Le Maroc est un empire qui écrit son histoire depuis douze siècles avec sagesse, à la plénitude d'un soleil couchant qui caresse ses monts, ses plaines et son Sahara. Un empire dont les racines se prolongent dans les profondeurs de son africanité, et de ses branches éclot un diadème de roses aux arômes multiculturelles. Le Maroc, fidèle à ses coutumes et us de tolérance, de discernement et aussi de lion qui rugit pour défendre l'intégrité de son territoire, sans omettre d'assister son voisin lors de sa guerre d'indépendance, a su toujours être un fin diplomate dans l'échiquier politique mondial du temps de la guerre froide et après la chute du Mur... Il a par ailleurs toujours œuvré pour une solution juste et équitable tout en étant l'épaule et le soutien de la Palestine. Aujourd'hui encore, le Royaume Chérifien sans l'ombre d'un doute maintient son soutien à la Palestine avec la solution réaliste de deux Etats, que les Palestiniens proclament et réclament depuis les accords de paix d'Oslo en 1993 et notamment le statut inébranlable d'Al Qods. Le Maroc, comme tout Etat jaloux de sa souveraineté dans l'arène internationale, veille à préserver ses intérêts et à reconnaître ses amis et ses ennemis, sans jamais abandonner ni ses principes ni ses territoires. La dernière crise de Guergarat nous le rappelle si bien. Le réalisme politique est le maître mot de nos jours et la voie qu'emprunte le Maroc ne fait que conforter sa vision d'une paix durable au Proche-Orient et aussi sa position inamovible de n'abandonner aucun grain de sable de son Sahara. Il est à mon sens judicieux de scruter le long de cet article les théories des Relations Internationales, pour comprendre un tant soit peu, le choix clair et sans détour du Maroc devant un voisin, qui depuis plus d'un demi-siècle a usé de la théorie réaliste, tout en miroitant la théorie de l'ennemi de Carl Schmitt (Voir article), pour asseoir le pouvoir oligarchique d'une junte politico-militaire et semer le trouble au Maroc sans jamais arriver à ses fins. Les théories des relations internationales se présentent sous deux grands volets : d'une part, les théories générales classiques, qui se déclinent aux nombre de trois, notamment le réalisme, le libéralisme, et le marxisme ; et d'autre part, les théories générales néoclassiques divisées, elles aussi, en trois théories, à savoir : le néoréalisme, le néolibéralisme, et le néo marxisme. Le réalisme, reste quant à lui, la théorie la plus prépondérante dans les relations internationales, qui a marqué les siècles passés, surtout le XXème siècle et notre siècle présent. Le réalisme, selon Braillard, part du principe qui considère que l'humain et les rapports sociaux, notamment les relations politiques, sont tels qu'ils sont et non tels que l'on voudrait qu'ils soient au nom d'un idéal[1]. Pour les réalistes, les Relations Internationales sont des rapports diplomatiques et stratégiques que les Etats souverains entretiennent entre eux en dehors des organisations internationales. Plusieurs caractéristiques définissent lesdites relations ; la rivalité en est la première, car, chaque Etat vise toujours à défendre et accroître sa puissance politique et militaire. Ensuite, la puissance est inégalement répartie au sein de la société internationale. Enfin, les Etats n'admettent pas de se soumettre à une autorité centrale qui les obligerait à coopérer entre eux. Pour toutes ces raisons, la société internationale est anarchique, et non pas parce qu'elle est entièrement dépourvue d'ordre et livrée totalement à la violence.[2] Pour comprendre ce dogme réaliste, il faut remonter à l'antiquité avec le philosophe grec Thucydide (471-400 av J.-C), considéré comme précurseur avec son ouvrage « Histoire de la guerre Péloponnèse », où il analyse les fondements de la puissance militaire et politique d'Athènes et Spartes, et de l'agressivité de l'un envers l'autre, pendant la guerre qui les a opposées pendant 28 ans. Ensuite, viennent les fondateurs attitrés de cette philosophie réaliste, que sont Nicolas Machiavel au XV- XVIème siècle et Thomas Hobbes au XVIIème siècle. Pour ces deux penseurs, c'est la loi de la jungle qui détermine les rapports interétatiques. Le plus fort impose sa volonté au plus faible. Les hommes sont alors des êtres animés d'un instinct inné de domination et de puissance qui les porte à rivaliser entre eux pour l'acquisition de la richesse, du pouvoir et du prestige... Par ailleurs, cette lutte se décline impérativement par la victoire de ceux qui possèdent des attributs de leur naissance (force physique, capacités intellectuelles, milieu familial plus favorisé), ou des chances que leur a procuré l'existence, ou des ressources supérieures aux autres. Ainsi, la nature et la conduite des Etats ne différent pas de celles des hommes qui les dirigent. Les Etats sont animés d'une volonté de puissance et de conquête qui les incite à rivaliser constamment entre eux. Les Etats étant inégaux, certains étant avantagés par la distribution naturelle inégale des ressources géographiques, économiques, démographiques et autres, ou plus aptes à utiliser efficacement la force militaire et la diplomatie, cette rivalité conduit in fine à la domination des plus faibles par les plus forts.[3] L'Algérie, ou plutôt ses dirigeants ont cru pendant une période que les attributs de leurs ressources naturelles, et le jeu biaisé dans l'arène des grands au temps d'une guerre froide révolue, allaient leur procurer une domination dans la scène régionale en dominant leurs voisins. Seulement, ma foi, le Royaume Chérifien possédait les attributs de naissance qui remontent à plus de 1000 ans d'histoire et empêchaient d'exaucer leurs vœux sinistres. Pour revenir à Machiavel, les relations internationales sont dénuées de toute préoccupation religieuse ou morale et consacrées essentiellement au triomphe du plus fort qui est selon ses dires « le fait essentiel de l'histoire humaine ». D'ailleurs, dans son livre « Le Prince », le désir d'acquérir est « une chose ordinaire et naturelle » et cette fin justifie les moyens. Les Etats sont des monstres froids qui n'ont ni amis, ni ennemis, mais uniquement des intérêts nationaux à défendre. Il faut souligner, que les dirigeants du voisin de l'Est, animés par une animosité envers le Maroc, n'ont cessé depuis l'indépendance de leur pays de nourrir tous les plans machiavéliques et jouer au monstre froid, pour déstabiliser le Royaume, et in fine par l'accueil et l'armement d'un mouvement rebelle né de nulle part pour isoler le Maroc de ses racines africaines et aussi sur la scène internationale. Seulement, la finesse diplomatique des dirigeants marocains et de feu Hassan II conjuguée à un legs historique pluriséculaire, ont donné une fin de non-recevoir aux intentions malveillantes des dirigeants algériens. Pour ce qui est de la philosophie de Hobbes, qui va approfondir la pensée de Machiavel, à travers son célèbre ouvrage « Le Léviathan » en 1651, elle part du principe de l'existence d'une opposition radicale entre les sociétés nationales et internationales. Car pour lui, dans ces différentes sociétés, et en l'absence d'un pouvoir organisé, les hommes vivent dans une situation d'anarchie où chacun est un concurrent avide de puissance et voit son droit le plus fondamental, le droit à la vie, constamment menacé. Les hommes peuvent sortir de cet état naturel de guerre et entrer en société en concluant collectivement un « pacte » ou un contrat social avec un Prince ou un Assemblée, par lequel ils renoncent à leurs droits et libertés en échange de la protection de leur vie et de leur sécurité. Toutefois, un tel contrat social n'est pas possible entre les Etats puisqu'il impliquerait que ces derniers renoncent à leur souveraineté, qui est le fondement de leur existence, au profit d'une autorité supranationale unique. La société internationale est donc condamnée à rester anarchique et caractérisée par la méfiance et la force plutôt que la confiance, l'ordre et la paix[4]. Le réalisme de nos jours, c'est Hans J. Morgenthau, qui, au XXème siècle, est considéré comme le principal successeur contemporain de Machiavel et Hobbes en raison de sa majeure contribution à la conceptualisation et la systématisation de la pensée réaliste classique, dans son ouvrage célèbre « Politics among Nations. The Struggle for Power and Peace ».[5] Pour ce penseur, le réalisme politique est basé sur six principes. * La politique, comme la société est gouvernée par les lois objectives qui puisent leurs racines dans la nature humaine. Donc, il est possible de faire une distinction entre ce qui est vrai, objectivement et rationnellement, et l'opinion, * La loi objective fondamentale qui gouverne les relations internationales est le fait des Etats qui agissent toujours dans le but de défendre leurs intérêts ou leur puissance politique, qui est indépendante de l'économie, de l'éthique, de l'esthétique ou de la religion, bien qu'ils prétendent sincèrement et hypocritement, agir au nom des motivations morales, humanistes et autres, * La puissance politique d'un Etat peut inclure toute chose qui établit et maintient le contrôle de l'homme sur l'homme, * Le réaliste est conscient de l'inéluctable tension entre l'impératif moral et les exigences de l'action politique, mais il considère que le respect de ces dernières comme la vertu suprême en politique, * Le réaliste refuse d'identifier les aspirations morales particulières d'un Etat avec la morale universelle * Le réaliste croit en l'autonomie de la sphère politique bien qu'il reconnaît l'importance d'autres sphères et la pertinence d'autres pensées. Le réaliste repose sur une vision pluraliste de la nature humaine mais il croit que pour saisir la dimension politique de cette dernière, il faut l'aborder dans ces propres termes[6]. Pour Paul Viotti et Mark Kauppi, quatre thèses constituent le fondement de la pensée réaliste, et qui se déclinent comme suit [7] : * Les Etats sont les seuls ou les principaux acteurs des relations internationales, * L'Etat est par nature unitaire, * L'Etat est rationnel et vise constamment à maximiser son intérêt national, d'où le recours périodique à la force, * La sécurité et les questions politiques constituent l'unique ou la principale finalité de la politique étrangère. Pour conclure, le réalisme sans foi ni loi des dirigeants algériens est tombé à l'eau, devant le poids de l'histoire, la finesse diplomatique et le réalisme marocain sous le conduite de Sa Majesté Mohammed VI, qui inscrit le Royaume du Maroc comme acteur principal dans la vie internationale et continentale, et aussi comme souverain sur l'intégrité de ses territoires de Tanger à Laguira : ECHEC ET MAT ! Dr Ali LAHRICHI Docteur en Droit Public Directeur Pédagogique et Doyen de l'Institut des Sciences politiques, Juridiques et Sociales à l'Université Mundiapolis. [1] Philippe Braillard, Théories des relations internationales, Paris, Presses universitaires de France, 1977, p.69 [2] Diane Ether, Introduction aux relations internationales, Les Presses de l'Université de Montréal, 2010, pp.21-32, 274.p. [3] Ibid. [4] Ibid [5] Hans J. Morgenthau, Politics among Nations. The Struggle for Power and Peace, New York, Alfred A. Knopf, 1950. [6] Op.cit., Braillard, Théories des relations internationales, pp.82-96 [7] Paul Viotti et Mark V. Kauppi, International Relations Theory, Boston, Londres, Toronto, Allyn and Bacon, 3e éd, 1999, p.55-56