Ecrit par Lamiae Boumahrou | La gestion du Directeur général du CRI Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Jalal Benhayoun, est pointée du doigt par les investisseurs qui souhaitent s'installer dans la région. Une gestion qui va à l'encontre du principe de la réforme des CRI qui prône la simplification des procédures et l'accompagnement des investissements pour propulser l'investissement. Décryptage. Les nouveaux défis imposés par la pandémie, la mise en œuvre du nouveau modèle de développement et l'atteinte des défis socio-économiques majeurs que le Maroc s'est fixés requièrent non seulement des beaux discours, des lois et des engagements mais une mise en œuvre effective sur le terrain. Il faut mettre en place des fondements solides pour espérer relancer l'économie et enregistrer une croissance à la hauteur des défis. Plusieurs réformes ont été lancées dans ce sens afin d'améliorer le climat des affaires, donner un coup d'accélérateur à l'économie et instaurer un climat de confiance pour propulser l'investissement, principal moteur du développement. Parmi ces réformes celle relative aux centres régionaux d'investissement (CRI) qui a joui d'une attention particulière de SM Roi vu son importance dans la promotion de l'investissement. Une réforme qui est rentrée en vigueur depuis 2019 avec l'adoption de loi n° 47-18 portant réforme des centres régionaux d'investissement et création des commissions régionales unifiées d'investissement. Rappelons que la finalité de cette réforme est de contribuer à la mise en œuvre de la politique de l'Etat en matière de développement, d'incitation, de promotion et d'attraction des investissements à l'échelon régional et d'accompagnement global des entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises et les très petites entreprises. Les CRI sont tenus d'assister les investisseurs dans l'accomplissement des procédures et démarches administratives requises pour la création de leurs entreprises. Ils sont même tenus d'assurer le suivi des entreprises, en particulier les PME et les TPE et de les accompagner, à leur demande, durant leur cycle de vie, en leur apportant notamment conseil et assistance pour faire face à d'éventuelles difficultés. Un changement qui n'est pas encore perçu sur le terrain. Du moins pas au niveau de tous les CRI. C'est du moins le cas du CRI de la région Tanger-Tétouan- Al Hoceima qui suscite la grogne des investisseurs. Nous avons reçu plusieurs réclamations d'investisseurs (grands ainsi que PME-TPE) qui dénoncent des blocages administratifs qui vont à l'encontre des orientations royales. « Nous avons investi des millions de DH dans un projet pour accompagner l'essor de la ville de Tanger mais aussi de la région sauf que nous nous sommes heurtés à des blocages administratifs au niveau du CRI qui retardent l'aboutissement de notre projet », nous a confiés un important investisseur dans la région qui a souhaité garder l'anonymat. Mais que se passe-t-il réellement au CRI de la région TTA, le 2ème pôle économique du Royaume ? Le cas de cet investisseur est-il isolé ? Non d'après les impressions que nous avons recueillies. Plusieurs personnes que nous avons contactées ont pointé du doigt la gestion du directeur du CRI de la région TTA, Jalal Benhayoun, nommé en février 2021 (soit moins d'une année). Une gestion qui va à l'encontre de la finalité de la réforme prônée par SM le Roi à savoir faciliter la tâche aux investisseurs pour encourager l'investissement particulièrement en ces temps difficiles de crise sanitaire et économique. Contacté par nos soins, le président de la Confédération nationale des TPE et PME a déploré une politique qui n'est pas basée sur une approche participative. « Nous n'avons aucun contact avec le CRI de Tanger-Tétouan-Al Hoceima dont la gestion n'est pas basée sur une approche participative contrairement aux autres CRI pour ne citer que celui de Casablanca avec qui nous travaillons sur une plateforme d'accompagnement des TPE et PME. Nous sommes déjà à la 3ème réunion du comité de suivi », déplore le président de la Confédération des TPE PME. Il a également dénoncé un statu quo vis-à-vis des TPE et PME ainsi que l'absence totale d'une stratégie d'accompagnement dans le processus de création d'entreprise comme prévu par la loi. Autre frein et pas des moindres soulevé par El Fergui au niveau de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, celui du foncier. « Il y a une discrimination en matière d'octroi du foncier au niveau des diverses provinces de la région dont les TPE-PME ne bénéficient malheureusement pas », a-t-il précisé. Le président de la Confédération a également tenu à rappeler la nécessité de revoir l'attachement des CRI au ministère de l'Intérieur (soit aux Walis et gouverneurs) en préconisant une gestion plus indépendante de ses organes pour une gestion plus efficiente et pour une meilleure gouvernance. Cela dit et compte-tenu de la conjoncture actuelle, les CRI sont appelés plus que jamais à doubler d'effort et à œuvrer à la mise en application effective de la réforme engagée afin d'encourager davantage la création d'entreprise et stimuler l'investissement. Pour la région de Tanger-Tétouan Al-Hoceima, l'enjeu l'est encore plus vu le rôle qu'elle a joué dans le développement économique du pays. En effet, le CRI de la région TTA devrait revoir ses cartes pour être à la hauteur des attentes des investisseurs et des défis du 2ème poumon économique du pays. Surtout que la région s'apprête à achever un projet d'envergure à savoir la « cité Mohammed VI Tanger Tech » qui va attirer d'importants investisseurs notamment chinois. La balle est dans le champ du DG du CRI pour rectifier son approche. A bon entendeur !