Dans les prochaines années, le Maroc fera face à une demande d'emplois décents liée à sa transition démographique et aux mutations sociétales. A quelques mois des prochaines Assises sur l'emploi, l'heure est à l'évaluation des précédents plans. Le taux de chômage a baissé de 10,6 % à 10 % au troisième trimestre de 2018, par rapport à la même période en 2017, a affirmé, mardi à Rabat, le ministre de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle, Mohamed Yatim. En réponse à une question orale sur « l'augmentation du taux de chômage» à la Chambre des conseillers, M. Yatim a expliqué que le volume global d'emplois a augmenté de 122.000 postes, soulignant que les postes d'emploi rémunérés représentent 85%. En effet, même si nous prenons pour argent comptant cette amélioration dont se réjouit le ministre, le Maroc est appelé à déployer davantage d'efforts pour faire baisser le taux de chômage à des seuils jugés soutenables. Bon an, mal an, le Maroc connait depuis une décennie une croissance économique faiblement créatrice d'emplois. Chômage élevé des jeunes, sous-emploi et chômage de longue durée, travail précaire et peu productif... sont les principales caractéristiques de l'emploi au Maroc. Le constat est donc sans appel ! Dans les prochaines années, le Maroc fera face à une demande d'emplois décents liée à sa transition démographique et aux mutations sociétales. Autrement dit, un nombre important de jeunes qualifiés viendra sur le marché du travail. Gare aux erreurs passées ! C'est dans ce sillage que s'inscrit l'organisation prochaine des Assises sur l'emploi. Son principal leitmotiv est de formuler des résolutions pratiques et des solutions nouvelles, de lancer des initiatives et de définir une feuille de route bien orientée pour la promotion de l'emploi. Et surtout ne pas refaire les mêmes erreurs des dernières Assises sur l'emploi tenues en 2005. En guise de rappel, les dispositions issues des premières Assises ont porté en l'occurrence sur l'encouragement de la création des PME, des TPE fortement créatrices d'emplois. De telles dispositions ont été introduites progressivement dans les Lois de Finances, mais au demeurant sans un réel impact sur l'amélioration de l'emploi. L'occasion est donc de s'interroger sur les causes de l'échec. Avant la tenue des prochaines assises, il serait également judicieux d'évaluer la Stratégie nationale d'emploi (SNE) mise en place en 2015. La SNE se donne comme objectif central pour la période 2015-2025, de promouvoir l'emploi décent à travers une croissance riche en emplois productifs et de qualité. Faisant le bilan d'étape de la SNE, les analystes du Centre marocain de conjoncture annoncent qu'il reste peu convaincant au regard des chiffres en termes de création d'emplois ces dernières années dont la moyenne ne dépasse les 50.000 emplois nets par an. Il a ainsi été décidé en avril 2018, le lancement du Pacte national de Promotion de l'Emploi baptisé « Moumk'In ». Ce plan vise la mise en place d'outils et de dispositifs à destination des chercheurs d'emplois, mais aussi à créer un changement de mentalités et de comportements dans la société, pour pouvoir relever le défi de l'emploi. Les années passent, les stratégies changent d'appellation... mais le résultat est quasiment le même : un taux de chômage élevé par rapport à des pays à développement comparable. Il ne reste qu'à espérer que les prochaines Assises sur l'emploi seraient concluantes.