Ecrit par Lamiae Boumahrou | Le PPS apporte son soutien au Font national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole pour la renationalisation de La Samir. Le retard qu'accuse la résolution de cette affaire est pénalisant et le non aboutissement du contrat Etat (ONHYM)-La Samir pour la location des réservoirs a coûté la bagatelle 600 MDH en six mois seulement. Après l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et la Confédération démocratique du travail (CDT), c'est au tour du Parti du progrès et du socialisme (PPS) de rallier la cause du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole. Ce dernier avait initié en juillet 2020 une campagne en faveur de deux projets de loi dont l'un est relatif à la cession des actifs de la société La Samir à l'Etat marocain et l'autre à la régulation des hydrocarbures. Des projets de loi présentés à tous les partis politiques et aux centrales syndicales représentés au sein du Parlement qui avaient exprimé leur soutien à ces projets d'intérêt national. Le groupement parlementaire du PPS est donc le 3ème à adhérer à cette cause en déposant deux propositions de loi à la Chambre des représentants, après le dépôt des projets de loi par l'USFP en juillet à la Chambre des conseillers suivi de la CDT. Contacté par nos soins, Houcine Lyamani, président du Front nous a affirmé que d'autres partis ont promis de présenter à leur tour des projets de loi et de les défendre au moment de leur discussion. Il faut dire qu'après 5 ans du feuilleton La Samir, non pas sans conséquence pour la sécurité énergétique du pays, cette proposition reste la seule issue de secours qui semble salutaire pour sortir de l'impasse. « Ces deux projets de loi ont une importance cruciale dans la mesure où, pour le premier projet, cette solution est l'issue favorable à ce dossier qui a traîné plus de 5 ans. Et pour cause, l'Etat est le premier créancier dans ce dossier avec 60 à 65% des créances. Il serait donc évident que l'Etat devienne le nouveau participant dans le capital de la société », a précisé Houcine Lyamani. D'autant plus, eu égard aux risques du stockage des hydrocarbures qui guettent le Maroc depuis la mise en arrêt de la centrale et qui se sont accentués durant cette crise sanitaire, il devient de plus en plus urgent de prendre le taureau par les cornes et trouver une solution rapide. Le premier projet de loi déposé par le PPS prévoit entre autres mesures le transfert des actifs de La Samir à l'Etat marocain, l'annulation de toutes les hypothèques et les garanties inscrites dans les biens de la société, et l'enregistrement et le transfert de tous ses actifs par toutes les administrations et les institutions concernées par les créances sur le compte de l'Etat. Mais qu'en est-il de la location des réservoirs de La Samir ? En effet, en attendant une solution définitive au dossier La Samir, le gouvernement, rattrapé par la crise sanitaire et par le risque de sécurité énergétique, a décidé en juin 2020 d'autoriser l'utilisation des réservoirs de La Samir par l'Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM). Une demande du gouvernement marocain concernant l'exploitation des réservoirs de la Samir dans la circonstance exceptionnelle de crise sanitaire a été approuvée dans ce sens par le Tribunal de Commerce. Sauf que 6 mois plus tard, le contrat définitif qui devait lier l'Etat (représenté par l'ONHYM) et La Samir n'a toujours pas été conclu. Par conséquent, le stockage des produits pétroliers qui devait se faire de façon urgente n'a pas été fait. Mais pas seulement. Le manque à gagner de ce retard pour la raffinerie se chiffre à des millions de DH. « A noter qu'il n'y avait pas uniquement l'offre de l'Etat mais également d'autres offres de concurrents notamment de sociétés étrangères qui ont été exclues par le tribunal au profit de l'offre de l'Etat », tient à préciser le président du Front. Une opération de location qui, à ce jour, n'a pas été conclue et qui a fait perdre à La Samir environ 600 MDH en 6 mois, déplore Houcine Lyamani. Tenant compte du prix moyen de location de 50DH/m3 et que La Samir dispose de 2 millions de m3, c'est en effet 100 MDH perdus par mois. A qui profite le crime ? En effet, depuis le déclenchement de l'affaire La Samir, des voix se sont levées pour dénoncer le laisser aller qui a marqué la gestion de cette affaire. Et pour cause, les conséquences sur le prix des hydrocarbures continuent de défrayer la chronique. Pour Houcine Lyamani, les prix appliqués actuellement au Maroc sont excessifs malgré la crise sanitaire qui a eu pour conséquence une chute drastique du prix du baril, qui ne s'est malheureusement pas reflétée sur le prix à la pompe au niveau national. « Preuve en est, actuellement il y a un surplus de 1.22 DH sur le prix du litre à la pompe, soit à un prix excessif par rapport à la normale s'il n'y avait pas eu de libéralisation », précise-t-il. Le deuxième projet de loi du PPS appelle donc le gouvernement à retirer les hydrocarbures de la liste des produits libéralisés, de fixer le prix maximum des hydrocarbures chaque lundi soir, de fixer ledit plafond sur la base du prix international moyen, les frais de transport, de stockage ainsi que la marge de gain des sociétés de stockage et de distribution. Il faut dire que cette proposition sera dure à faire passer voire impossible. Le gouvernement a fait savoir à plusieurs reprises qu'il ne fera pas marche arrière sur la libéralisation des hydrocarbures. Faut-il rappeler que le prix des hydrocarbures, secret de polichinelle, a créé une vive polémique depuis plus de 2 ans notamment après le rapport accablant de la Commission parlementaire relatif au secteur des hydrocarbures dévoilé en mai 2018 et qui a fait état de profits colossaux que certaines compagnies auraient réalisés depuis la libéralisation, soit environ 17 Mds de DH. Deux ans plus tards, le feuilleton des prix des hydrocarbures, telle une série turque, continue. En effet, en juillet 2020, SM le Roi Mohammed VI a décidé la constitution d'une commission ad-hoc chargée de mener les investigations nécessaires à la clarification de la situation des éventuelles ententes des sociétés pétrolières et du Groupement des Pétroliers du Maroc. Depuis, c'est silence radio. En attendant le rapport de cette commission, les compagnies continuent de mener leur politique de fixation des prix qu'elles défendent bec et ongle malgré les rapports accablants des différentes instances.