Exporter, importer, investir… Quand on intervient sur les marchés internationaux, les règlements se font généralement en devise locale ou en dollar. Une réalité qui expose inévitablement les entreprises, grandes, moyennes ou petites, au risque de change. C'est la raison pour laquelle la transition vers le régime de change flexible suscite des craintes chez les opérateurs, surtout ceux dont l'activité dépend des marchés extérieurs. «Le risque de change économique est le risque que les fluctuations non maitrisées du taux de change affectent, d'une façon défavorable, les cash flows futurs de long terme et par conséquent, la valeur de l'entreprise», précise Youssef Naguib, responsable desk commercial de BMCE Capital. Concrètement, le risque de change peut se caractériser par une dévaluation du montant facturé. En effet, les opérations à l'international, importations et/ou exportations, sont dans la majorité des cas associées à des délais de paiement. Ces délais de paiement représentent un laps de temps pendant lequel les fluctuations de change peuvent affecter de manière plus ou moins prononcée la valeur des factures, une fois converties en monnaie nationale. Aussi, une variation des taux de change de la monnaie nationale par rapport à une monnaie étrangère peut affecter la compétitivité des produits en les rendant plus chers sur les marchés internationaux selon la variation du taux de change que cela engendre. Le risque de change peut donc avoir un impact direct sur les marges commerciales et réduire la rentabilité des opérations commerciales à l'international. Si l'on s'accorde à dire que les conditions sont réunies pour réussir le passage vers la flexibilité du dirham, l'impact du nouveau régime sur les entreprises, qui opèrent à l'international, demeure incertain sur une longue période. À court terme, tout dépendra de l'évolution du dirham au sein de la nouvelle bande de fluctuation. Des avantages aussi Toutefois, le régime de change flexible présente plusieurs avantages. En particulier, ce système permet un ajustement plus rapide aux chocs externes puisque ce dernier est constant. Par ailleurs, les politiques monétaire et fiscale des pays peuvent être plus flexibles et les Banques Centrales n'ont plus besoin de conserver des réserves importantes de devises pour défendre le cours de la monnaie. «Le régime de change flexible est avant tout un régime intermédiaire entre les deux régimes fixe et flottant. Il permet donc de combiner les avantages et les inconvénients de chacun et tout particulièrement, de libérer le taux de change de la monnaie locale tout en maitrisant les marges de fluctuations», nous explique Soukaina Achour, économiste. Au niveau des entreprises qui dépendent des marchés extérieurs, «le fait que le dirham fluctue dans une bande de 5%, soit la largeur prévue dans le régime flexible, ne va aucunement pénaliser les industriels. Au contraire, les marges devraient augmenter suite à la baisse attendue du coût du travail et de l'énergie en cas de baisse de la valeur du dirham», nous déclare Ahmed Dinar, professeur universitaire spécialiste du commerce international. Un avis partagé par les responsables des salles de marchés, ceux-là même qui suivent en temps réel l'évolution des cours et des taux sur les marchés internationaux. Appel à la vigilance ! Face au défi du marché de change, il existe des techniques, des outils et instruments qui permettent aux entreprises et acteurs de ce marché d'atténuer les conséquences des variations des taux de change. Ces techniques consistent à réduire ou à annuler le risqué lié aux positions de change par le biais de méthodes internes au sein des entreprises ou externes en transférant la gestion du risque de change à des organismes financiers ou bancaires. En effet, la gestion du risque de change implique l'élaboration d'une stratégie et une politique monétaire. Enfin, devenir un exportateur/importateur net, c'est à dire avoir un excédent de balance commerciale, est la seule voie possible pour rester maître de sa monnaie.