Comme à chaque fin d'année, les parents d'élèves de l'enseignement français au Maroc, doivent subir des augmentations qu'ils jugent injustifiées et non-concertées. Cette année, le mouvement d'indignation s'organise du côté des parents d'élèves du Lycée Massignon à Casablanca pour faire entendre leurs voix au lieu de se contenter de subir une nouvelle augmentation de 25% des frais d'accès à la petite section et de 60% pour les autres niveaux, la rentrée prochaine. Le projet numérique imposé est également pointé du doigt par les parents d'élèves. Excédés, indignés et déterminés à en découdre avec l'administration du Lycée Louis Massignon, les parents d'élèves organisent un deuxième sit-in le 26 juin, sur le site du Lycée Français International Louis Massignon à Bouskoura. Motif, réunis en un Collectif de parents indignés, ils dénoncent les décisions unilatérales de la direction de l'école, qui « bafoue les règles élémentaires de concertation avec les parents et leurs représentants, un système participatif, qui était pourtant la norme au sein du réseau OSUI et du système éducatif français », relèvent-ils. Le communiqué décrit une situation déplorable : « Dans ce contexte, les parents épuisés financièrement et moralement, sont piégés par une administration qui refuse d'entendre la voix de la raison. En désespoir de cause, ils ont décidé à l'unanimité de recourir à un sit-in ». Force est de reconnaître qu'à ce rythme, les parents d'élèves courent le risque d'asphyxie financière. Entre 2013 et 2017, les frais de scolarité ont augmenté de 23 %, soit une augmentation de 10.000 en 5 ans. Pour la rentrée prochaine, ces tarifs grimpent de de 25 % pour l'accès en PS (petite section) et de 60% pour les autres niveaux. Même les droits d'entrée pour la fratrie n'y échappent pas. «Cette hyperinflation des droits de scolarité ne reflète aucune logique financière, économique ou même pédagogique et est contraire à l'esprit et à la charte de l'OSUI, une association à but non lucratif », rappelle le Collectif. Face à cette situation intenable financièrement, les parents d'élèves du Lycée Louis Massignon refusent catégoriquement toute augmentation des frais de scolarité et des droits de première entrée et exigent le gel des augmentations pendant les trois prochaines années, afin d'absorber les augmentations successives décidées ces dernières années. Dans leur cahier de revendications, ils réclament une visibilité sur l'évolution éventuelle des frais et droits d'entrée sur le moyen et long terme (5 à 10 prochaines années) et appellent à une communication transparente et préalable à toute décision de révision des tarifs de la part de l'établissement. Dans la foulée, les parents d'élèves pointent également le projet numérique pilote mis en place cette année. « Une approche pédagogique opaque » Pour rappel, la réflexion autour du projet numérique a été lancée en 2016 et une classe pilote a été mise en place au titre de l'année scolaire 2017/2018. «La décision de généralisation intervient alors que le projet demeure en phase d'expérimentation et sans aucune démarche de concertation avec les parents. Les résultats de cette expérience n'ont, à ce jour, toujours pas été partagés, ni avec les parents, ni avec le corps enseignant », s'interrogent les parents. La pertinence du projet serait discutable, selon plusieurs études scientifiques, et selon le feed-back des enseignants ayant participé à ce projet pilote, précisent les parents d'élèves. « L'unilatéralisme de l'administration, ainsi que son mépris pour toute forme de concertation ont d'ailleurs eu pour effet d'écarter un corps enseignant privé de son droit de regard –légitime – sur la question. Indignés, ils déplorent, eux aussi, l'absence totale de transparence de l'administration sur un projet mal ficelé, qu'ils ont catégoriquement rejeté par communiqué, au nom de l'intérêt supérieur des enfants », fustige le collectif. D'ailleurs le lycée gagnerait à dévoiler le bilan des résultats des classes pilotes à réaliser par un organisme indépendant et d'observer une neutralité par rapport aux fournisseurs et prestataires de la place. A ce sujet, les parents d'élèves révèlent avoir subi la décision de l'administration de l'établissement de leur faire supporter la totalité des charges inhérentes au projet de classes numériques. « Or les frais notifiés aux parents sont notoirement supérieurs à ceux pratiqués sur le marché. Le prix du matériel choisi par l'administration est en effet nettement plus coûteux que celui vendu au grand public. Une aberration que ne comprend pas le collectif, l'achat d'une grande quantité d'équipement faisant toujours l'objet de rabais conséquents », déplore le Collectif. Au jour d'aujourd'hui, les parents d'élèves appellent à une « concertation sincère et transparente avec les parents à travers leurs associations représentatives d'une part, et directement à travers les canaux électroniques tels que le système Pronote déjà en place d'autre part ». De même qu'ils invitent au respect des valeurs de la Mission Laïque Française, dans le cadre d'une communication respectueuse des valeurs locales et universelles pour un dialogue constructif.