Le classement du Maroc dans l'étude PISA, menée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et récemment dévoilée, a suscité un tollé ! Se retrouver en dernière place d'un classement, 75ème position sur 79 pays, ne passe pas même si l'on connaît davantage la triste réalité de notre système éducatif national. Ce qu'il faut toutefois souligner est que tous les pays n'ont pas accès à cette enquête qui est réservée à une poignée de 79 pays. Et C'est la première fois que le Maroc participe à cette étude qui a mis à nu le niveau de son système éducatif. Une participation qui a été très critiquée en raison du classement du Maroc. Ce qui nous pousse à poser la question : pourquoi le Maroc, qui connaît bien les dysfonctionnements de son système éducatif, a participé à ce classement qui ne compte in fine que les pays développés ? Lors d'une rencontre organisée par la CDG sous le thème: « Quelle école pour demain ? Priorités et défis », Soumaya Maghnouj, analyste des politiques d'éducation au sein de l'OCDE, a souligné que la participation du Maroc à la 7ème édition de PISA est une décision courageuse qui a nécessité un grand effort du côté marocain. « PISA est une enquête pour informer le débat public et les politiques. C'est la raison pour laquelle PISA s'intéresse non seulement aux résultats (performances des élèves) mais surtout et avant tout, à identifier les facteurs déterminants derrière les résultats », a-t-elle souligné. D'après un expert marocain, c'est le Maroc, à son initiative, qui a préparé son adhésion à l'étude PISA depuis environ 4 ans. Une adhésion qui a nécessité une préparation mobilisant à la fois d'importantes ressources humaines et budgétaires. « Un effort qui a été matérialisé par deux projets notamment un financé par le Millennium Challenge Corporation à travers un appui budgétaire important mobilisé pour la participation à l'enquête Pisa. Un autre appui qui a été confié au ministère de l'enseignement pour faire toute la préparation en amont (les tests à blanc, les échantillonnages...). Le deuxième projet est celui avec l'OCDE, notamment dans le processus de préparation de cette enquête », nous a expliqué l'expert. En d'autres termes, un effort considérable a été mené pour améliorer notre système et permettre ainsi au Maroc de participer à PISA. Il s'agit donc d'une action volontariste du Maroc enclenchée par la chefferie du gouvernement afin de mieux évaluer son système. D'ailleurs les données sur lesquelles s'est basée PISA ont été fournies par le ministère de l'Education lui-même. L'objectif de cette démarche du Maroc est de comprendre concrètement les dysfonctionnements de notre système dans la mesure où cette enquête est multidimensionnelle basée sur plusieurs matières et va dans le fond de la qualité du système de l'éducation. « Je vous invite à aller au-delà des résultats. L'objectif de PISA n'est pas de classer les pays encore moins les élèves mais plutôt d'avoir une réflexion plus large et dans le temps sur un système éducatif », a précisé Soumaya Maghnouj. Cette étude permettra donc aux décideurs marocains, comme précisé par l'OCDE, d'utiliser les résultats du PISA pour évaluer les connaissances et les compétences des élèves en comparaison à ceux des autres pays. Mais aussi de mettre en place des plans d'action pour améliorer tous les systèmes éducatifs, en grande partie le volet évaluation. Il faut dire aussi que cet outil est tombé à point nommé notamment avec l'entrée en vigueur effective de la loi-cadre n°51.17 relative au système de l'éducation, de l'enseignement, de la formation et de la recherche scientifique adoptée en juillet 2019. Une énième réforme du système éducatif qui, espérons-le, ne connaîtra pas le même sort que les précédentes. C'est pourquoi, l'étude PISA est, en soi, un outil de suivi et d'évaluation qui permettra de mesurer la pertinence de ladite loi et ses retombées sur le niveau de l'enseignement dispensé au bout de 3 ans. Lire également : LA LOI-CADRE DE L'ENSEIGNEMENT PUBLIEE DANS LE BO