Sur le plan international, le Maroc fait partie du bon groupe des économies ouvertes qui bénéficient de leurs stratégies diversifiées. Les cailloux dans la chaussure sont le déficit budgétaire, l'infrastructure insuffisante, les délais de paiement longs... La 6ème édition de l'Observatoire international de Commerce du groupe Euler Hermes, tenu le 29 novembre 2018, a tenu toutes ses promesses. Cette sixième édition a été rehaussée par la présence de Wilfried Verstraete, président du Directoire du groupe Euler Hermes qui assiste à l'Observatoire international du commerce pour la troisième année consécutive. Sa présence témoigne de l'attachement du groupe au Maroc. « Euler Hermes et le Maroc ont un lien spécial qui se renforce dans le temps. Le groupe accompagne la croissance de l'économie marocaine, aide les entreprises marocaines à se développer et à croître... », annonce le président dans son discours devant une salle archi-comble. Le président saisit ainsi l'occasion pour rappeler les cinq défis du plan stratégique 2021 du groupe qui se déclinent comme suit : * Les compétences pour mieux gérer la transition vers les nouveaux risques; * La meilleure intelligence prédictive (solvabilité des clients); * Etre agile dans un monde évolutif; * Etre une entreprise responsable et attirante; * Aider les entreprises au-delà de l'assurance-crédit classique à mieux cibler les PME. Le mot clé pour relever ces défis est : To-be-bold ou être audacieux pour pouvoir se développer, investir, introduire de nouveaux services... Le leitmotiv du groupe est d'aider les entreprises à être audacieuses tout en limitant le risque qu'encourt l'entrepreneur. La sixième édition de l'Observatoire international du commerce se veut également une occasion pour passer en revue les perspectives mondiales 2019 tout en faisant focus sur le Maroc. L'Asie restera un débouché important Sur le plan international, en 2018 la croissance économique s'est accélérée aux USA à travers la relance budgétaire qui a pour corollaire une montée des taux d'intérêt. Aussi bien en Europe qu'en Chine, la croissance a ralenti et des pays comme la Turquie ou l'Argentine traversent une crise financière. D'après S. Colliac, le contexte international s'est caractérisé par une double tendance. La première est une fermeture commerciale marquée par une baisse du ratio Importations/Production industrielle à cause d'une baisse des produits achetés à l'étranger. La deuxième est relative à une fermeture financière avec moins de financement à l'international. Autres faits importants à signaler sont l'allongement des délais de paiement en Chine, soit 8% en 2018. Aussi, le risque turc est-il manifeste en termes de comportement de paiement. « Si en 2008, on assistait à une convergence des délais de paiement en Turquie avec l'Europe de l'Est, il est aujourd'hui bien dommage que la Turquie perd un tel avantage », annonce S. Colliac. La croissance américaine est certes au beau fixe, mais il faut être attentif aux risques inflationnistes qui pourraient affecter les secteurs liés à la consommation. Dans le continent asiatique, les pays restent pour l'essentiel protégés contre les chocs externes en raison de leurs excédents extérieurs et du niveau élevé de l'épargne. Cela dit, l'Asie restera un débouché important. L'Afrique par contre n'a pas retrouvé les 5% de croissance enregistrée en 2012 mais la croissance reste rapide à l'Est, l'Ouest ou en Egypte. Au Maroc, la croissance facile est liée à l'agriculture La stratégie extravertie du Maroc reste-t-elle tenable ? La réponse est « Oui » selon S. Colliac. Il ressort de l'analyse de S. Colliac que le Maroc fait partie du bon groupe à économie ouverte et qui bénéficie d'une stratégie diversifiée. Il corrobore ses propos par les places gagnées dans le Doing business. Malgré une croissance au ralenti eu Europe et en Chine, la crise dans les pays émergents, le commerce extérieur affiche une croissance soutenue, soit plus de 20 Mds de DH d'exportations par an. C'est dire que le commerce extérieur prend de plus en plus de poids dans la croissance économique nationale. Mais il ne faut pas omettre que le Maroc pâtit de la problématique de l'insolvabilité, des délais de paiement extrêmement longs, des difficultés de créer des entreprises et du niveau d'infrastructure encore insuffisant. La stabilité du DH peut être considérée comme un atout, mais il ne faut pas surtout pas que les entreprises dorment sur leurs lauriers. Elles doivent acheter des couvertures pour qu'en cas d'appréciation de la monnaie nationale, elles seraient couvertes. Autre cailloux dans la chaussure est: le déficit budgétaire qui reste important. Avec un taux d'investissement se situant à 30 % du PIB, le Maroc devrait avoir un taux de croissance économique de 7 ou 8%. Or, au Maroc on assiste à une volatilité de la croissance voire une croissance rapide liée à l'agriculture.. Au cours des dernières années, les exportations marocaines ont affiché un certain dynamisme lié au développement de certains secteurs tels que l'automobile, l'aéronautique, la Chimie, et l'Agroalimentaire. Le textile, secteur historique par contre perd du terrain. « Le commerce extérieur prend de plus en plus de poids dans la croissance marocaine alors que la contribution à la consommation a tendance à s'étioler », explique Colliac. Avec l'instauration de la Zone de libre-échange africaine, les débouchés du Maroc pourraient croître. Ces débouchés pourraient atteindre 1,8 Mds de $ en 2018. Pour en bénéficier, le Maroc est appelé à développer davantage son infrastructure pour combler le gap, d'ici 2030, avec d'autres pays.