L'attentisme et l'inquiétude dominaient lundi au Gabon à la veille de l'annonce des résultats officiel de la présidentielle, après que l'opposant Jean Ping s'est proclamé « élu » face au chef de l'Etat sortant, Ali Bongo Ondimba, dont le camp assure qu'il a remporté le scrutin. Après deux jours pendant lesquels Libreville avait un aspect de ville morte, avec des habitants cloîtrés chez eux, la capitale a retrouvé lundi une activité à peu près normale, même si certains commerces restaient fermés. Aucun dispositif particulier des forces de sécurité n'était visible dans la ville. Mais chacun retenait son souffle avant la journée fatidique de mardi, où les résultats officiels de la présidentielle à un tour de samedi doivent annoncés par le ministre l'Intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya, à partir de 17H00 (16H00 GMT). « C'est demain (mardi) que ça commence », assure Anatole, venu dans une supérette faire quelques emplettes – sac de riz, sardines en boîte – « au cas où ». Comme nombre de ses compatriotes, il craint que des troubles n'éclatent dès l'annonce des résultats, comme ce fut le cas lors de la précédente présidentielle, en 2009, après la mort d'Omar Bongo qui avait dirigé pendant 41 ans ce petit pays pétrolier d'Afrique centrale de 1,8 million d'habitants. Le processus « a manqué de transparence » selon les observateurs de l'UE Le processus électoral au Gabon « a manqué de transparence », a déclaré la chef de la mission des 73 observateurs de l'Union européenne (UE) lundi à Libreville, à la veille de la proclamation des résultats officiels de la présidentielle à un tour. « Je félicite les électeurs gabonais qui ont exprimé leur volonté démocratique dans un processus dont la gestion a manqué de transparence », a déclaré l'euro-députée bulgare Mariya Gabriel dans une déclaration lue devant la presse. « La mission déplore le manque de transparence des organes de gestion des élections omettant de mettre à la disposition des parties prenantes des informations essentielles telles que la liste électorale et la liste des centres de vote », critiquent les observateurs européens. Par ailleurs, la mission de l'UE a pointé un déséquilibre des moyens en faveur du président Ali Bongo Ondimba, candidat à sa réélection. « Avant le début officiel de la campagne, la mission a observé une confusion entre les activités de campagne et les fonctions officielles du candidat de la majorité qui a profité » d'une très large couverture médiatique, relèvent les observateurs européens. « Pendant la campagne officielle, l'accès aux médias a été fortement déséquilibré en faveur du président sortant », selon la mission de l'UE.