Ecrit par la Rédaction | Au moment où les projecteurs sont braqués sur le spectre de l'inflation avec pour toile de fond la hausse fulgurante du prix de l'énergie, un autre pan de l'économie souffre en silence. Il s'agit du marché du travail censé garantir la dignité et la sécurité dans un monde en perpétuelle mutation. En guise de rappel, bien avant la pandémie liée au Covid-19, le marché du travail traîne plusieurs dysfonctionnements à telle enseigne que les mesures prises et les efforts déployés restent sans résultats palpables. Avec la crise sanitaire, la situation du marché de travail s'est fortement détériorée. Des milliers de salariés ont perdu leurs subsides dans une menace qui a frappé plus durement les emplois précaires, notamment ceux des femmes qui constituent le groupe surreprésenté dans les branches les plus exposées à la vulnérabilité. Les actifs de l'informel ont été durement touchés, surtout qu'ils ne jouissent, majoritairement, d'aucun soutien dans l'exercice de leurs activités et ne bénéficient d'aucune protection sociale. Les répercussions sur le pouvoir d'achat et le bien-être des travailleurs, et plus généralement des ménages, ont été tragiques. Les entreprises n'ont pas échappé aux ravages d'extermination, particulièrement pour la catégorie des petites et moyennes entreprises. Si dans certains secteurs, les dégâts étaient moins importants à cause de la technologie ayant pu assurer la poursuite de l'activité, d'autres secteurs pour ne citer que le tourisme et les activités connexes ont été durement frappés. Comme l'ont si bien souligné les analystes du CMC, la crise a confirmé, de manière irréfutable, l'interdépendance qui lie l'économique au marché du travail, en faisant valoir, en guise de corollaire, l'urgence d'une relecture de cette liaison pour en faire une plate-forme de l'inclusivité et de la durabilité. Aujourd'hui, la crise ukrainienne risque de frapper encore plus fort l'économie dans sa globalité et bien entendu le marché de l'emploi ne peut être épargné. Les risques du contexte géopolitique font régner un manque de visibilité chez nombre d'opérateurs les dissuadant à recruter de nouveaux profils voire même à optimiser les charges salariales par le biais d'une réduction des effectifs. Ce contexte pourrait si rien n'est fait amplifier le chômage dont le taux oscille aux alentours de 12%. Souffrant de plusieurs facteurs structurels, l'emploi au Maroc est un nœud gordien que les équipes se succédant au pouvoir n'arrivent pas à dénouer. « Le pari, pris par le Maroc, d'adosser ses aspirations au développement à une revalorisation du marché du travail, souffre d'une double infortune : une croissance économique caractérisée par des taux annuels à faible palier et une corrélation peu significative avec la génération d'emplois », font remarquer les analystes du CMC. Le Nouveau modèle de développement (NMD) prône d'ailleurs en la matière une réhabilitation de l'école publique par une amélioration, significative, de la qualité des apprentissages et par l'instauration d'un système d'orientation efficient et à même de rehausser les chances de la réussite scolaire et du coup l'amélioration de l'employabilité notamment celle des jeunes diplômés. Le groupe de la Banque mondiale de son côté fait remarquer que l'exclusion, par le marché du travail, s'explique par le désabusement des jeunes et des femmes qui cessent de chercher activement un emploi, découragés, en cela, de ne pouvoir trouver des offres leur garantissant des revenus convenables dans une dignité protégée. À cet effet, les priorités suggérées conduisent à adopter quatre grands axes, dans la perspective d'une élaboration de programmes de génération d'emplois inclusifs. Il s'agit, en premier lieu, d'activer les réformes structurelles permettant de créer des emplois dans les secteurs à haute productivité. Il y est question de rectifier la déviance qui a fait passer le pays de l'agriculture aux services informels à valeur ajoutée réduite, au lieu de se diriger vers des emplois industriels productifs. Le second axe préconise de lutter contre l'informalité de l'économie, par l'assainissement de l'environnement des affaires et le développement des compétences stimulant les seuils de productivité. Dans un troisième axe, la recommandation vante la pertinence de l'intégration des femmes dans la population active ; ce qui serait de nature à réduire les disparités entre sexes, tout en instaurant les circonstances d'amélioration de l'investissement des ménages dans l'éducation et la santé. Enfin le dernier axe, quant à lui, conseille la mise en place d'un ensemble de mesures pour faciliter l'accompagnement des jeunes dans leur changement de statut d'étudiant pour accéder au marché du travail. Les mesures fortes seraient celles permettant d'assurer une formation professionnelle de qualité sur une grande échelle et une éducation de performance qui s'inspire des normes ou indicateurs internationaux.