L'évolution de la monnaie nationale dans les bandes de fluctuations actuelles, aujourd'hui étroites plus ou moins 2,5%, ne permet pas de tirer pleinement profit des avantages du régime de change flexible. Pour quand la prochaine étape ? Le Dirham s'est déprécié de 0,62% par rapport à l'euro et de 0,41% vis-à-vis du dollar au cours de la période allant du 27 décembre 2018 au 2 janvier 2019. En effet, depuis le lancement de la 1ère étape de la transition vers un régime de change plus flexible, avec l'élargissement de la bande de fluctuation du Dirham à partir de 15 janvier 2018 à plus ou moins 2,5% contre plus ou moins 0,3% auparavant, le Dirham s'est comporté de manière correcte. Le panier de devises étant composé de l'euro et du dollar américain à hauteur respectivement de 60% et de 40%. Cela fait pratiquement un an que la banque centrale intervient à travers l'achat et la vente de devises par voie d'adjudication, permettant ainsi le développement du marché interbancaire. Après cette première étape d'élargissement des bandes de fluctuations, il serait question de passage vers un régime de flottement géré à long terme, qui exige de la Banque centrale un rôle important pour le lissage des fluctuations du taux de change. A rappeler qu'à la veille de l'instauration d'un régime de change flexible, les débats furent intenses. Entre les partisans d'un régime souple et ses détracteurs, le citoyen lambda était perdu. Les premiers affirment qu'il est bien adapté pour amortir les chocs exogènes au moment où les seconds le rejettent en bloc. Et pour cause, des fondamentaux économiques pas assez solides. Dans un article publié par Ocp Policy intitulé « Rôle du régime de change flexible dans l'ajustement macroéconomique : cas du Maroc » de son auteur Abdelaaziz Aït Ali, il ressort que les études empiriques effectuées dans ce sens confirment que les régimes de changes flexibles permettent un ajustement de l'économie à des coûts moindres, comparés aux régimes fixes. Toutefois, la conclusion de ce travail ne fait pas l'unanimité parmi les économistes, et les résultats des travaux de recherche demeurent sensibles à l'échantillon et la période étudiés. Prochaine étape : lentement mais sûrement... Pour le cas du Maroc, cette première étape n'est bien entendu que le prélude d'un processus inscrit dans le long terme pour doter l'économie marocaine d'un instrument de gestion macroéconomique à même de désamorcer les chocs externes. Toutefois, comme expliqué par l'auteur, les bandes de fluctuations actuelles demeurent étroites ne permettant pas de tirer pleinement profit des avantages du régime de change flexible. Mais a priori les pouvoirs publics préfèrent prendre le temps qu'il faut et ne pas agir dans la précipitation. « Le Maroc peut, toutefois, se réjouir de sa capacité à planifier une réforme économique aussi importante de manière progressive qui permettra aux agents de se familiariser avec les fluctuations du taux de change et les instruments de couverture de risque à terme », explique A. Aït Ali. D'après son analyse, en l'absence de choc majeur, le Maroc peut envisager un passage en douceur sur les dix années qui viennent vers un régime de flottement géré, qui préservera à la banque centrale un rôle important sur le marché de change en cas de pression significative à la hausse ou à la baisse sur la valeur du Dirham. Pour quels risques ? Il ne faut surtout pas perdre de vie que la transition vers un régime de flottement géré n'est pas exempte de risques. Nous pouvons citer à cet effet, les fluctuations des cours des matières premières qui peuvent exercer la pression sur les réserves de change ou bien encore une réduction substantielle des IDE. En ce qui concerne les capitaux de court terme, qui surviennent souvent pour les pays émergents, ceux-ci ne constituent pas un principal écueil pour le Maroc. « Historiquement, ces flux sont restés négligeables, en raison de l'étroitesse du marché des capitaux et sa faible liquidité dans ses compartiments action et dette privée, qui protègent ainsi l'économie nationale des arbitrages des investisseurs entre les taux de rendement domestique et étranger », tient à rappeler A. Aït Ali. Lire également : REGIME DE CHANGE : L'ACCALMIE N'EMPÊCHE PAS DE SE COUVRIR