Les principaux changements du passage des comptes nationaux de la base 2007 à la base 2014 ne sont pas exempts d'impacts sur les agrégats macroéconomiques. Détails. Les comptes nationaux du Maroc sont établis selon les prescrits du Système de la Comptabilité Nationale (SCN), une norme internationale préparée et publiée sous l'égide des Nations Unies, de la Commission européenne, de l'Organisation de coopération et de développement économiques, du Fond monétaire international et du Groupe de la Banque mondiale. En se référant aux SCN, les comptes nationaux marocains présentent une description cohérente, exhaustive et pertinente du fonctionnement de l'économie. Celle-ci a cependant vocation à connaitre des évolutions dans le temps. Le cadre conceptuel des comptes nationaux comme les nomenclatures utilisées pour présenter les résultats doivent donc évoluer pour s'adapter aux mutations de l'économie nationale. Pour rendre compte de ces changements, des révisions des comptes nationaux marocains sont effectuées à intervalles périodiques : il s'agit des changements d'années de base de ces comptes. C'est dans ce cadre que le Maroc a procédé à l'établissement d'une nouvelle année de base de ses comptes nationaux, en l'occurrence 2014, en se référant au SCN 2008. Cette note présente les principaux changements du passage des comptes nationaux de la base 2007 à la base 2014 et leurs impacts sur les agrégats macroéconomiques, suite au calcul des ratios et des agrégats relatifs à l'exercice 2014 en se référant aux deux bases. Le PIB est revu à la hausse de 8,2% En 2014, le produit intérieur brut (PIB) en valeur s'élève à 1 001,5 Mds de DH en base 2014, au lieu de 925,4 Mds de DH en base 2007. Il est donc revu à la hausse de 76,1 Mds de DH , soit 8,2% par rapport à la base précédente. Cette révision, est le résultat de la hausse de la valeur ajoutée de l'ensemble des branches d'activités de 79,8 Mds de DH (9,6% par rapport à l'ancienne base et la révision à la baisse des impôts sur les produits de 3,8 milliards de dirhams (-4% par rapport à la base 2007). Par secteur d'activité, la valeur ajoutée du secteur primaire (agriculture et pêche) a été de 103,7 Mds de DH en base 2014 au lieu de 107,9 Mds de DH dans la base 2007, soit une revue à la baisse de 3,9%. Par ailleurs, la valeur ajoutée du secteur secondaire (Industries extractives et de transformation, BTP et production et distribution de l'eau et de l'électricité) a atteint 258,5 Mds de DH au lieu de 245,1 Mds de DH en base 2007, soit une révision de +5,5%. En outre, la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services y compris le commerce) a atteint 548,3 milliards de DH au lieu de 477,7 Mds de DH enregistrant ainsi une revue à la hausse de 14,8%. Dans ces conditions, la configuration sectorielle du PIB montre une nette amélioration de la part du secteur tertiaire qui est passée de 51,6% à 54,8% du PIB, les activités secondaires ont affiché 25,8% du PIB au lieu de 26,5%, quant au secteur primaire, sa contribution au PIB est passée de 11,7% à 10,4%. Les dépenses de consommation finale des ménages revues à la hausse de 11,2% Les dépenses de consommation finales des ménages ont affiché une réévaluation à la hausse de 61,9 Mds de DH soit une augmentation de 11,2% par rapport à leur niveau dans la base 2007. La réévaluation de ces dépenses provient de l'utilisation d'une nouvelle enquête intitulée « la consommation et les dépenses des ménages » qui a fourni de nouvelles informations sur la structure et les niveaux de ces dépenses. Légère revue à la baisse de la FBCF Le niveau de la Formation Brute du Capital Fixe (FBCF) a été révisé de -5,7 Mds de DH, soit une baisse de 2,1 % par rapport au niveau enregistré dans l'ancienne base. L'analyse de la structure de la FBCF par produit montre que les services ont accusé la plus grande baisse avec (-7,3) Mds de DH (-18,5% par rapport à la base 2007), la FBCF en produits industriels a été légèrement revue à la baisse (-4,3%) alors que la FBCF en produits de construction a enregistré une révision à la hausse de 4%. Cette révision est imputée à l'exploitation des données issues des différentes sources d'informations notamment les enquêtes de structures. Quasi stabilité du solde des échanges extérieurs de biens et de services Sous l'effet conjugué de la révision des exportations de -18,7 Mds de de DH et des importations de -18 Mds de DH, le solde des échanges extérieurs de biens et de services de 2014 est resté pratiquement stable entre les deux bases (116,4 Mds de DH en base 2014 contre 115,7 Mds de DH en base 2007) La révision du niveau des exportations et des importations est due spécialement à l'utilisation de la 6ème version de la balance des paiements. La valeur ajoutée des sociétés non financières réévaluée à la hausse de 13,9% La valeur ajoutée (VA) totale est rehaussée de 79,8 Mds de DH soit 9,6% de plus par rapport aux comptes de l'ancienne base 2007. Par secteur institutionnel, les entreprises non financières ont vu leur VA, par rapport à l'ancienne base, augmenter de 13,9%. Ceci est dû à l'effort fournit dans l'amélioration de l'estimation des comptes de ce secteur à travers l'exploitation des nouvelles enquêtes de structures. Les ménages ont, de leur part, enregistré une hausse de la VA de 26,8 Mds de DH expliquée spécialement par le nouveau niveau des loyers fictifs tiré de l'enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages. Par ailleurs, les Administrations Publiques, les Sociétés Financières et les Institutions Sans But Lucratif au service des ménages (ISBLSM) ont vu leurs VA légèrement révisées à la hausse de 2,9 , 0,4 et 0,2 Mds de DH successivement. La rémunération des salariés révisée à la hausse de 14,7% La hausse du total des revenus distribués de 8,2% a profité spécialement à la rémunération des salariés qui a enregistré une hausse de 44,8 Mds de DH soit une réévaluation de 14,7% par rapport à l'ancienne base. Cette augmentation est captée par l'utilisation de nouvelles sources d'information à savoir les enquêtes de structures et celle sur le secteur informel ainsi que les statistiques de la caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS). D'autre part, l'excédent brut d'exploitation et le revenu mixte ont été révisés à la hausse de 37,2 Mds de DH (+7,2%) alors que les impôts nets reçus par les Administrations Publiques ont été revus à la baisse de près de 6 Mds de DH, soit une diminution de 5,7% par rapport à leur niveau dans l'ancienne base. Croissance économique Le passage à la nouvelle base 2014 a entrainé des réévaluations contrastées à la baisse des niveaux de la croissance économique en volume sur toute la période 2015-2019, à l'exception des années 2017 et 2019 pour lesquelles le taux de croissance a été revu légèrement à la hausse de 0,9 et 0,3 point respectivement. En total, la croissance annuelle moyenne du PIB en volume est réévaluée légèrement à la hausse de 0,1 point de pourcentage durant la période 2015-2019, passant de 3,1% en base 2007 à 3,2% en base 2014.