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Stéphane Colliac : La ZLECAF promet des gains de 50 Mds de $ d'exportations pour le Maroc
Publié dans EcoActu le 02 - 12 - 2019

Nouveaux relais de croissance, délais de paiement, défaillance des entreprises, crise dans le secteur automobile, emprunt international… autant de problématiques discutées à bâtons rompus avec Stéphane Colliac, Economiste Senior Euler Hermes.
EcoActu.ma : On parle de 2020 comme une année d'émergence et d'accélération de la croissance économique. Comment peut-on concevoir une telle réalisation si l'on part de cette morosité régnante aussi bien sur le plan national que sur le plan international notamment en Europe, notre principal partenaire ?

Stéphane Colliac : Assurément, il y a un paradoxe, mais le but est d'accélérer et de capter de nouvelles sources de croissance économique d'ici à 2030. Ces sources de croissance sont de différentes natures. Elles peuvent être internationales dont le développement vers l'Afrique est l'un des principaux objectifs. Elles peuvent être également domestiques par le développement de secteurs d'activité plus diversifiés. Le raccourcissement des délais de paiement et la stabilisation des défaillances des entreprises très importantes sur le plan interne sont également déterminants sur le plan domestique. Ajoutons à cela le développement de la sécurité sociale et du système éducatif qui se veulent aujourd'hui des priorités.
Effectivement la décennie commence mal, mais il faut rappeler que les gains estimés avec la Zone de libre-échange africaine sont importants. Avec une pleine application de la Zone de libre-échange, ces gains seraient de 50 Mds de dollars d'exportations pour l'économie marocaine. C'est important mais l'on ne peut pas compter sur un tel gain pendant les premières années de mise en oeuvre de cette zone. Donc il faut agir pour repartir sur le bon chemin parce l'Afrique n'arrive pas à s'ouvrir sur elle-même ou plus précisément les pays africains ne commercent pas entre eux. D'où l'intérêt des initiatives diplomatiques, le développement des banques marocaines et leur expansion en Afrique, le hub portuaire Tanger Med à usage d'exportation, notamment vers l'Europe mais également vers l'Afrique. Plus précisément des productions européennes qui transitent par le Maroc pour aller vers l'Afrique de l'Ouest. Les productions marocaines vers l'Afrique restent fortement limitées.
Pour quelles raisons ?
Si l'on prend par exemple deux secteurs tels que l'automobile ou l'agroalimentaire, ils font face à une protectionnisme dans les pays africains. Nous avons tendance à voir des usines qui se développent dans chaque pays plutôt qu'une usine dans un pays tel que le Maroc et qui va par la suite exporter vers les autres. Aussi, des pays comme le Nigéria, le Ghana, le Sénégal ont-ils beaucoup de barrières douanières à l'importation.
Est-ce que ces politiques protectionnistes des pays africains concernent uniquement les produits industriels à forte valeur ajoutée ?
Pas seulement. Parce que l'agriculture est aussi fortement protégée dans plusieurs pays africains. Le développement de la production agricole au Maroc sert de débouchés à l'international mais principalement vers l'Europe notamment en Espagne (ces derniers mois). Parce que l'idée sous-jacente dans le Continent est que les pays africains ont la capacité de produire par eux-mêmes.
L'intégration commerciale ou globale à la CEDEAO a échoué justement parce que cette dernière estime ne pas avoir besoin du Maroc. Pour le Royaume, c'est un grand défi parce qu'il faut fournir à ces pays de l'Afrique de l'Ouest des produits dont ils ne disposent pas. Autrement dit, il faudra développer des productions plus spécifiques et à plus forte valeur ajoutée, à plus grande identité et qui ne sont pas offertes par des entreprises européennes ou africaines pour arriver à cette hausse des exportations vers cette zone.
Sur le plan domestique, force est de constater qu'il y a une loi qui a été discutée sur les délais de paiement et une autre loi adoptée sur le règlement de l'insolvabilité au printemps 2018. Toutefois, sur l'un et l'autre problème, nous n'avons pas constaté des progrès dans les données y afférentes.
Nous constatons plus de transparence sur les entreprises publiques qui ont déclaré leurs délais de paiement, mais globalement ces délais de paiement sont de 84 jours voire plus. C'est long et très déséquilibré. Ces délais culminent au-delà de 100 jours pour les TPME payées par les grandes entreprises notamment dans le secteur privé et deviennent asphyxiants. D'autant plus que ces TPME sont souvent obligées de payer au comptant leurs fournisseurs.
Est-ce que l'on peut dire que l'Etat remplit aujourd'hui sa part d'engagement et que c'est au secteur privé de faire de même ?
En partie non et en partie oui. Non, parce qu'il y a toujours des paiements tardifs de la part de l'Etat ou des entreprises publiques. Aussi, sur le plan de la législation, nous pouvons faire plus parce que la loi telle qu'elle a été discutée décentralise la question des délais de paiement entre l'entreprise qui fournit et celle qui achète. Elle n'est pas judiciarisée et la publicité des délais de paiements tardifs notamment dans le secteur privé n'existe pas. Elle peut être stigmatisée comme c'est le cas en France avec des publications mensuelles. SFR s'est fait condamnée à plus d'1 million d'euros d'amende pour des paiements tardifs.
Et en partie oui parce que nous avons des organisations professionnelles qui représentent le Patronat marocain et qui peuvent faire davantage pour inciter leurs membres à respecter des délais plus courts.
En parlant des relais de croissance, l'agriculture a atteint ses limites. Est-ce qu'aujourd'hui avec le plan d'accélération industrielle, le secteur non agricole peut prendre le relais ?
Lorsque l'on dit que le PMV est arrivé à ses limites, c'est que déjà il a réussi. Mais sa réussite est arrivée à son terme. On aurait besoin d'un autre PMV pour atteindre d'autres objectifs. Aujourd'hui, le plafonnement, au-delà des aléas liés au temps, de la production est quelque chose d'évident. Au cours des quatre dernières années, nous avons une moyenne à peu près stable.
Il faut effectivement passer à d'autres secteurs notamment l'agro-alimentaire qui reste un secteur important. Il sera la première ou la deuxième croissance à l'export l'an prochain avec la chimie-parachimie. Le textile était un secteur majeur, il ne l'est plus.
L'industrialisation, la digitalisation et l'intelligence artificielle de l'agriculture sont aujourd'hui importants pour compenser les aléas du temps.
Certes, il faut s'industrialiser et c'est ce que le Maroc fait sur une base exportatrice. Cette base exportatrice a ses vertus comme au Mexique mais elle restera limitée si la question de la croissance domestique (inclusion sociale, éducation, formation...) ne suit pas en parallèle.
Au cours des dernières années, nous assistons à un ralentissement des exportations automobiles. Pourquoi ?
Les facteurs sont plus d'ordre international mais ce sont toujours les investissements étrangers qui continuent à générer une croissance de la production.
Toutefois, le secteur automobile connait un durcissement des normes environnementales, un grand défi pour l'industrie nationale, qui se traduit par des contraintes en termes de consommation parce que les gens n'ont plus envie d'acheter le gazoil ou le diesel frappés par un malus au niveau des normes européennes.
En France par exemple en janvier 2020, lorsque nous achetons une voiture polluante le malus va augmenter. Il y a une baisse, liée à ce changement, de demande de production qui oblige les constructeurs à adapter leur production à ces normes. Avec la robotisation, la digitalisation et la production de véhicules électriques et autonomes et la 5G qui arrive, on assiste à une floraison de chantiers qui arrivent en même temps. Comme nous ne pouvons pas tout faire simultanément, les plans futurs d'investissement seront voués à l'arrêt. Des usines seraient même fermées en France. Toutes ces mutations et ces adaptations, le Maroc les subit en continu et se traduisent par une baisse de la demande internationale.
Le Maroc vient d'émettre un emprunt de 1 Md d'euros à l'international. Est-ce le meilleur moyen pour faire face aux contraintes budgétaires ?
De prime abord, il faut rappeler que c'est un contexte où beaucoup de pays africains ont émis des emprunts à l'international. C'est une période qui devient beaucoup plus favorable contrairement à l'année 2019 où il y a eu beaucoup de complications notamment à cause de Donald Trump qui a augmenté les droits de douanes. Aujourd'hui, l'effet assouplissant de la politique monétaire américaine l'emporte et il y a une vague d'optimisme et d'appétit pour le risque.
Philosophiquement, je dirai que l'emprunt international est une sorte de satisfecit qu'un pays s'accorde parce qu'il arrive à attirer des investisseurs étrangers. Mais il reste tout de même que ce n'est pas la source la plus adaptée pour les finances publiques. Celle la plus adaptée étant les ressources budgétaires.
Dans le PLF 2020, il y a beaucoup de mesures incitatives pour limiter l'évasion fiscale et pour favoriser les rapatriements, mais ce n'est pas sûr que cela va marcher. Le plus correct est d'avoir des rentrées fiscales qui correspondent aux dépenses qui sont nécessaires.
Emettre sur le marché international n'est pas forcément le bon vecteur parce qu'il s'agit de maturités assez concentrées sur un moment précis qui ne correspond pas forcément au bon moment où l'on dispose de plus d'argent pour rembourser. 1 Md d'euros est un montant qui n'est pas aussi élevé mais la sortie peut être intéressante dans la mesure où elle permet de rester dans la mémoire des créanciers le jour où le Maroc aura besoin d'un montant plus important.


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