Le Conseil de la Banque centrale et le débat qui s'en suit sont une occasion de prendre le pouls de notre secteur financier et par ricochet de l'économie du pays. L'opportunité également pour le Wali de BAM de rappeler certains fondamentaux, rectifier certaines idées reçues, corriger des informations erronées qui trouvent un large écho dans une certaine presse... En voici quelques extraits. Du besoin en devises exprimé chez les importateurs ? D'emblée, Abdellatif Jouahri, le gouverneur de la Banque centrale a tenu à rappeler que depuis 15 mois le Maroc est sous un régime de change flexible. Durant cette période, le marché interbancaire des devises s'auto-suffit et fonctionne d'une manière parfaite. L'échange entre les banques augmente de mois en mois à telle enseigne que ces dernières ne se sont plus adressées à BAM depuis mars 2018. C'est pour dire qu'elles ont les devises nécessaires pour répondre aux besoins de la clientèle (Particuliers et corporate). Donc s'il avait eu un quelconque besoin excessif en devises exprimé chez les importateurs, les banques l'auraient exprimé auprès de la Banque Centrale, tranche A. Jouahri. Quels sont concrètement les prérequis pour passer à la deuxième phase de la flexibilité du DH ? A ce titre, le Wali de BAM rappelle la visite, au mois de novembre dernier, d'une mission du FMI qui estime que le Maroc pourrait passer à la deuxième phase. BAM ne partage pas ce point de vue estimant que le passage ne se fera que lorsque les conditions requises seront réunies. A. Jouahri saisit l'occasion pour réitérer que, contrairement aux idées reçues, le Maroc n'est pas sous le diktat du FMI. Une nouvelle mission du FMI est aujourd'hui au Maroc et pose la même question. Pour la Banque Centrale, les prérequis (réserves de change, la soutenabilité budgétaire, la résilience des banques..) sont certes là, mais la Banque centrale veut s'assurer que les opérateurs économiques aussi bien les grands que les petits et moyens notamment les exportateurs et importateurs ont véritablement assimilé la réforme et ont pris les mesures nécessaires pour utiliser l'ensemble des outils mis à leur disposition. « J'attends la réunion du 18 avril avec la CGEM et le GPBM pour évaluer les appréciations des opérateurs », dixit A. Jouahri. La réforme du change flexible a pour objectifs de résorber les chocs exogènes et de soutenir la politique de compétitivité du gouvernement et des opérateurs marocains. En plus des prérequis qui sont permanents, il existe d'autres éléments sur lesquels, il faut également insister tels que la maitrise, l'assimilation des outils mis en place pour éviter les aberrations et partir sur de bonnes bases... En l'absence d'un choc exogène pouvons-nous nous réjouir du bilan ? Début 2018, les prix de pétrole ont commencé à grimper dépassant le seuil de 71 dollars, que le régulateur a commencé à appréhender un éventuel choc à venir. Preuve en est : on termine l'année 2018 avec une facture pétrolière se stabilisant à 82 Mds de DH. « Supposons que cette tendance soit perpétuée ou même accentuée, là on se posera la question s'il ne s'agit pas d'un choc qui va impacter les réserves de change, le compte courant... S'il s'agit d'un choc qui baissera les réserves à un niveau jugé critique, alors peut-être qu'il faudra accélérer la réforme. Mais du moment que le choc ne s'est pas confirmé et que les réserves ont terminé l'année couvrant l'équivalent de 5 mois d'importations de biens et services dès lors l'accélération de la réforme ne s'impose pas ». Comment BAM dynamise-t-elle le crédit ? « Ce n'est pas avec un tel niveau de croissance économique que nous pouvons régler nos problèmes », déplore A. Jouahri. Mais la Banque Centrale essaie tout de même de faire le maximum. D'abord en acceptant de prendre dans son portefeuille les effets des PME. La banque centrale a même indiqué qu'elle va établir un programme spécifique aux PME notamment dans l'industrie et l'exportation en leur allouant 30% des liquidités disponibles sur le marché monétaire. La Banque Centrale est allée même plus loin en affirmant sa disponibilité à favoriser les banques qui sont dynamiques en matière d'octroi de crédits d'une façon globale voire même rémunérer la réserve monétaire des banques participant à l'augmentation de crédits. Cela sans parler des outils tels que le fonds de soutien à la TPE, de l'Observatoire de la TPME et sans oublier la stratégie nationale d'inclusion financière mise en place dont l'un des piliers est la TPE. C'est dire que BAM travaille sur plusieurs fronts tout en créant un espace de débat et de concertations par le biais des réunions tripartites (BAM, CGEM, GPBM) qui planchent sur les pistes d'amélioration de la situation économique du pays sachant qu'elle reste très dépendante des aléas climatiques. Le but aujourd'hui est de développer l'économie marchande tout en améliorant sa résilience aux conditions climatiques. Qu'est ce qui justifie les Sorties du Trésor à l'international ? Parmi les annonces faites par le gouverneur de la Banque centrale, celle de deux sorties du trésor à l'international prévues en 2019 et 2020 pour un montant de 11 milliards de DH chacune (Soit un total de 22 Mds de DH), alors qu'il était question en 2018 de lever uniquement 11 milliards de DH. La décision de ces sorties confirmées par le ministère des Finances découle du fait que les dons des pays du Golfe ont baissé passant de 7 Mds de DH prévus dans la Loi de Finances 2018 à 2 Mds de DH seulement en 2019 alors que BAM tablait sur 4,8 Mds de DH. Ces contraintes ont fait que le ministère des Finances a étudié les différentes pistes de financement aussi bien sur le marché intérieur qu'extérieur et a tranché en fonction des taux et de la durée. Les pannes informatiques des banques En réponse à ce point, le Wali de Bank Al-Maghrib a rappelé que les banques sont dans l'obligation de les déclarer à la Banque centrale le plus rapidement possible. En effet, dès qu'il y a une panne ou n'importe quel autre type d'incident qui peut porter préjudice, l'établissement bancaire doit en informer la Banque Centrale, en tant que régulateur. Le lundi 18 mars, le régulateur a rappelé à l'ordre une banque qui a eu des incidents qu'elle n'a pas remontés à la Banque centrale. Pour le cas de BMCI qui a eu une panne informatique, A. Jouahri a d'abord précisé que l'incident a été réglé dans quelques heures et que la banque a pris les dispositions nécessaires pour s'assurer que les opérations vis-à-vis de la clientèle soient exécutées. L'incident peut avoir lieu mais il faut que le régulateur en soit informé pour qu'il suive ce qui a été apporté comme solution et pour qu'il s'assure que le préjudice n'est pas aussi important. LIRE EGALEMENT BAM : LE TAUX DIRECTEUR MAINTENU À 2,25%