Le Maroc a obtenu le score de 5,9 sur 7 de l'Allianz Pension Indicator qui planche sur le système de retraite de 70 pays sous le prisme de 30 paramètres. La première édition du « Rapport sur les retraites » d'Allianz souligne qu'avec les aléas du Covid-19, les efforts de réforme doivent redoubler. Au cours des prochaines décennies, le nombre de personnes ayant atteint l'âge de la retraite augmentera sensiblement et mettra les systèmes de sécurité sociale à rude épreuve. C'est l'un des constats de la première édition du « Rapport sur les retraites » d'Allianz. « L'évolution de la démographie et son impact sur les retraites a été éclipsée par d'autres priorités ces dernières années, en premier lieu le changement climatique et aujourd'hui la lutte contre Covid-19 », explique Ludovic Subran, Economiste en Chef d'Allianz. Et d'ajouter: « Mais si vous reléguez la démographie – à vos risques et périls- au second plan, le changement démographique vous rattrapera tôt ou tard. Désamorcer la crise imminente des retraites et préserver l'équité et l'égalité entre les générations sont des éléments clés pour construire des sociétés inclusives et résilientes ». Le rapport dévoile par ailleurs l'Allianz Pension Indicator (API), un indicateur qui commence l'analyse par les conditions démographiques et fiscales préalables et continue ensuite à examiner les systèmes de retraite selon leurs deux dimensions décisives : la viabilité et l'adéquation. Il repose sur trois piliers et prend en compte au total 30 paramètres, qui sont notés sur une échelle de 1 à 7, 1 étant la meilleure note. En additionnant tous les sous-totaux pondérés, l'API attribue à chacun des 70 pays analysés une note comprise entre 1 et 7, ce qui permet d'avoir une vision globale du système de retraite correspondant. Le Maroc est classé à la 60ème place avec un score de 5,9 sur 7, sur cet indicateur qui combine l'évolution démographique et la situation des Finances Publiques (marge de manœuvre financière). Le principal problème est l'adéquation du système public de retraite, en particulier sa faible couverture, relève le rapport. En outre, l'accès limité aux services financiers entrave la constitution d'une épargne retraite privée suffisante pour pallier les lacunes des pensions publiques. En ce qui concerne la viabilité, le Maroc se situe actuellement au 18ème rang des pays analysés. Pour garantir la viabilité du système de retraite à long terme, le vieillissement de la population devrait être pris en compte. Allianz préconise dans son rapport dans ce sillage d'augmenter l'âge de la retraite en fonction des futurs gains d'espérance de vie et en introduisant un facteur démographique dans la formule de calcul des prestations de retraite. Actuellement, le taux de dépendance des personnes âgées, qui reflète le nombre de personnes âgées de ≥65 ans et plus pour 100 personnes en âge de travailler, mais devrait passer de 11,6 % aujourd'hui à 27,4 % en 2050. Ce qui révèle selon le rapport, l'urgence de poursuivre les réformes des retraites afin d'élargir leur couverture et les efforts visant à améliorer l'accessibilité des services financiers. Le Covid-19 accentue une situation déjà compliquée Le deuxième pilier de l'API est la durabilité, qui mesure la façon dont les systèmes réagissent à l'évolution démographique. Aujourd'hui, l'espérance de vie supplémentaire moyenne d'une personne de 65 ans est de 17,8 ans pour les femmes et de 15,2 ans pour les hommes, et elle devrait passer à 19,9 ans (pour les femmes) et 17,5 ans (pour les hommes) en 2050. En conséquence, le rapport entre la vie active et le temps passé à la retraite a nettement diminué. Selon le rapport sur la retraite, les pays qui, comme les Pays-Bas, ont décidé d'adapter l'âge légal de la retraite ou l'augmentation des prestations de retraite à l'allongement de l'espérance de vie, ont ainsi un système de retraite plus durable que les pays où le report de la retraite reste un tabou. Le troisième pilier de l'API évalue l'adéquation d'un système de retraite, en se demandant s'il garantit un niveau de vie adéquat pendant la vieillesse. Les leviers importants sont le taux de couverture, c'est-à-dire la part de la population en âge de travailler et du groupe d'âge de la retraite qui sont couverts par le système de retraite. Le taux de prestations – c'est-à-dire combien d'argent (mesuré en termes de revenu moyen) un retraité moyen reçoit-il ? -, et enfin l'existence d'une assurance retraite financée par capitalisation et d'autres sources de revenus. Dans l'ensemble, la note moyenne du pilier de l'adéquation (3,7) est légèrement meilleure que celle du pilier de la viabilité (4,0), signe que la plupart des systèmes continuent à accorder plus de poids au bien-être de la génération actuelle de retraités qu'à celui de la future génération de contribuables et de cotisants sociaux. Les pays en tête du classement de l'adéquation ont soit des retraites d'Etat encore assez généreuses, comme l'Autriche ou l'Italie, soit des deuxièmes et troisièmes piliers fortement capitalisés, comme la Nouvelle-Zélande et les Pays-Bas. « L'un des héritages de la crise actuelle fera que nous allons redoubler d'efforts pour réformer nos systèmes de retraite. Ce qui restait de la marge de manœuvre financière est parti pour de bon », explique pour sa part Michaela Grimm, auteur du rapport. Le rapport soutient que les solutions de retraite par capitalisation sont de plus en plus sous pression dans un contexte de taux d'intérêt toujours bas. La pandémie COVID-19 a encore exacerbé cette tendance en poussant les rendements à la baisse. « L'environnement de faibles rendements a forcé les fonds de pension et les assureurs vie à explorer des classes d'actifs alternatives », a déclaré Cameron Jovanovic, Responsable de la branche Retraite chez Allianz SE. « Cette poussée vers des alternatives permet aux prestataires de bénéficier de la prime d'illiquidité qui correspond bien à la durée de leur portefeuille. Une autre stratégie consiste à se décharger des risques plutôt que de rechercher des rendements, car les swaps de longévité, les transferts de risques liés aux retraites et les montages de réassurance deviennent des moyens d'optimiser l'exposition des fonds de retraite et des assureurs ». Pour cette première édition de l'API, la Suède, la Belgique et le Danemark se classent parmi les meilleurs systèmes de retraite au monde.