pas dépasser 8'964 cas de contamination (7'831 selon un rapport du HCP[13]) alors que nous en sommes déjà à 256'781 et nous serions sans doute à même d'atteindre 330'000 cas à terme après avoir ajouté près de 321'000 cas additionnels dus à des foyers qui auraient peut-être pu être circonscrits plus tôt si on avait anticipé l'accélération de la cadence des tests et, surtout, si l'on avait interdit la célébration de Aïd El Adha.
Dans la Figure 17, on peut voir :
* les valeurs réelles du nombre de contaminations quotidiennes (diamants bleus, rapportés à l'échelle de gauche) déduits de la variation de la Figure 16 ainsi que sa simulation et prévision extrapolée (trait continu bleu),
* les valeurs réelles du nombre de guérisons quotidiennes (triangles verts, rapportés à l'échelle de gauche) ainsi que sa simulation et prévision extrapolée (trait continu vert),
* les valeurs réelles du nombre total de décès quotidiens (carrés rouges, rapportés à l'échelle de droite) ainsi que sa simulation et prévision extrapolée (trait continu rouge).
Figure 17 Positifs, guéris et décédés quotidiens ainsi que leurs simulations extrapolées
Synthèse des simulations et leurs extrapolations
Comme montré dans le tableau de la Figure 18, les prévisions basées sur les simulations établies dans les conditions actuelles d'évolution de l'épidémie au Maroc donnent les résultats suivants :
* les infections quotidiennes devraient pointer le 09/11/2020 et leur cumul avoir un palier à 333'358,
* les décès quotidiens auraient pointé le 30/10/2020 et leur cumul avoir un palier à 5'188,
* les guérisons quotidiennes devraient pointer le 10/11/2020 et leur cumul avoir un palier à 328'170 cas,
* en conséquence, les actifs pourraient pointer à 42'500 cas le 09/11/2020, et pourraient mener à 952 cas graves si l'on considère un taux de gravité de 2.24%.
Figure 18 Tableau récapitulatif des résultats de simulation
Ces simulations sont légèrement majorées par rapport à celles de la semaine dernière, il n'est pas impossible qu'elles se dégradent la semaine prochaine, notamment à cause de la dégradation en fin de cette semaine. Il est bien entendu qu'elles seront révisées la semaine prochaine au vu des nouveaux chiffres car, à l'instar de l'anthropologue qui donne la taille d'un individu sur la base de fragments de son squelette, les extrapolations de fonctions mathématiques dont on ne connaît que le pied sont d'autant plus hasardeuses que les fragments d'histoire connus sont petits, le tout étant d'attendre suffisamment pour qu'elles ne soient pas farfelues mais pas trop sinon les prévisions deviennent de l'histoire !
ET POUR TERMINER...
Les deux médecins précédemment cités se sont joints au Président de la Société Marocaine de Médecine d'Urgence, le Pr. Lahcen Belyamani, pour publier un document3 insistant sur la nécessité du recadrage de la communication pendant cette crise sanitaire.
En plus des autres références déjà citées, nous ne saurions trop recommander la lecture du « Bilan des efforts actuels pour lutter contre la COVID-19 au Maroc« [14] rédigé par le Dr. Hafid Soualhine et le Dr. Hassan Badrane pour la « Biomatec's COVID-19 Monitoring Task Force ».
Comment atteindre zéro infection ? – Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans les propos du Pr. Didier Raoult qui, courbe en main, a dit : « La courbe [de contamination] est une courbe en cloche… les épidémies commencent, s'accélèrent, culminent, diminuent puis disparaissent sans qu'on sache pourquoi« . Il faut interpréter ce que ceci signifie dans la bouche de quelqu'un qui a vu plus de nombreuses courbes de contamination épidémique.
« Ne pas savoir pourquoi elles disparaissent » traduit l'incompatibilité entre les théories mathématiques pour qui les « courbes en cloche » finissent en diminuant progressivement sans jamais s'annuler alors que les courbes de contamination réelles subissent bien un jour une dégringolade « chaotique » à zéro puisque les épidémies s'arrêtent dès lors que les derniers porteurs ne peuvent plus communiquer le virus à un hôte qui ne soit pas immunisé.
Mais encore faut-il les conditions pour que ceci se réalise ce qui ne peut sans doute plus se faire sans immunité collective3. L'aplatissement de la courbe de contamination ressemble de plus en plus à un rêve devenu impossible à atteindre après Aïd El Adha puisque le nombre de foyers de contamination semble désormais devenu trop diffus et trop épars pour être à la portée d'une approche sécuritaire dans un pays où l'incivisme est la règle.
Ceci étant dit, depuis notre premier rapport hebdomadaire de début avril, nous rappelons qu'« une hirondelle ne fait pas le printemps » et même les évolutions des autres pays nous enseignent que l'on peut même avoir un taux de reproduction en-dessous de l'unité tout en ayant encore des centaines ou même des milliers de nouveaux cas par jour qui pourraient faire repartir l'épidémie en cas de relâchement.
Même si les taux de positivité sont sans doute suffisamment bas pour, à mon humble avis, reprendre sérieusement l'activité économique et laisser les gens retourner gagner leur vie le plus normalement possible, il est nécessaire de faire ce qu'il faut pour « vivre avec ce virus ». Il faut aussi montrer un minimum de visibilité aux entrepreneurs pour permettre aux gens de gagner leur vie ! La vie humaine n'a certes pas de prix, mais elle a un coût dont les composantes humaines deviennent de moins en moins supportables !
Espérons aussi que toute la lumière sera faite sur les affaires de « méga-clusters » du Gharb et de Safi et que tous les responsables seront jugés et sévèrement punis au moins pour mise en danger volontaire de la vie d'autrui. L'enquête qui été confiée à la Direction Centrale de la Gendarmerie Royale a déjà abouti à des mises en examen et il faudrait mettre les mis en cause en détention préventive ou au moins faire une saisie conservatoire de leur biens pour les empêcher de les « liquider » et se mettre préventivement en situation d'insolvabilité. Il faut aussi que les victimes et leurs familles se portent partie civiles afin d'être indemnisées au détriment des responsables.
Doit-on rappeler qu'on peut être porteur asymptomatique du COVID-19 (sans aucun symptôme) et le transmettre à toutes les personnes approchées sans précautions, or, à l'instar de beaucoup d'autres pays, le Maroc n'a aucune connaissance du nombre réel de personnes infectées.
Les bons chiffres des quatre premiers mois n'étaient là que parce le confinement avait fortement ralenti la transmission du virus mais il semble maintenant trop tard pour espérer autre chose qu'un amoindrissement de l'accélération de l'épidémie pour éviter une surcharge des structures de soin et les décès additionnels qui s'ensuivraient.
Les chercheurs nous répètent que la peau de ce virus est faite d'une huile qui est diluée par les savons, qu'il se transmet à la bouche, au nez et aux yeux par la salive ou les postillons qui, sans projection (toux), se projettent à moins d'un mètre tout en sachant qu'il ne dure pas plus de quelques heures sur une surface inerte. En comprenant bien ceci, on saura ce qu'il reste à faire si l'on veut éviter de s'exposer et surtout exposer les autres au risque de contamination. Maintenant, « sortir du hammam (du confinement) n'est pas aussi simple que d'y rentrer » dit le dicton marocain et on cherche encore un moyen de nous en sortir puisque le proverbe ne dit pas que c'est impossible ! Ceci dit :
* Pourquoi n'a-t-on pas accéléré les tests quelques semaines plus tôt ?
* Pourquoi a-t-on pris une décision à fin juillet qui a précipité une partie de la population vers un risque accru d'accident sur des routes surchargées ?
* Après avoir interdit la prière collective du vendredi, pourquoi n'a-t-on pas d'interdit la célébration de l'Aïd El Adha qui comportait un double risque de création de foyers d'infection (contacts dans des marchés aux bestiaux incontrôlables suivis des regroupements familiaux élargis) ?
* Peut-on encore parler « d'exemplarité du Maroc« , eu égard aux évènements des dernières semaines, notamment les décisions maladroites du gouvernement face à une population très indisciplinée ?
Par Amin BENNOUNA, [email protected]
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx, Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapport quotidiens depuis l'arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx
[3] Kohen Jamal Eddine, Belyamani Lahcen, Ahmed Rhassane El Adib, "Crises sanitaires et stratégies de communication", Site web de la Société Marocaine d'Anesthésie, d'Anelgésie et de Réanimation (SMAAR), Septembre 2020, https://www.smar.ma/uploads/documents/CriseSanitaireStrateegiesdeCommunication.pdf
[4] Euronews, 23 Juin 2020, "L'immunité aux coronavirus humains pourrait ne durer que six mois selon une nouvelle étude", https://fr.euronews.com/2020/05/27/l-immunite-aux-coronavirus-humains-pourrait-ne-durer-que-six-mois-selon-une-nouvelle-etude
[6] Wikipédia, "Définition de l'immunité grégaire", https://fr.wikipedia.org/wiki/Immunit%C3%A9_gr%C3%A9gaire
[7] Institut Pasteur, "Qu'est-ce que l'immunité collective ?", 15 Avril 2020, https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/qu-est-ce-que-immunite-collective
[10] Ahmed Rhassane El Adib, Professeur exerçant en réanimation à Marrakech, Blog Personnel, le 3 septembre 2020, https://web.facebook.com/177204763007491/posts/692697864791509/?sfnsn=mo&extid=28N6eOW9kz7b7eTC&_rdc=1&_rdr
[11] Il s'agit des 8 Provinces : Casablanca, Fès, Marrakech, Meknes, Rabat, Tanger et Tetouan
[12] Il s'agit des 34 Provinces dont le taux d'urbanisation est inférieur à 50%. Par ordre de ruralité décroissante il s'agit de : Fahs-Anjra, Aousserd, Chefchaouen, Taounate, Tahannaout, Zagora, Chichaoua, Azilal, Moulay Yacoub, Sidi Bennour, Tinghir, Ouezzane, Essaouira, Sidi Ifni, Kelaat Sraghna, Driouch, Taroudant, Sidi Kacem, Boulemane, Al Hoceima, Benguerir, Chtouka-Aït Baha, Tata, Settat, Youssoufia, Ouarzazate, Taza, Fquih Ben Salah, Sidi Slimane, El Jadida, Midelt, Tiznit, Errachidia, Guercif
[13] Haut Commissariat au Plan, "Pandémie COVID19 dans le contexte national", 9 Mai 2020, https://www.hcp.ma/Pandemie-COVID-19-dans-le-contexte-national-Situation-et-scenarios_a2504.html
[14] Hafid Soualhine, Hassan Badrane, "Bilan des efforts actuels pour lutter contre la COVID-19 au Maroc", BIOMATEC (Association des Biologistes Marocains), https://web.facebook.com/groups/521316971887826/


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