Coup dur pour les nostalgiques des téléphones portables munis d'un clavier physique: depuis mardi, de nombreux modèles de BlackBerry ne sont plus fonctionnels, marquant la fin d'une ère de la téléphonie mobile. Le pionnier canadien des smartphones, dont l'appareil vedette fut un temps jugé si incontournable et addictif qu'il avait valu à ses utilisateurs le surnom de « crackberry », tourne la page. La marque canadienne a en effet décidé d'arrêter les mises à jour de son système d'exploitation OS dont sont équipés les appareils vendus jusqu'en 2013. « Les systèmes anciens pour BlackBerry 7.1 OS et les versions antérieures, le logiciel BlackBerry 10 ainsi que BlackBerry Playbook OS 2.1 et les versions antérieures ne seront plus disponibles après le 4 janvier 2022 », avait annoncé l'entreprise le mois dernier sur son site internet. Dorénavant, « les appareils utilisant ces services et logiciels anciens, via leur fournisseur ou leur connexion Wi-Fi, ne fonctionneront plus de manière fiable », a expliqué BlackBerry. Toutefois, les appareils utilisant le système d'exploitation Android de Google, notamment le BlackBerry KEY2 sorti en 2018 et conçu par le groupe chinois TCL, ne seront pas affectés par ces changements. Cette décision marque la fin d'une ère de la téléphonie mobile, qui a connu son apogée à la fin des années 2000, période à laquelle les BlackBerry ont rencontré un grand succès commercial, notamment auprès des professionnels. Le large clavier permettant d'envoyer facilement des courriels, en tapant avec deux pouces, ainsi que le style simple et épuré des appareils ont trouvé les faveurs de nombreux chefs d'entreprises, célébrités mais aussi d'hommes politiques. Accroc à son BlackBerry, l'ancien président américain Barack Obama avait ainsi tenu à le conserver à la Maison Blanche après son élection en 2008, contraignant sa garde rapprochée à lui confectionner un modèle sur mesure, réduit à des fonctionnalités de base pour préserver la sécurité de ses données. Les BlackBerry ont ensuite été supplantés par les smartphones à commencer par l'iPhone, arrivé sur le marché dès 2009. Les tentatives de relance se sont soldées par de relatifs échecs. Le partenariat avec TCL pour le KEY2, dernier modèle en date, n'a pas été renouvelé. « Pour les purs et durs c'est la fin d'une époque. BlackBerry a été le premier téléphone intelligent donc on peut dire que ce n'est pas seulement la fin d'un chapitre mais celui de tout un livre », estime Bruno Guglielminetti, spécialiste hightech basé à Montréal. « On parle souvent du monde du travail mais cela a révolutionné aussi la vie politique en profondeur. Cela a été le début de l'immédiateté qui préfigurait la suite, avec l'arrivée ensuite des réseaux sociaux », ajoute-t-il. Comme Nokia, jadis premier fabricant mondial de téléphones portables, Blackberry a été dépassé dans un secteur ultra-concurrentiel où il faut rapidement s'adapter mais tente depuis quelques années de se réinventer. Depuis 2013, l'entreprise, basée au sud de Toronto en Ontario et anciennement nommée Research in Motion, s'est reconvertie dans la fabrication de logiciels et dans les services aux entreprises – sécurité informatique et centralisation des données. Au troisième trimestre, terminé fin novembre, l'ancien chef de file du secteur technologique a dégagé un bénéfice net de 74 millions de dollars, près de dix fois moins qu'à son apogée en 2009.