A la date du 11 mars, une panique mondiale s'est manifestée : le nouveau Coronavirus, appelé par l'OMS le COVID-19 fait ravage. Tous les médias en parlent ; l'Italie a pris la courageuse décision de confiner tout le pays ; des dizaines de milliers de personnes infectées. Le COVID-19 semble incontrôlable et tue plusieurs milliers de personnes dans le Monde. Pratiquement tous les pays de la planète sont touchés par le virus avec une propagation extrêmement rapide. Le taux de mortalité augmente de jour en jour. Le monde assiste à une crise sanitaire sans précédent. L'Histoire commence en Chine, en décembre 2019. Les premiers malades signalés travaillaient dans un marché de gros de fruits de mer de Huanan à Wuhan. Le marché a été fermé le 1er janvier 2020 après que les sujets symptomatiques ont été isolés. Le 09 janvier 2020, le premier patient meurt (61 ans), puis un autre le 14 janvier 2020 (69 ans) La transmission interhumaine est confirmée le 20 janvier dans le Guangdong. L'OMS craint que l'épidémie s'étende avec le pic des voyages en Chine lié au nouvel an chinois. Le 22 janvier 2020, Le président chinois Xi Jinping, face à l'accélération de l'épidémie, déclare que la situation est grave. Le confinement est déclaré dans trois villes de la province de Hubei afin de contenir le risque de la pandémie : Wuhan, Huanggang et Ezhou, soit une population de 20 millions de personnes. Les autorités chinoises interdisent tout trafic aérien, ferroviaire, routier et fluvial à destination et en provenance de ces trois agglomérations. Les autorités ordonnent également de fermer tous les lieux publics de divertissement (Salle de cinéma, salle de spectacle etc...) Les habitants ne peuvent plus quitter la ville à moins que les autorités ne leur en accordent la permission. Le port du masque facial est devenu obligatoire. L'Europe et le reste du Monde, face à l'expansion de l'épidémie en Chine, ont commencé à ressentir le danger du COVID-19 tardivement vers la mi-février. Déjà présent dans les 5 continents (mis à part l'Antarctique), le taux de mortalité a commencé à augmenter au moment où l'Europe a été touché. Au mois de mars, au niveau sanitaire, l'OMS déclare le stade de pandémie car le COVID-19 progresse dans le reste du Monde tandis que la Chine ainsi que la Corée du Sud ont pu fléchir la courbe des cas confirmés et ont pu limiter la progression du COVID-19. Côté économique, les cours boursiers, déjà fragilisés par la panique du COVID-19, s'écrasent après l'annonce par Donald Trump de la suspension de tous les vols d'Europe vers les Etats-Unis pour 30 jours en raison du COVID-19 (CAC 40, DAX, DOW JONES). Les mesures de relance se sont multipliées : La France a décidé de débloquer 45 Milliards d'Euros pour les entreprises et les salariés et envisage des nationalisations. Londres va garantir 363 Milliards d'Euros de prêts aux entreprises. Quant à l'Espagne, elle a dévoilé un ensemble de mesures d'un montant de 200 Milliards d'Euros. Néanmoins, ces mesures budgétaires pèseront sur les dettes Européennes. Le prix du baril du pétrole BRENT est à un niveau historiquement bas (28,85$ au 17 Mars 2020). Le niveau le plus bas enregistré durant les 10 dernières années était au 15 Janvier 2016 (29,26$). Le COVID-19 est en effet une crise sanitaire sans précédent avec un fort impact sur l'économie mondiale. Mais au milieu de tous ces évènements, Pékin et Washington continuent leur duel et la tension monte suite à un tweet du porte-parole du Ministère Chinois des Affaires Etrangères, Zhao Lijian qui a déclaré que le COVID-19 a été propagé par l'armée Américaine sur le sol Chinois. Du côté Etatsuniens, la réplique n'a pas tardé. Le président Trump a mentionné dans un Tweet du 17 Mars 2020 que le COVID-19 est un virus Chinois. Assistons-nous à une guerre informationnelle sino-américaine ? Le Soft Power Chinois, arme absolue dans la guerre d'image Une chose est sûre est que nous pouvons dire, avec certitude, que la Chine a donné l'image qu'elle a été très bien préparée à gérer cette pandémie. En effet, La Chine a appliqué sa diplomatie du « Coronavirus » et est venue en aide aux populations d'Europe après le désespoir de plusieurs Etats européens. Face à cette situation, la Chine est passé à l'offensive et n'a pas hésité à déployer son arsenal humanitaire en envoyant ses médecins en Italie, en Serbie, et en Espagne et déploie son soft power en communiquant en masse sur son soutien aux autres états de l'Europe Centrale en leur fournissant du matériel médical : La Hongrie a reçu plus de 70 tonnes de matériel médical, un contrat a été signé le 20 Mars 2020 portant sur l'achat de 100.000 tests pour le diagnostic du COVID-19 fabriqués en Chine à destination de la Pologne. La république Tchèque a reçu le 21 Mars 2020 1 million de masques FFP2 en provenance de la Chine. L'image de la Chine aux yeux des citoyens Européens et du Monde se façonne en sauveur de l'humanité. D'autres pays Européens, notamment du G7, demanderaient dans les jours à venir de l'aide au Chinois. Si ce scénario s'avérait vrai, on assisterait alors à un changement de paradigme de la géopolitique mondiale, au moment où, Les Etats-Unis, frappés de plein fouet par le COVID-19, font le maximum afin de ne pas perdre le combat d'image à l'échelle internationale. En perte de vitesse, les Etats-Unis ont voulu intimider les Allemands dans un bras de fer pour s'assurer l'exclusivité d'un futur vaccin contre le Coronavirus, affirme le journal Die Welt avant d'officialiser le traitement par l'hydroxychloroquine. Le Président Trump, afin de sauver son économie, n'a pas hésité à s'entretenir avec Vladimir Poutine Le lundi 30 mars. Le Kremlin a indiqué « la possibilité d'une coopération dans la lutte contre le coronavirus et de consultations sur le pétrole ». D'un autre côté, Le Président Trump a affirmé de ne pas freiner son économie par les mesures de confinement et décide de mettre en péril la vie de ses citoyens. En profitant de cette crise, la Chine est en train de réussir à transformer son image d'Etat autoritaire à un état résilient en démontrant au Monde entier sa puissance et sa capacité à gérer les crises touchant la santé publique des 1,386 Milliard de citoyens chinois. Personne ne peut prédire la fin de cette lutte de leadership. Ce qui est sûr c'est que celui qui sortira le premier de la crise sanitaire et économique pourra user de ses rapports de force et dominera ses adversaires. La 5G, au cœur de la guerre contre le Coronavirus La crise actuelle favorisera l'adhésion de la population mondiale à la nécessité et l'urgence d'utiliser les données personnelles et privées, en bafouant toutes les lois et réglementations qui cadrent la protection des données à caractères personnels, afin de constituer une Big Data pour le bien de l'humanité ; cette Big Data, considérée comme l'arme high tech contre la propagation du virus, procédera au croisement des données collectées directement sur les smartphones des citoyens pour le suivi à la trace des personnes infectées par le COVID-19. Cette technologie a déjà été adoptée par plusieurs pays : La Chine en premier lieu, La Corée du Sud, Singapour, et Taïwan. En Europe, les autorités Italiennes, Britannique reçoivent les données des opérateurs téléphoniques. L'Autriche devrait aussi voir apparaître une application destinée à la lutte contre la propagation du virus. L'enjeu de puissance derrière est que, l'évènement du COVID-19 favorisera une Big Data mondiale qui sera la base d'une intelligence artificielle destinés aux états afin d'être plus résilient à faire face à ce genre de crise à l'avenir. Le cœur de cette technologie n'est autre que la 5G. La Chine, dans cette situation de crise sanitaire, n'hésite pas à mettre en avant son cheval de bataille technologique et en vantant les mérites du contrôle total de la population par la technologie. Cet énième bras de fer entre les deux superpuissances intervient sur fond d'une interminable guerre commerciale et technologique entre les deux pays. Les Etats-Unis mènent en effet ces dernières années une bataille stratégique sur plusieurs fronts contre l'équipementier chinois Huawei afin de ne pas laisser la suprématie technologique à la Chine. Washington accuse Huawei d'espionnage pour le compte de Pékin. Les Etats-Unis mènent aussi une intense campagne depuis de longs mois pour convaincre leurs alliés européens à bannir Huawei des futurs réseaux 5G et ont proposé de prendre le contrôle du finlandais Nokia ou du Suédois Ericsson soit directement, soit à travers un consortium d'entreprises privées américaines et alliés. En même temps, l'Agence de Renseignement Américaine, la CIA a mobilisé des moyens financiers considérables vers un fonds d'investissement en plaçant cet argent dans une société privée créée spécialement pour concurrencer et vaincre Huawei dans le domaine de la 5G. Le fond d'investissement en question est In-Q-Tel, un fonds capital-risque sous contrat avec la CIA. La société créée se nomme quant à elle Parallel Wireless. Ce bras de fer entre les deux superpuissances (Etats-Unis/ Chine) n'est pas prêt à se terminer, alors que les Etats du monde entier se mobilise pour contrer la propagation du Coronavirus. Assistons-nous au piège de Thucydide, l'affrontement direct entre la puissance montante et la puissance en déclin ? Rapports de force technologique et informationnel en faveur de la Chine Bien que les Etats-Unis s'acharnent pour contrer l'expansion chinoise dans le Monde et se mobilise sur plusieurs fronts contre Pékin, de la démocratie à Hong Kong à la dénonciation de son expansionnisme militaire en mer de Chine méridionale, en passant par les accusations d'espionnage industriel, le changement de paradigme de la géopolitique mondiale en faveur de la Chine se fait sentir. Les nouveaux rapports de force et l'encerclement cognitif Chinois met à mal les Etats-Unis et ses alliés.
Par Youssef Bennady MBA Intelligence Economique – de l'Ecole de Guerre Economique