Pour la 6ème année consécutive, CFG Bank, promoteur de la place financière casablancaise depuis plus de 27 ans, a réuni, deux jours durant, des investisseurs financiers dans l'objectif de promouvoir les Bourses de Casablanca, de Tunis et de l'Afrique de l'Ouest. Le « One on One » est devenu un rendez-vous incontournable où investisseurs marocains et étrangers se rencontrent avec les émetteurs, en l'occurrence les sociétés cotées en bourse ainsi que celles faisant appel public à l'épargne. Cette rencontre est aussi l'occasion pour tâter le pouls du marché marocain des capitaux notamment en termes d'attractivité pour les investisseurs étrangers. Ce qui est sûr, c'est que cet événement gagne en notoriété comme en témoigne le nombre des investisseurs et émetteurs participants en hausse d'année en année. 75 investisseurs ont pris part à cette 6ème édition dont 45 internationaux et 30 nationaux contre 65 l'année dernière, et 24 émetteurs dont 20 marocains, 3 tunisiens et 1 de la Bourse Régionale des valeurs Mobilières (BRVM). Il faut dire que cet exercice de promotion s'avère déterminant pour dynamiser un marché des capitaux marqué par une trajectoire presque linéaire sans trop de faits marquants. Autrement dit, contrairement à d'autres places financières où les risques en yoyo sont plus importants, les fluctuations moins maîtrisées et les volatilités plus intenses, la Bourse de Casablanca se caractérise plutôt par une certaine stabilité. Est-ce suffisant pour attirer les investisseurs ? A en croire le top management de CFG Bank, certains investisseurs étrangers sont intéressés par cette stabilité et par la résilience du marché, d'autres plus par les entreprises plus liquides ou encore les success story. Mais ce qui est sûr, c'est que le marché n'est pas en très bonne forme. Nous sommes bien loin des belles performances de 2007 avec 27 introductions en bourse. En volume, le secteur est passé de 1 Md de DH/jour à 250 MDH/jour soit le quart de ce qui se réalisait en 2007. « Le secteur passe par des moments difficiles avec des volumes en baisse, un faible dynamisme au niveau de la bourse avec seulement 3 introductions en 2 ans, une grosse baisse de liquidité...», a expliqué M'hamed Skalli, associé dirigeant de CFG Bank. Mais en plus d'un contexte pas très favorable pour les introductions en bourse, les professionnels du secteur se heurtent également à des contraintes plus importantes notamment sur le plan culturel. Il ne s'agit pas de freins réglementaires plus qu'ils sont culturels. Les Marocains n'ont toujours pas cette fibre d'aller investir en bourse pour plusieurs raisons : traçabilité, transparence, manque de confiance... Et pourtant, les performances réalisées par les entreprises ayant franchi le pas de l'introduction en bourse, notamment Label'Vie, Dari Couspate, HPS..., démontrent que les entreprises ont plus à gagner qu'à perdre. « La Bourse sert également à faire grandir les entreprises en leur facilitant l'accès au financement. C'est de cette manière qu'elle doit être perçue par les entreprises », a tenu à préciser Younes Benjelloun, Administrateur, Directeur Général de CFG Bank. Encore faut-il inculquer la culture d'investir en bourse et de lever les barrières culturelles et réglementaires qui n'incitent pas les entreprises à franchir le pas. L'entrée en vigueur d'un nouveau règlement général de la Bourse d'ici la fin de 2019 permettra-t-elle de drainer davantage d'investisseurs ? Oui d'après le Top management de CFG Bank dans la mesure où cela permettra à de petites entreprises d'être cotées sur le marché alternatif. « Sur le marché marocain, entre la capacité d'investissement des institutions et ce qui est opérationnel sur le marché, il y a un grand décalage. C'est très disproportionnel. La raison : il existe très peu d'alternatives de financement sur la Bourse Casablanca. Ce nouveau règlement général va élargir et compléter la palette d'investissement. Ce qui se traduira par l'introduction en bourse de PME. Mieux encore, le nouveau règlement va permettre aux investisseurs de sortir des sentiers battus et d'aller vers les Small caps plutôt que les gros caps », a expliqué Bachir Tazi, Directeur de CFG Bank Capital Markets. Et d'ajouter que « les investisseurs institutionnels, en contact avec CFG, sont aujourd'hui dans un grand dilemme. L'argent est là et doit être investi mais malheureusement il n'y a pas beaucoup de débouchés ». Mais la réglementation à elle seule ne suffit pas. « Ce n'est pas uniquement une question de réglementation et de barrières. Mais de mentalités qu'il faudra changer. La Bourse est un moyen de grandir et de se financer avec en contrepartie de la transparence », rappelle à son tour Younes Benjelloun. Un effort de sensibilisation et d'éducation financière est donc impératif pour accompagner le volet réglementaire et dynamiser le marché boursier marocain.